jeudi 22 octobre 2009

Les commentaires auxquels vous n'échapperez pas

On ne peut pas mourir, sur Lointernète. Les bits nous collent aux doigts comme le sperme aux poils. Pas près d'advenir, le linceul figuré en transe. Mes marionnettes décomposées se pourlèchent les mains qu'elles ont sales et maladroites, fatigués catcheurs de Monoprix, le saut du Blog en promo, derrière les produits halal.


Mais alors Collaudoigt il est chez vous maintenant ? Il a son couvert chez Georges le sparadrap ? Les petites allusions complices et tout ? Ah Pascal je vous en prie. Georges est gentil.


C.



Quel gentil petit club d'amis. A ce stade on sait que Georges est vraiment mort.

C.



Vous voilà bien englué dans votre petit Face Book privé. La colle sirupeuse en dégouline de partout. Vous n'oserez plus rien. Fermez les commentaires, vous n'avez plus rien à dire.


D.

Pascal, gentil

S, gentille
K, gentille
Angélique, amoureuse c'est hévident
Petite mauve, petite
Georges, mort


D.


Tout dans ce billet est méprisable.


D.

dimanche 11 octobre 2009

Journal d'une crise



Ces quatre derniers jours, deux séances sont consacrées à l'approfondissement de l'expérience du contrôle du pouce. Tandis que je concentre ma réflexion sur la situation telle qu'elle est apparue le 2 octobre, le rapport entre la courbure du pouce et la protubérance extérieure du pouce au niveau de sa deuxième articulation, devient pour moi une source de curiosité. Ce rapport fournit une "image" de contrôle et est mis à l'épreuve ce même soir. Les premières impressions sont favorables : l'articulation II du pouce positionnée vers l'extérieur semble contrebalancer, compléter et faciliter la flexion du pouce (dans la mesure où le phénomène est mis en corrélation avec la flexion des doigts — articulation II des doigts en position extérieure) et, pendant cette session, l'amélioration du contrôle est manifeste à beaucoup d'égards. Cependant, on remarque que cette position semble imposer un doigté "linéaire" et des limites à la rotation des mains, ce qui crée une excessive rigidité de la troisième articulation des mains.

jeudi 8 octobre 2009

L'Histoire avec

Mon histoire avec R. V. S. B. AS. L. A. M. A. l'A. S. A. T. C. E. C. M. A. A. A. C. M. F. C. I. C. E.

(Je n'y avais jamais pensé. Faire l'effort de se rappeler toutes les filles avec lesquelles on a eu une "aventure", une "histoire". Pas facile. Je suis certain d'en oublier quelques unes, mais peu importe. L'idée est de faire passer un fil entre tous ces noms, de les relier pour voir si cela raconte quelque chose. Je suis étonné de m'apercevoir que certains étaient enfouis très profond, qu'il m'a fallu du temps (et de la chance) pour en retrouver la trace. C'est le fil du temps qui se déroule, avec ses nœuds et ses fourches, un fil toujours prêt à rompre.)

Variations ? Rondo ? Forme sonate ? Passacaille ? Fugue ?

(Comment le savoir, avant le terme ? Est-on le sujet, (le) thème, ou (le) contre-sujet, (l')objet, a-t-on aux femmes un rapport ternaire, binaire, composé, irrationnel, harmonique, contrapuntique, inharmonique, diatonique, chromatique, tonal, modal ? Est-on en situation de relatif mineur, ou de dominante ? Quelle sorte de modulation choisit-on dans les moments de crise ? Existe-t-il une constante dans la manière de faire l'amour de (avec) ces femmes ? Dirige-t-on (est-on dirigé) avec une baguette, ou à mains nues ? Lesquelles étaient de la petite harmonie, lesquelles des cordes, lesquelles des cuivres, lesquelles des percussions ? Lesquelles jouaient faux ? Lesquelles sonnaient bien ? Quel était le mouvement général : allegro vivace, andantino, adagio, grave ? Les principales cadences étaient-elles parfaites, imparfaites, rompues, évitées, plagales ? Qu'ont-elles fait des notes étrangères ? Comment a-t-on ornementé ? Commençait-on les trilles par en-dessus, par en-dessous, par la note réelle ? Quel registre a-t-on privilégié ? Jouissaient-elles en voix de poitrine, en voix de tête ? Lesquelles utilisaient une sourdine ? Combien de points d'orgue, combien de points d'arrêt ? Avons-nous abusé du rubato ?)

Esprits et souffle

*
(Pour Bernard Lombart)

Esprits

῾ ᾿
Les esprits ne s'écrivent que sur une voyelle ou une diphtongue initiale ainsi que sur la consonne rhô (Ρ ρ). Leur nom signifie proprement « souffle » (du latin spiritus) et non « âme ». Ils indiquent la présence (esprit rude : ) ou non (esprit doux : ᾿) d'une consonne [h] devant la première voyelle du mot.
Leur placement est particulier :
  • au-dessus d'une lettre minuscule : ἁ, ἀ, ῥ, ῤ ;
  • à gauche d'une lettre capitale majuscule : Ἁ, Ἀ, Ῥ, ᾿Ρ ;
  • sur la seconde voyelle d'une diphtongue : αὑ, αὐ, Αὑ, Αὐ.
Tout mot à initiale vocalique ou débutant par un rhô doit porter un esprit. Un texte en capitales au long n'en portera cependant pas. Un iôta adscrit (voir plus bas) ne pouvant pas porter de diacritiques, il sera distingué de cette manière : Ἄιδης n'est donc pas composé de la diphtongue ᾰι, qui serait diacritée Αἵ- avec la majuscule, mais de la diphtongue à premier élément long ᾱι, qu'on pourrait aussi écrire ᾍ-.

Esprit rude

À l'origine, dans l'alphabet qu'utilisaient les Athéniens, le phonème [h] était rendu par la lettre êta (Η), qui a donné le H latin. Lors de la réforme de -403, c'est un modèle ionien qui a été normalisé (et imposé de fait au reste de la Grèce), modèle dans lequel la même lettre en était venue à noter un [ɛː] (è long), la lettre Η ayant été rendue disponible par son inutilité du fait de la psilose (disparition de l'aspiration) survenue en grec ionien. Ainsi, une fois le modèle ionien popularisé, il n'a plus été possible de noter le phonème [h] alors que celui-ci est resté prononcé dans certains dialectes, dont l'ionien-attique d'Athènes et, partant, la koinè, jusqu'à l'époque impériale.
Aristophane de Byzance, au iiie siècle av. J.-C., systématise l'utilisation d'un Η coupé en deux dont on trouve des attestations épigraphiques antérieures (en Grande-Grèce, à Tarente et Héraclée). Cette partie de Η donna Dasus.png, parfois L, caractère ensuite simplifié en ҅ dans les papyrus puis en ῾ à partir du xiie siècle, devenant le diacritique nommé πνεῦμα δασύ / pneũma dasú, « souffle rude ». Il ne faut pas perdre de vue qu'à cette époque le phonème /h/ avait déjà disparu du grec : l'invention et la perfection de ce diacritique en fait inutile est donc d'un archaïsme grammatical exceptionnel.
L'emploi de l'esprit rude comme diacritique, cependant, se limite aux initiales vocaliques et au rhô en début de mot ; il n'est donc pas possible d'indiquer facilement la présence de [h] à l'intérieur d'un mot ou devant une consonne : ὁδός se lit hodós(« route ») mais dans le composé σύνοδος súnodos (« réunion », qui donne synode en français), rien n'indique qu'il faut lire súnhodos. En grammaire grecque, on dit d'un mot débutant par [h] qu'il est δασύς dasús (« rude »).
Dans le dialecte ionien-attique, celui d'Athènes (qui a donné naissance, en devenant la koinè, au grec moderne), le phonème /r/ était toujours sourd à l'initiale : ῥόδον (« (la) rose ») se prononçait ['odon] et non ['rodon]. Pour noter ce phénomène, le rôle de l'esprit rude a été étendu : tout rhô initial doit donc le porter. Cela explique pourquoi les mots d'origine grecque débutant par un r passés en français s’écrivent toujours rh- : rhododendron, par exemple. Comme il existe des dialectes à psilose(disparition de l'aspiration ; c'est le cas de l’éolien de Sappho, par exemple), les éditions modernes de tels textes utilisent parfois l'esprit doux sur le rhô initial.

Esprit doux

Alors que l'esprit rude indique la présence d'un phonème, [h], l'esprit doux note l'absence d'un tel phonème : de fait, il n'a aucun rôle, si ce n'est de permettre une meilleure lecture ; en effet, puisque seules les voyelles initiales peuvent le porter, comme l'esprit rude, il indique clairement le début de certains mots. Dans les manuscrits médiévaux, souvent de lecture malaisée, il est évident qu'un tel signe joue un rôle somme toute non négligeable.
L'invention de l'esprit doux — ou πνεῦμα ψιλόν / pneũma psilón « souffle simple » — est aussi attribuée à Aristophane de Byzance. Il lui a cependant préexisté. Il s'agit simplement de l'inversion du rude : le demi-êta Psilon.png aboutit à ҆ puis ᾿.
Sauf dans les éditions françaises, lorsque deux rhô se suivent dans un même mot, il est possible de les écrire -ῤῥ-, comme dans πολύῤῥιζος / polúrrizdos (« qui a plusieurs racines »). Dans une édition française, le mot serait écrit πολύρριζος. Il s'agit d'une graphie étymologisante que l'on retrouve sous la forme -rrh- dans des mots français tels que catarrhe (du grec κατὰ / katà « de haut en bas » + ῥέω / rhéô « couler »).


**


(*) Esprit rude / Esprit doux (Eliot Carter)
(**) Voix instrumentalisée (Vinko Globokar)

dimanche 4 octobre 2009

Villanelle


Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois ;

Sous nos pieds égrenant les perles,
Que l'on voit au matin trembler,
Nous irons écouter les merles
Nous irons écouter les merles siffler.

Le printemps est, venu ma belle,
C'est le mois des amants béni,
Et l'oiseau, satinant son aile,
Dit des vers au rebord du nid.

Oh! viens, donc, sur ce banc de mousse
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce,
Et dis-moi de ta voix si douce : "Toujours".

Loin, bien loin, égarant nos courses,
Faisant fuir le lapin caché,
Et le daim au miroir des sources
Admirant son grand bois penché ;
Puis chez nous, tout heureux, tout aises,
En panier enlaçant nos doigts,
Revenons rapportant des fraises
Revenons rapportant des fraises des bois.


Je l'ai dit souvent, mais je considère que l'enregistrement d'Anne Sofie von Otter avec James Levine consacré aux Nuits d'été de Berlioz est l'une des plus grandes réussites de l'histoire du disque. Ce matin, sur France-Musique, la Tribune des critiques de disques était consacrée à cette œuvre. Six disques étaient en compétition, choisis par François Hudry. Le disque dont je parle — et qui a été choisi en définitive — ne figurait pas dans la sélection, en première instance ! Chapeau !


(Et merci à Raphaële de me l'avoir fait découvrir et aimer.)

jeudi 1 octobre 2009

Un petit mystère : Pierre Paul Jacques et la préciosité du temps


On a entendu parler, ces temps-ci, de Pierre Paul Jacques. On l'a même entendu parler (je veux dire qu'on a connu sa voix). Interviouvé par les frères Kagi, analysé par les cousines Strapontin, herméneutisé par Lamèche, croqué par Françon Mattois, on commence à avoir une petite idée du personnage. Si Marguerite Duras était encore des nôtres, nul doute qu'elle en parlerait dans Libé. Pierre Paul Jacques est ***, de profession. Comme tous les ***, il lui arrive d'écrire. Écrire quoi ? On s'en tape. Il écrit. Pierre Paul Jacques est de la Grande Bloge de France, et voyage en mobil-home. Il s'arrête dans votre communauté de communes, et vient frapper à votre porte. Quand je dis qu'il vient frapper à votre porte, on se comprend, car Pierre Paul Jacques est wifi, bien évidemment.

Georges est allé à la rencontre de Pierre Paul Jacques, qui lui a fait visiter sa salle de bains. Pierre Paul Jacques est très propre. Il a ça dans le sang, la propreté, comme d'autres ont des globules rouges ou du cholestérol. Vous vous demandez ce qu'on voit à gauche du montant oblique de la baignoire ? Il s'agit d'un instrument qui va sans doute révolutionner la Bloge. C'est une brosse-à-dents-stylo. En effet, Pierre Paul Jacques n'a pas que ça à foutre, on s'en doute. Ainsi, en même temps qu'il effectue la toilette intime de ses dents, il écrit. Tout est dans le mouvement de la main droite, et dans la souplesse du poignet. Il m'a fait une démonstration, et je dois reconnaître que c'est bluffant. En trois minutes, durée du brossage des dents, mais aussi de la cuisson de l'œuf à la coque, il a rédigé devant moi un billet pour sa bloge. Tout y était. Humour, précision, clins d'œil, développement politico-social de bon aloi, utilisation modérée mais efficace des MVA*, rhétorique souple et ductile, liens du vivrensemble et contre-plongées citoyennes.

Or Camping