(Rumilly, cuisine, huit heures moins vingt du matin)
Parler du pyjama bleu.
Coup de téléphone de Paco, hier-soir, à 21h40. Mère sort aujourd'hui, à une heure. Pierrot et Simone sont venus hier à l'hôpital. Avec Nana à la maison, je n'ai plus le temps d'écrire dans ce journal.
Hier-soir, avant de partir de l'hôpital, j'ai lu la fin des Bonnes, de Renaud Camus, à Mère. Elle était couchée, la tête tout près de moi, dans un état de ravissement. « C'est merveilleux ! » (« Jeunes filles ! Jeunes filles ! »…)
Jeunes filles, jeunes filles, pourquoi nous avez-vous abandonnés ? La question mérite d'être posée, c'est le moins qu'on puisse dire !
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Mon petit texte (La Frénésie du synchrone) sur RC, sur le site de Jacqueline. Pas une seule réaction…
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« C'est pas important ! » Nana, dans la chambre 102. « Pépé, c'est pas important ! » Sylvain : « Vieillir, cela devrait être aller vers l'essentiel ! » Etc.
« Elle a quinze ans, c'te montre ! » (Dominique, tourné vers Nana, et donc tournant le dos à la malade…)
Important, pas important, essentiel, détails, intéressant, pas intéressant, futile, sérieux… Ils sont mono-référencés. Leur grille de lecture ne comporte qu'un seul trou, qu'une seule lucarne, qu'une seule case. Et tout ce qui n'est pas dans l'enfilade — les détails — est à proscrire vaillamment et définitivement. Organismes mono-cellulaires, ils n'admettent pas qu'un autre âge, une autre pensée, une irritation [sic] différente, puissent perturber leur sens unique, et viennent moduler le seul poil qui leur sert de terminaison nerveuse. Mais leur vieille mère, elle, ne vit désormais plus que de détails, de bifurcations imprévues, de culs de sac, de temps superposés.
L'autre jour, elle avait avancé les aiguilles du réveil…