mardi 20 juin 2023

Il se dit que si la porte était fermée, il aurait plus chaud [journal]

Ce qui coule, avec les larmes, ce sont les nerfs dissous par la pitié de soi. 

Si nous comprenions vraiment notre vie, le suicide aurait un prestige tel qu'il nous serait impossible d'y avoir recours. 

À chaque fois qu'une femme s'exprime, il faut observer le mouvement de ses seins pour savoir de quoi elle ne parlera sous aucun prétexte. 

» « Il se dit que si la porte était fermée, il aurait plus chaud. » «

C'est du silence des organes que sourd la musique de Gurdjieff — et elle revient à notre conscience en parcourant la surface de notre dos. 

Je ne m'aime pas mais j'ai pitié de moi. 

Je bois du thé vert.

Sur la table, devant moi, sont ouverts : La Vie sexuelle, de Freud ; Divagations, de Cioran ; Retour dans la neige, de Robert Walser ; Visions à New York, de Philippe Sollers ; Natacha, de Nabokov ; La Femme couchée par écrit, d'Alain Fleischer ; La Langue d'Anna, de Bernard Noël ; Venises, de Paul Morand ; le Dictionnaire des Citations françaises, de Pierre Oster, aux éditions du Robert ; le deuxième tome (Cir/Ery) du Grand Larousse de la langue française ; la partition des Drei kleine Stücke, pour violoncelle et piano, op. 11, d'Anton Webern ; Air To Water Heat Pump, User Manual ; Cahier de bouillons.



Oui, bonsoir Stéphanie, bon ben si j'suis là ce soir c'est pour essayer qu'on s'remette ensemble et tout et surtout ben j'voudrais que t'essaies de m'pardonner même si c'que j't'ai fait ben ç'a été très dur et tout. Depuis qu'on est séparés ben j'me suis un peu remis pas mal de sujets en question et euh je sais que pour toi Laura ce qu'elle représente et tout et euh j'veux dire je sais pas quel moyen pour que j'revienne dans ton cœur et pour qu'on ressaie de reconstruire quelque chose tous les deux, mais c'est vrai depuis maintenant trois mois que chacun on vit de notre côté ben c'est une histoire assez dure à vivre pour moi et euh, tout ce que tu me demanderais ben je serais capable de le faire. Maintenant, bon ben c'est à toi de choisir et j'te forcerai pas la main si tu décidais de me redonner une chance. C'que j'me rends compte que Laura a autant besoin d'son papa et d'sa maman et euh maintenant le projet que j'ai c'est Stéphanie c'est d'te d'mander en mariage et euh voilà de savoir si tu voudrais m'épouser. C't'un projet qu'on avait parlé et euh j'en ai beaucoup réfléchi et euh c'que j'serais heureux c'est qu'notre petite fille ben elle nous accompagne ben chacun une main dans la sienne et qu'elle voye que ses parents y sont heureux.



Pourquoi du piano, encore ? Ou même, plus simplement, pourquoi de la musique ? 

Nous avons sombré au même temps, tous les deux, lundi de la semaine dernière. 

Quand je vais très mal, j'aime écouter des accords majeurs. 



« Nous voici à aujourd'hui : les chevelures en saule pleureur, le pantalon à pattes d'éléphant dépassant sous le ciré, une robe taillée dans de vieux rideaux balayant la crotte, la sandale, le pied nu, le sac de couchage en bandoulière, le pèlerinage aux sources. C'est l'heure du laisser couler, du “couchons-nous ici, inutile d'aller plus loin”. »



Hauts et bas, mollusques et fontaines, arches et soupiraux, langue et dents, Bataille et Fontaine, clefs et couteaux, bananes et concombres. Il faut que j'aille faire des courses, je n'ai plus rien à manger. 

On peut dire qu'on aura été seul. Ça au moins, c'est réussi.