dimanche 29 novembre 2015

Comment je suis devenu un sale Français, blanc, hétéro et catholique


Oh et puis zut, vous ne le saurez pas. J'ai autre chose à foutre.

dimanche 22 novembre 2015

France


On prenait le volant, dans ces années-là (celles de ma jeunesse) — ou on croyait le prendre. On dirait bien que le volant nous revient en pleine figure, après un petit détour par Médine. « La France réelle moins la France imaginaire, c'est le camembert. » La métamorphose (ou sa force invisible) agit sans cesse, peut-être surtout dans les temps où nous la croyons endormie. Ce ne sont pas des voyous drogués au Captagon, qui ont massacré il y a quelques jours à Paris. Ce sont des soldats qui ont trouvé un volant. Le récit palpitant de notre pays les laisse complètement froids parce qu'ils ne font pas partie de ce pays-là. Ils sont donc allé chercher un véhicule ailleurs, comme il est tout à fait normal de le faire dans ces cas-là, parce qu'on ne se nourrit pas exclusivement de camembert et d'iPhone. Les éternels attardés de la politique voudront évidemment traiter le problème avec les cautères fabriqués dans les guerres précédentes, qui seront comme de juste inopérants. Qui est l'ennemi ? Voilà la seule question à laquelle il faudrait dans un premier temps s'atteler. Et pour comprendre quel est cet ennemi, il faut d'abord retrouver pour nous-mêmes la puissance imaginaire de la France. La France réellement réelle est complète ou n'est pas. 

samedi 21 novembre 2015

Kiss Kiss Bougie


La Bonne Image ou le crime d'excès


Le rideau de la méduse s'est déchiré. Oh, un peu, hein, n'allez tout de même pas croire qu'on a désormais une vue complète sur le paysage d'après la tempête. Mais enfin le progrès est sensible. Regardez sur cette photographie comme notre merveilleuse "touriste-blonde" en pleine extase festiviste prend la main que lui tend avec une mansuétude de pape la tendant au Lépreux le Musulman venu répandre la bonne parole. « Moi chuis là pour donner la bonne image de l'islam. » nous dit-il avec une candeur étonnante. Je vous le dis, mes amis, cette image restera dans les livres d'histoire comme le symbole indépassable d'une étrange période, celle où les Français ont accueilli avec gratitude ceux qui allaient les décapiter. C'est pas tous les jours qu'on voit ça. Mon Cher Musulman, tu ne donnes pas seulement "la bonne image" de l'islam, tu donnes aussi la bonne image, l'image exacte, précise, impitoyable, de notre civilisation, cette civilisation dont "les idées chrétiennes devenues folles" comme dirait Chesterton, ne sont même plus combattues par le catholicisme. Ce que vous voyez là pourrait s'appeler une image haute définition de la Décadence. Ou : La République interdite — par ses célibataires.

Saviez-vous que le groupe de rock du Bataclan était en train de chanter "Kiss The Devil", au moment où nos chers amis les djihadistes ont commencé à canarder, dans ce que tout le monde s'accorde à appeler "un concert" ?


L'image, oui, l'image. Tout est désormais dans l'image, à côté de l'image, derrière l'image, par-dessus l'image. Le faux et le vrai s'y mêlent en un ballet furieux, et il faut aiguiser sa vue, prendre une loupe, se frotter les yeux et s'astiquer le cristallin, c'est-à-dire encore et toujours nettoyer les mots qu'on emploie pour voir, pour entendre, pour comprendre. Car les mots trompent autant que les images, bien sûr. Georges de La Fuly avait décidé de ne plus écrire de billet politique, mais on ne peut pas échapper à ce qui se passe, et qui va peut-être nous emporter tous. L'histoire est de retour et ça va faire mal ; nous le disions depuis longtemps mais même quelques crétins confits commencent à le croire.

Tout est là, sous nos yeux, depuis des années et des années, tout est là, écrit noir sur blanc, montré, entendu, reproduit, repris, commenté, décrit par le menu, et pourtant on ne voit rien. Même aujourd'hui que le rideau est déchiré, la plupart s'obstinent à regarder ailleurs. Le rideau est déchiré et toute une armée de petites mains agiles le reprisent, le reconstruisent à l'identique, plus épais, plus solide encore qu'auparavant. Ceux d'en face n'en reviennent pas. Pour un peu ils seraient déçus. On savait l'occident mou, fragile, instable, perclus de rhumatismes et la vue basse, mais tout de même, on n'imaginait pas être fêtés et accueillis en libérateurs ! Les Raspail, les Powell, les Renan, les de Gaulle, les Lévi-Strauss, les Maurras, les Naipaul, les Flaubert, les Malraux, mais à quoi ça sert qu'ils se soient décarcassés à nous dire ce qu'ils voyaient, ce qu'ils avaient vu, vécu, lu, entendu et compris ? Pourquoi tant de mépris pour ceux qui voient ? Pourquoi tant de haine pour ceux qui alertent ? Pourquoi tant de hargne pour ceux qui sont courageux ? Pourquoi les aveugles sont-ils toujours aussi féroces avec les voyants ? Pourquoi les cul-de-jatte sont-ils si vindicatifs avec les sprinters ? Pourquoi les sourds sont-ils aussi brutaux avec les entendants ? Les faibles mordent les forts et les forts se laissent mordre avec une espèce de plaisir mauvais qui leur procure sans doute une haute image d'eux-mêmes, dans le miroir déformant d'une culpabilité complaisamment entretenue. « Le conquérant trop attentif à la foi du conquis est un conquérant qui ne dure guère. » Il n'y a pas de justice, dans la loi de la conquête, il n'y a qu'un soumis et un conquérant, un vainqueur et un vaincu, et nos conquérants l'ont instinctivement compris. « Nous venons de transgresser les justes bornes de la tolérance, du respect et de l'amitié. Nous venons de commettre le crime d'excès. Fasse le ciel que nous n'ayons pas à le payer avant peu » écrivait Maurras dans le même article du 13 juillet 1926. Et encore : « Mais, s’il y a un réveil de l’Islam, et je ne crois pas que l’on en puisse douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où tous les plus grands docteurs de la chrétienté enseignèrent contre l’Islam représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir. On pouvait accorder à l’Islam, chez lui, toutes les garanties et tous les respects. Bonaparte pouvait se déchausser dans la mosquée, et le maréchal Lyautey user des plus éloquentes figures pour affirmer la fraternité de tous les croyants : c’étaient choses lointaines, affaires d’Afrique ou d’Asie. Mais en France, chez les Protecteurs et chez les Vainqueurs, du simple point de vue politique, la construction officielle de la mosquée et surtout son inauguration en grande pompe républicaine, exprime quelque chose qui ressemble à une pénétration de notre pays et à sa prise de possession par nos sujets ou nos protégés. Ceux-ci la tiendront immanquablement pour un obscur aveu de faiblesse. Quelqu’un me disait hier : – Qui colonise désormais ? Qui est colonisé ? Eux ou nous ? » Un siècle après on se pose encore la question. Est-ce le pénétrant, ou le pénétré, qui a l'avantage ? On sait que pour l'islam toute mosquée est littéralement "terre d'islam", donc une avancée sur le sol de l'ennemi, prise territoriale. Une mosquée sert plus à marquer le territoire qu'à prier. Dar al-Islam ou Dar al-Harb, c'est l'un ou l'autre. Dans la théologie islamique et les interprétations légales, la finalité de l'islam est d'être porté au monde entier. Il ne peut exister de moyen terme. Ce qui n'est pas "terre d'islam", pour un musulman, n'est pas encore terre d'islam.

Les événements historiques viennent toujours de loin, et parfois de très loin, même si cela ne les empêche pas de prendre des visages tout à fait neufs et de posséder un moteur propre qui s'alimente aux sources contemporaines, toujours indiscernables, réversibles, amphibologiques, du conflit dans ce qu'il a d'éternel. La Grande mosquée de Paris, la première mosquée implantée en France, a presque un siècle, et, à ce moment-là, les colonisateurs étaient nos aïeux, qui pouvaient légitimement penser qu'ils devaient se montrer magnanimes et accueillants, en sus d'un appétit exotique et curieux qui ne s'appelait pas encore culturel. La mosquée était aussi grande que petite cette religion dans nos contrées ; l'un compensait l'autre. Depuis, le paysage et les mentalités ont complètement changé (c'est peu de le dire), et quand Alain Juppé veut fait construire à Bordeaux une immense mosquée, son geste a une portée immense qui le dépasse complètement. Voilà un "Kiss The Devil" que les générations suivantes ne pourront pas oublier.


Pour conclure provisoirement ce bref billet sur "la fin de la fin de l'histoire", je citerai le dernier paragraphe de la dernière chronique de Richard Millet : « Je pleure la mort des Français qui viennent de mourir dans cette guerre qui est donc avant tout civile, puisque la plupart des terroristes sont officiellement français. Qu’on me permette cependant de voir dans la rencontre entre les djihadistes et le groupe de sous-musique rock qui jouait ce soir-là, au Bataclan, un signe du nihilisme qui ronge l’Occident : les Eagles of Death Metal ont en quelque sorte justifié leur nom. » 

mercredi 4 novembre 2015

Souscription


Si vous voulez faire quelque chose pour ce blog, c'est le moment. Georges de La Fuly est en vente. Au moins son slogan : Plutôt mort que sympa, imprimé sur un T-Shirt, que vous pouvez vous procurer ici, au prix de 16 euros. Si nous en vendons 60 (au minimum), nous empochons les bénéfices. Sinon, ils iront dans la poche de Teezily. La souscription prend fin le 15 novembre prochain à minuit. 

Avec le T-shirt Georges de La Fuly, draguez les filles ! Résultats garantis. Avec le T-shirt Georges de La Fuly, vous êtes satisfaits ou remboursés. Avec le T-shirt Georges de La Fuly, faites tomber le gouvernement ! Avec le T-shirt Georges de La Fuly, ne passez plus jamais inaperçus ! Avec le T-shirt Georges de La Fuly, soyez enfin heureux ! 


dimanche 1 novembre 2015

Sous l'église (2)


Tout ceci pourrait être vrai. Tout cela également. C'est une guerre de variables et d'inconnues, et nous ne pouvons qu'observer, déduire et réagir, ce qui signifie que rien n'est assuré, jamais, ni les prémisses, ni les raisons, ni les conséquences, ni même les faits. Les raisons sont parfois aussi éloignées de la raison que la vertu de la virtuosité, mais il n'est bien sûr pas exclu non plus qu'elles en soient très proches. Tout ce qui est écrit est écrit, tout ce qui récit est récit, l'énonciation ne fait donc pas qu'énoncer — encore que j'aie tort d'écrire "donc" —, tout ce qui est écrit peut être effacé, et même barré, rayé, effacé, recouvert d'écrit, l'écrit peut avoir été lu, récité, il suffit d'une lecture, séparée d'un vécu sans coup de sonnette. « Driiing ! C'est moi, le réel, l'événement, la vie, l'imprévu, la nouvelle, ouvrez-moi la porte, faites place ! Je suis un corps, un paquet, une lettre, une femme, un passant, un facteur, une facture, une injonction, une menace, une insulte, une publicité, une annonce, un décès, une naissance, des bonbons, des fleurs, une balle. »

Tout peut arriver à chaque instant. À chaque seconde, votre vie peut "basculer". Cancer, infarctus, accident vasculaire cérébral, coup de foudre, diarrhée, bombardement, assassinat, torture gratuite, enlèvement, tête à claque, folie subite, déséquilibrage, chute, assomption. Gardons un œil sur lui, Capitaine, on ne sait jamais. Les voitures, dans ce "village", tombent du troisième étage. Elles sont prévues pour ça, rembourrées sur le devant. Au début ça surprend mais on s'y fait. 

La famille Giguet. Il y avait là au moins cinq générations. Et puis je retrouvais ma mobylette, qui avait été recyclée en objet d'art. Cheveux longs, filasses, visage émacié, blondeur suspecte. Ils viennent m'embrasser à tour de rôle. On se connaît. On se connaît ? Oui, souviens-toi ! Tout est vrai, là-dedans. C'est un coup de sonnette du passé. Les décès et les naissances, tout en même temps, comme amoncellement de futilités, en vrac, en désordre. Je sens bien qu'ils vont me lâcher leur paquet, je m'y attends, je suis au bord, toujours. Ah, Rumilly, Rumilly, cette ville où le rien prend le visage du tout. Basculons ensemble. Les noyers, au bord de la route, les vaches, les vélos. Le rugby. La rivière. La drague. On se roulait dans la boue. Variables, inconnues, secrets, histoires, chuchotements, messes, confessions, désirs. Le chemin de l'école, rouge et bleu. Coup de sonnette des gendarmes, durant le déjeuner. C'est votre fils qui a semé du bleu de méthylène et du rouge d'éosine dans toutes les flaques d'eau ? Heureusement, je m'envole. Ils ne m'attraperont pas. Je regarde d'en haut, mon père, les gendarmes, M. Kurt, et je me retrouve à l'église, en train de jouer de l'orgue. Ils sont assis en bas, je les assomme de plain-chant, à fond les tuyaux, j'arrache leurs couvre-chefs, ils n'en mènent pas large et je me laisse tomber à plat ventre sur le pédalier. Le curé me fait de grands signes, il va trépasser. Je bascule dans le Tout-est-vrai. Sur l'autel, je vois Martine qui ôte son pull noir. 

(…)