mercredi 25 juin 2008

Ouin ouin ouin…

Après nous avoir expliqué que les questions du mal-parler ne lui semblaient pas du plus haut-intérêt, un blogueur musicolant qui passait parfois la tête dans notre bouge s'est dit vexé parce qu'on lui disait que, tout de même, censurer un commentaire de Georges au prétexte qu'il ne parlait pas "du plus haut intérêt qui soit" (les LIVRES ! les LIVRES ! ) était un rien énervant, surtout que le commentaire en question n'était ni agressif ni vexatoire, et qu'il faisait allusion à un billet du blogueur en question, ce qui est bien la moindre des choses pour un commentaire. Sur ce, le blogolian retire Georges de ses liens, pour le punir de lui avoir parlé avec franchise. (Je te l'avais bien dit, Georges, que tu finirais tout seul au fond d'un cachot !)Torniole !!!

Nous, chez Georges, on ne met pas de liens, sauf exception, quand il s'agit de blogueurs anti-blogueurs, et c'est bien la moindre des choses pour le blog de Georges, quand on en connaît la teneur. Lui, le blogartiste, il met des liens. Il fait ce qu'il veut, le blogueur délicat qui joue du Satie, à vrai dire, on s'en fout, mais alors on s'en fout. Et puis, à la vérité, Georges, sauf exception, il préfère qu'on ne lie pas. Il adore pas les liens, on va dire. Sauf quand c'est une poulette qui l'attache au radiateur.

L'autre, le Bon Blogueur, du haut de sa Grandeur aristocratique et artiste, il a puni vilain le méchant Georges. Depuis, on pleure, on pleure, mais alors qu'est-ce qu'on pleure, c'est pas croyable, on savait pas qu'on pouvait être malheureux comme ça. On a déjà mouillé le tapis, le clavier, le balcon, les draps, et cette après-midi on va aller mouiller la pelouse de nos chaudes larmes.

Ces blogueurs sont vraiment tous des cons. S'il savait à quel point ça nous fait plaisir d'être délié, l'autre alambic à charbon ! (Mais j'y pense : est-ce que Ginglose de la Tour nous a lié ??? Vrai problème, ça !)

AU FINALE, on n'est pas mécontent du 25 juin 2008. Que vienne demain !

Pour commencer (de rien)

Le rien, c'est le chien de la rime. C'est ce que nous apprenait Professeur Armand, à l'école du Lien. C'est une phrase qu'il répétait à l'envi, surtout après que son épouse Lisa était passée, sur le coup des trois heures, toute pomponnée, toute rose et souriante. Georges aimait beaucoup Madame Lisa. Madame Lisa aimait tout le monde, on aurait dit. Mais quand-même… C'est bien Georges qu'elle regardait avec ce sourire un peu étrange, étrangement gentil et pourtant étrange. Georges, quand elle lui souriait comme ça, il tournait la tête vers son copain de table et il faisait une bêtise. Quand elle était partie, ça sentait bon. Et toc, c'est là que Professeur Armand nous lâchait sa phrase qui ne voulait rien dire, avec un clin d'œil tout fier. À force, toute la classe la reprenait à la volée, ça faisait chorale. Un jour, par la fenêtre, on a vu Monsieur Tourte qui passait : il a fait un drôle d'air, et Professeur Armand est devenu tout rouge en faisant signe avec la main de nous taire vite fait, mais par en-dessous que l'autre le voit pas.

(…)

Cent onze


On savait bien que la vérité finirait par éclater !

mardi 24 juin 2008

Malentendus (4)

Les malentendus sont une chose essentielle et compliquée. On ne peut vivre sans, et on sait même qu'il vaut mieux ne pas essayer. D'un autre côté, trop c'est trop. Parfois l'on s'en amuse, parfois c'est la désolation qui l'emporte. Plus Georges fait de l'ironie, plus on le prend au sérieux. Il y a peu, il écrivait une petite note où il s'en prenait à Renaud Camus. À lire quelques commentaires, à en entendre d'autres, Georges se rend compte qu'à peu près personne n'a compris de quoi il parlait. Il ne va pas en faire une maladie, mais tout de même.

Le ton général du blog est pourtant clair, Georges n'aime pas la blogosphère, ni les blogueurs. Il a entrepris de leur parler, sans espoir d'être entendu, mais en faisant pourtant comme si c'était possible. Georges a toujours pensé que les coups les plus durs venaient de l'intérieur d'un système ; qu'il était plus efficace, même si beaucoup moins confortable, de critiquer un monde quand on en fait partie que lorsqu'on le regarde de loin. On peut s'absenter de la blogosphère tout en tenant un blog : c'est le pari de Georges. On peut singer les singes, et défaire ou déplacer dans la nuit les traits de la marelle à laquelle tous ces néo-humains jouent désormais, la bouche en cœur et la baïonnette à l'épaule.

Quand on disait ici "qu'il fallait dire" à autrui qu'il n'était pas (assez) cultivé, il fallait évidemment comprendre qu'il fallait le dire aux blogueurs, à cette population informe et spectrale qui opinionne à tour de blog, qui fait tourner ses grand bras mous au-dessus du Réel comme pour le protéger de lui-même et du terrible mal d'être vivant. Il n'est jamais venu à l'idée de celui qui se fait appeler Georges de dire à quiconque qu'il n'est pas cultivé, c'est évidemment grotesque, mais là, en ce cloaque sur lequel flottent quelques nénuphars égarés, je pense qu'il n'y a pas lieu de se gêner, en effet, et qu'il s'agit presque d'un devoir. Ce devoir répond à l'impératif des blogueurs de nous donner leur avis sur tout et sur rien ; se mettant à l'avantage sur cette scène-là, il est plus que normal qu'ils en aient, en retour, les (minuscules) inconvénients.

En conclusion, mon Cher Tanguy de Gentilly, je n'ai pas raison contre Renaud Camus, bien sûr que non, mais j'ai raison contre vous.

dimanche 22 juin 2008

Les Sympas parlent aux Sympas

Frédéric Martel, en procureur vétilleux du politiquement correct, note sur son blog la phrase suivante, qui se trouve "dans [le] triste opus [de Renaud Camus]" :

page 28 : "les Français d'ascendance française".

J'imagine que vous avez noté ce qu'a écrit l'infâme Renaud Camus, page 28 de son triste opus : les Français d'ascendance française !!! Je suis désolé, Monsieur le Procureur, mais c'est écrit, noir sur blanc ! (Noir sur blanc, encore une formule qui sent son colonialisme, ça…) "Les Français d'ascendance française", non mais vous vous rendez compte ??? Et c'est publié, par Fayard, en plus, une grande maison d'édition. On n'en revient pas, n'est-ce pas ! Y a-t-il des relecteurs, chez Fayard, on se le demande ! Des citoyens ? Des jeunes ? Des Humains ? On se prend à douter, Monsieur le Procureur ! Je vous le dis tout net, Monsieur le Procureur, si l'on peut, aujourd'hui, en France, en 2008, dans la Patrie des Droits de l'Homme, écrire que des Français ont eu (auraient eu) des ascendants français, alors, Monsieur le procureur, je vous le dis tout net, et je pèse mes mots, nous sommes au bord du gouffre ! Au bord de l'abîme, oui, parfaitement ! Moi, je me dévoue pour tirer la sonnette d'alarme (oh, remarquez bien que je n'ai pas de mérite, hein, je n'ai pas à me forcer), il faut faire des piqûres de rappel fréquentes, très fréquentes, aux Français, il faut absolument qu'ils revoient leur copie, qu'ils retoquent leurs opinions, leurs idées toutes faites pleines d'a priori reçus d'on ne sait où, peut-être bien de cette fameuse ascendance (hin hin hin) qu'ils voudraient s'inventer pour pouvoir discriminer, stigmatiser en rond, racismer à l'ombre de leurs platanes chrétiens ! Je me dévoue, disais-je, et qu'est-ce que je récolte ? Une fessée de Finkie ! Et une bonne, encore. Je vous assure, Monsieur le procureur, c'est d'ailleurs pour ça que je reste debout, il m'a pas raté, le salaud ! Enfin, moi j'ai la conscience tranquille, j'ai le nerf citoyen en paix ; même le cul en feu, je suis tranquille. Faudra pas venir nous reprocher, après, qu'on est resté inertes, nous les fonctionnaires de cet état immonde que l'Histoire jugera, plus tard. Je vous prie, Monsieur le Procureur, de bien noter tout ceci dans votre grand cahier. Je vous redonne la date : samedi 14 juin 2008, 8h58, juste avant Véro aux infos.


Frédéric Sympa Martel n'est pas gêné, en revanche, quand les Indigènes de la République parlent de la même chose que l'infâme Renaud Camus, en termes autrement crus, autrement dit, quand le vocable de souchiens fait surface, disqualifiant les mêmes que ceux qui ne peuvent exister, dans le petit monde tout bleu tout propre de Frédéric Martel, appelant à sa suite certaine image canine dont bien entendu il ne saurait être question, ni dans le In ni dans le Off de leur petit théâtre macabre, où tous les coups sont permis, à condition qu'ils viennent toujours du même côté.


PS. J'aurais dû intituler ce billet : "Page 28"

PPS. Sur le même sujet, un excellent article de notre ami Le Nouveau Réactionnaire

samedi 21 juin 2008

Malentendus (2)

Un jour, Georges écrivit ceci : « Une après-midi que je m'ennuyais, je me suis mis, pour me délasser, à réécrire Finnegans Wake, comme ça, d'un trait. J'ai fini avant le repas du soir. »

Il reçut ceci en réponse : « Je suis ébahi de ton jugement. », assorti d'un plaidoyer borgesien en faveur de Joyce…


Depuis, Georges n'ose plus écrire. Si même ses meilleurs amis ne comprennent pas ce qu'il écrit, alors que faire ? L'ambition de Georges est d'écrire le plus simplement du monde, pour que tout le monde puisse bien comprendre, et on le traite d'auteur difficile ? Il ferait du 44e degré renversable en spirale rétro-récurrente, sans le savoir ?

Dure est la vie d'un anti-blogueur !

vendredi 20 juin 2008

Malentendus (1)

Jamais les cultures n'ont été si éloignées les unes des autres. Elles ne dialoguent pas pour la simple raison qu'il n'y a plus de cultures ; elles sont le devenir tribal, ethnicisé, idéaliste, de la redéfinition démocratique du monde.
***
Si la littérature est soluble dans la démocratie, entraînant la dégénérescence de la culture en culturel, avons-nous d'autre choix que celui de nous absenter, de devenir des clandestins de la citoyenneté, des parias volontaires ?
***
« Comment, vous employez encore le mot de race ? C'est donc que vous êtes raciste ! » me dit en pâlissant ce très jeune écrivain.

Non seulement j'en use, ayant été élevé dans ce vocabulaire-là par des gens chez lesquels je n'ai jamais entendu nulle dévalorisation d'autrui quant à sa couleur de peau, mais je ne suis pas certain que les races n'aient pas besoin d'exister en tant que telles, ni que les autres races aient tant d'amour pour la nôtre qu'elles veuillent lui ressembler en s'y assimilant par le métissage. La différenciation est un plaisir incomparable et l'indifférenciation source de violence.


L'Opprobre, Richard Millet


samedi 14 juin 2008

Malentendus (3)

« — Vous dites la littérature morte, et cependant vous continuez à écrire et à publier !

— C'est maintenant que tout devient intéressant. Et puis, le fait de savoir qu'au-delà du ciel bleu il y a la nuit sidérale nous empêche-t-il d'accepter la loi primaire des saisons, la mesure humaine du temps et la perception poétique de la terre habitable ? »
L'Opprobre, Richard Millet

mardi 10 juin 2008

Ascèse barbare


"Le progrès et la barbarie sont si étroitement mêlés dans la culture de masse que seule une ascèse barbare à l’encontre de cette culture de masse et du progrès dans les moyens qu’elle met en œuvre permettrait de revenir à ce qu’il y avait avant la barbarie. "


Theodor Adorno, Minima moralia

Précis de bathmologie quotidienne

La bathmologie est la meilleure manière de montrer que deux "oui" peuvent être plus éloignés l'un de l'autre qu'un "oui" et un "non", ce qui, politiquement, aujourd'hui, devrait faire réfléchir nos chers amis les citoyens


+ Quand j'avais dix ans, le X avait un goût de X, parce que c'était du X. (1)

- Quand j'ai eu vingt ans, le X n'avait plus le goût du X, parce que ce n'était plus du X. (2)

+ Quand j'ai eu cinquante ans, le X a retrouvé (en certains cas) un goût de X, parce qu'on a ajouté un goût de X à ce qui n'était toujours pas du X . (3)


(Il va de soi qu'on pourrait appliquer cette séquence du goût et de la saveur à d'autres aliments que le X.)

Comme on le voit, la situation 1 est plus proche de la 2 (si l'on croit encore à la Réalité), bien qu'elle la contredise, et bien qu'elle soit facile à confondre avec la 3. En réalité, rien n'est plus éloigné de la proposition 3 que la proposition 1. Tout Cordicopolis est là, dans cette confusion des semblables qui ne sont que des simulacres. La réalité de mes vingt ans était frelatée, mais moins frelatée qu'une réalité qui frelate au carré, qui en repasse une couche. Une falsification (-) qui porte une pancarte, et une autre (+), ce qu'on appelle bêtement le virtuel, qui n'affiche pas la couleur, ou plutôt qui emprunte celles de la réalité qu'elle a vidé de sa substance. Plus ça ressemble, moins c'en est.

Les avaleurs de pilules d'aujourd'hui (les blogueurs, par exemple), les extatiques du Réseau, sont ceux qui aiment plus le 3 que le 1, ou qui l'aiment autant, ou qui pensent que tous les plus se valent. Ce sont eux, par exemple, qui parlent très fréquemment des "Trois Religions du Livre". Ce n'est qu'un exemple parmi mille. Ce sont eux aussi qui pensent que puisqu'on utilise le même mot, la chose reste la même (et même… qu'elle reste). Les avaleurs de pilules vous expliquent jusqu'à plus soif qu'il ne faut pas se braquer sur ce qui disparaît, puisque à la place, vient autre chose (sic). Ce sont encore les avaleurs de pilules qui pensent que puisqu'une chose est inéluctable, elle est forcément désirable. Ce sont eux, aussi, qui mélangent les catégories, les choses, les situations, les fonctions, les niveaux, les temporalités ; ils vous expliquent volontiers que tel "aliment" est bon pour ceci ou cela, qu'il contient telle vitamine, telle enzyme, tel oligo-aliment, etc. Ils ne savent pas, ou ils ne savent plus, que la nourriture ne sert pas à guérir, mais à se nourrir, et, pas du tout accessoirement, à faire plaisir, aux autres et à soi-même. Ils inventent des mots, par exemple "alicament", qu'ils trouvent super-intelligents, ils adorent inventer des mots, nos avaleurs de pilules, ils pensent que sans cette manie d'inventer des mots, la langue serait morte, pauvre, has been, etc.

Tout ça me fait penser à celui, sur un forum que je fréquente beaucoup, qui m'avait expliqué doctement que la bémol c'est la même chose que sol dièse. L'enharmonie est le lieu audible (et théorique) de la bathmologie à l'œuvre, dans l'art occidental. Et tout notre système harmonique est, bien sûr, basé sur le fait qu'un la bémol n'est pas égal à un sol dièse. La roue tourne rond, mais pas en rond.