vendredi 31 août 2012

Le Déménagement


Tout est dans les cartons. C'est loin la R*****. Mais finalement, loin de quoi ? Luna part avec moi, donc je ne suis loin de rien. Le piano me rejoindra plus tard, il a droit à un voyage à lui tout seul. Je laisse tous mes livres à Z, qu'elle les jette si ça lui chante. Je n'emporte que mes partitions. Et les cahiers de ma mère. Ce soir, je fais un feu. Toutes les photos de mes ex et les poils de ma barbe. La fin du jeu. À la rame, et que ça saute ! La France a vécu, elle n'avait qu'à saisir sa chance. 

Le mot de passe est : triangle

Du Tragique en société post-historique


« Il y a quelque chose de tragique chez Georges. »

« Un blog sans commentaires, c'est comme un koala sans catapulte : c'est mignon, mais ça sert à rien. »

« Les seuls visiteurs qui vont encore chez Georges, à part moi bien entendu, viennent pour les poils et pour voir s'il a rouvert les commentaires. »


En trois interventions, on a fait le tour de la question. Voilà, c'est exactement ça, la bloge. Champs d'épandage, comme dirait l'autre. 

Le pauvre "Fredi Maque", tragiquement dérangé et dépourvu de la plus petite trace d'humour, s'interroge gravement sur le tragique de Georges. (Celui-là est vraiment pathétique.) Le triste et fade imbécile de Jacques Etienne lâche sa vérité du jour, frappée au coin du bon sens le plus exaltant. La Trogne à pseudos accrochée à mes basques depuis des lustres qui a décidé de se faire remarquer par sa prose au 16e degré vient faire son petit numéro quotidien. Le théâtre est plein, ne manquent plus que les guest stars Dorham et Suzon pour qu'on puisse servir les apéros et se branler dans les rideaux. Et les journées passent, et les saisons… Quand ils seront dans leurs fauteuils roulants, à se faire donner le yaourt par l'aide-soignante malienne qui refusera de changer leur couche pisseuse pour la troisième fois de la journée, ils lui réclameront peut-être qu'elle "ouvre les commentaires" comme d'autres demandent à leurs amantes lasses qu'elles ouvrent les jambes. De toute manière, la tortionnaire en blouse blanche n'entendra pas, car elle aura des écouteurs plantés dans ses oreilles percées et sales. Ah ils peuvent bien se foutre de la gueule des soixante-huitards gâteux, tiens. 

Un grand merci à Didier Goux, qui souffle inlassablement sur les braises toujours ressuscitées de la bêtise. 

Début de roman


Il est six heures du matin. Depuis quelques semaines, une tente grise est plantée dans la rue, à l'angle du square déserté par les enfants depuis longtemps. Nous sommes à Nanterre, où les nuits arpentées de cris sauvages qui scandent le demi-sommeil d'habitants presque résignés, n'existent que par intermittence. D'ordinaire vers cinq heures du matin, après avoir hurlé et s'être battus toute la nuit, ils dorment ou en tout cas, ils se taisent. Mais grâce à cette tente, bénéficiant d'une autorisation spéciale de la Mairie, il n'y a plus d'aube non plus, car ils sont là, au pied de la tente, assis sur des chaises, à vociférer comme des bêtes dans une langue étrangère, débattant de je ne sais quel sujet dès les premières heures du jour. Par moment ils se lèvent, menaçants, furieux, prêt à bondir sur l'un d'entre eux, puis un autre calme en criant celui qui s'agite trop, et ça recommence…
Le commissariat, qui reçoit de plus en plus d'appels concernant le tapage qu'entraîne ce nouveau "refuge pour jeunes", invite vivement les habitants à écrire à la Mairie.

jeudi 30 août 2012

Rester au bord (boucle)


Suis allé lire le journal de Didier Goux, ce matin. Extraordinaire ennui, massif. Et dire qu'il y en a qui lisent ça chaque mois ! La bloge est déjà d'un ennui profond, étouffant, mais lui, Didier Goux, s'essaie à en exprimer le suc, et le pire est qu'il y parvient. C'est trop affreux pour qu'on ne ressente pas, durant un court laps de temps, une certaine forme de dépression. Le seul passage drôle est évidemment celui où il reconnaît que ses "commentateurs" l'emmerdent, et que très souvent il ne les lit pas. On va certainement avoir droit à des coups de pieds dans les tibias et à quelques crachats intéressants. Mais comme Didier Goux est un pervers, il va très bien se tirer d'affaire, comme d'habitude. Il sait d'ailleurs parfaitement ce qu'il fait en écrivant ce qu'il écrit. Si j'étais intelligent et si j'avais un peu de temps devant moi, j'écrirais sur ce système du "commentaire" de blog, qui est réellement une des choses les plus atroces qu'ait inventées la post-modernité malade. Apologie obligatoire et anti-littéraire du borborygme. De temps en temps, un passant ne respecte pas les règles du jeu, soit par ignorance pure (un qui n'est pas encore baptisé), soit pas volonté de voir ce qui va se passer. Immanquablement, à chaque fois, c'est la curée. Les poux furieux se jettent sur l'intrus et projètent sur lui leur acide virulent. Il n'y a pas d'exception, il s'agit d'observer à chaque fois une série plus ou moins longue de coups forcés. C'est à genre de machinerie qu'on voit la profondeur du gouffre. Rester au bord ? C'est peut-être impossible mais c'est ce que j'essaie de faire. 

Ma cafetière, un jour sur deux, fait couler le café en dehors du thermos. J'ai commandé les croquettes de Luna à ZooPlus. Il faut que je donne l'adresse à ma voisine. Il fait un peu frais ce matin. J'ai lu Machin Truc et aussi Truc Machin. Mais dans le désordre. Je crois que je préfère Machin Truc mais je n'en suis pas certain. J'ai gagné tant (en euros) et je trouve que je pourrais gagner plus, oui mais gagner plus veut dire travailler plus, c'est ennuyant. J'ai changé la batterie de la voiture, ça m'a coûté tant (en euros). Les produits pour la peinture sont hors de prix (à mon avis). J'ai lu deux blogs aujourd'hui, j'en lirai un seul demain. Il faut que je change le piano de place, mais le problème est de parvenir à le faire monter sur le tapis. X va sans doute m'appeler et je ne vais pas savoir quoi lui répondre. En revanche j'aimerais beaucoup que Z m'appelle. J'ai regardé Richard Millet à iTélé, je l'ai trouvé beau. Il faut que je me rase. Ce soir je ferai des aubergines farcies. Avec Y, nous avons écouté la chaconne de Bach-Busoni, partition en main, je me demande ce qu'elle y a compris. En écrivant ceci, j'écoute Don't Explain, par Helen Merrill avec l'orchestre de Gil Evans. Je me relis, et je me dis : cela est bon. Continuons, ne sortons pas du sillon. 

mercredi 29 août 2012

Mal-entendre 4

Orgasme (mal-entendre 3)


 (  )

(merci à Carlos Roque-Alsina)

Dialogue suffisant (mal-entendre 2)


Mon ex : « Il est prof de Lettres. »

Moi : « Wow, ça doit te changer ! »


mardi 28 août 2012

Mal-entendre



Ça n'arrête jamais. Le malentendu est à la fois la plaie des plaies et le mode de fonctionnement normal de l'intersubjectivité. L'anormal est d'entendre, de s'entendre, de comprendre, de se comprendre, et j'ajouterais même : d'écouter

J'ai rêvé d'un rêve. Lorsqu'on rêve d'un rêve (doit-on dire qu'on rêve d'un rêve, ou bien qu'on rêve un rêve ? (mais si l'on dit qu'on rêve un rêve, n'est-ce pas seulement rêver, ce qu'on fait, n'est-ce pas alors seulement un rêve de degré un ? (alors qu'à l'évidence il s'agit ici d'un rêve de niveau 2))), est-ce la négation du rêve, ou au contraire son assomption ?  Dans mon rêve, je tentais de raconter un rêve que j'avais fait quelque temps auparavant. Rien que cette dernière phrase est au-delà de mes facultés de compréhension. Car le rêve que je tentais d'expliquer à ceux qui peuplaient mon deuxième rêve, l'avais-je rêvé aussi ? N'était-il contenu que dans le deuxième rêve, ou bien avait-il eu un jour une existence intrinsèque, originelle, nouménale ? Pour le dire autrement, le second rêve avait-il donné naissance au premier (était-il en quelque sorte rétroactif?), ou en était-il la conséquence ? C'est une affaire "indémerdable", dirait un journaliste de Libération. Pour le savoir, il faudrait que je m'abstraie du rêve, mais comme le rêve n'a d'existence que rêvée, comme sans le sujet rêvant le rêve n'existe pas, s'abstraire d'un rêve ne peut avoir le moindre sens. C'est un peu comme l'oignon qui, voulant savoir qui il est, s'épluche. Quand il sait enfin ce qu'être oignon signifie, il a disparu. Sachant, il n'est plus en mesure de penser qu'il sait (c'est l'inverse du cogito cartésien : si je pense que je suis, c'est parce que je ne coïncide pas complètement avec qui je suis, mais dès lors que c'est le cas, il n'y a plus personne pour penser qu'il est). C'est un peu comme le blogueur qui se demande s'il blogue parce qu'il est blogueur ou s'il est blogueur parce qu'il tient un blog. Il a disparu de la route du sens avant même de comprendre la question qui lui revient en pleine figure (la question est l'événement du blogueur, le cycliste qui surgit juste devant la voiture au sommet de la côte). Ou plutôt, il est renvoyé à son in-existence de blogueur circulairement bloguant, ce qui revient exactement au même. En réalité, c'est le chemin qui se dérobe sous ses pas, parce que le blogueur a des semelles de gomme (elles effacent le sens). Le blogueur est un autonombriliste qui à tout moment arrive à un rond-point qui ne possède qu'une entrée et aucune sortie. Il sait pourtant qu'il est entré, et il sait aussi qu'une entrée peut à certaines conditions devenir une sortie. Ce n'est qu'une question de sens, il devrait donc pouvoir sortir par où il est entré. Il devrait mais il ne peut pas. Toujours le même rond-point, toujours cette affreuse sensation qu'on est déjà passé par là, qu'on n'avance pas, et pourtant il faut continuer. Ça n'a pas de sens mais c'est la seule direction. Si le blogueur pouvait s'éplucher l'oignon au lieu de nous bourrer le mou, il nous fatiguerait moins et l'on pourrait réserver les quelques larmes qui nous restent à des sujets plus sexys. Imaginons un cycliste qui ne pédalerait qu'en rêve et qui ne se nourrirait que d'oignon cru tandis qu'il tient le blog où il relate ses exploits de cycliste, lesquels consistent à effacer la piste sur laquelle il se déplace à vélo. Plus il avance, moins il parcourt de kilomètres : en réalité, ce cycliste a virtuellement parcouru un périple infini, avant même le premier coup de pédale, périple constitué de la somme de tous les parcours effectués par tous les cyclistes du monde depuis que le monde est monde et qu'ils effectueront jusqu'à la fin des temps. Son interminable labeur consiste donc à annuler les millions de kilomètres effectués par tous les autres cyclistes, la piste sur laquelle il avance est une piste négative qui retranche à toutes les autres au fur et à mesure de son avancement à lui, avancement que d'aucuns qualifieraient volontiers de recul, de réaction, de repli. Bon Dieu qu'il fait chaud ! En pédalant il se débarrasse de ses vêtements, qu'il jette sur le bord de la route sans leur jeter un coup d'œil. Mais il a toujours chaud, mais il est toujours autant vêtu, mais il se sait ni qui il est ni pourquoi il pédale. Il voit seulement ce compteur, il lit ce nombre hallucinant (il n'en a jamais vu de tel), qui décroit, mais sans espoir qu’on en voit un jour le terme. Au terme de la route est le sens, mais comme la route est interminable, il ne le connaîtra jamais, d'autant qu'au moment même où il pédale comme un damné, d'autres pédalent en sens inverse, les cons, ajoutant ainsi à ce qu'il doit retrancher ! Avez-vous déjà écouté le concerto pour piano de Tchaïkovski en observant un cageot ? C'est ce que je suis en train de faire. On ne prête jamais attention à un cageot. Je n'avais jamais remarqué que les planches d'un cageot étaient agrafées, et non clouées. Quand on y pense, c'est tout à fait logique, on ne va pas perdre du temps à clouer un cageot, c'est évident, mais enfin, n'empêche que je n'y avais jamais songé. Et ce n'est pas la seule chose remarquable dans un cageot. Les cageots ont une existence précaire, c'est le moins qu'on puisse dire. S'il y a bien une population discriminée, marginalisée, mal considérée, une population de seconde zone, c’est bien celle des cageots. Je ne parle pas des boudins, qui aujourd’hui sont très bien considérés, qui tiennent même le haut du pavé, à tout point de vue, non, je parle bien du cageot et de ses quelques bouts de bois mal fagotés, mal fixés, tout juste assemblés le temps du service, ce temps où le cageot se prend pour un cageot (et certainement pas pour un garçon de café), emploi précaire parmi les emplois précaires. Personne ne leur jette jamais un coup d’œil, on se les refile, on s’en débarrasse, on les brûle, on marche dessus pour les faire disparaître, sans le moindre sentiment de culpabilité, ils n’opposent pas la plus petite résistance, ils acceptent leur sort avec une humilité touchante. Ah, évidemment, les grands esprits les méprisent de ce fait même. On en voit même qui les assimilent à des « trop gentils », à de ceux qui laisseraient par exemple une famille entière squatter leur appartement, et même se faire mettre à la porte de leur demeure au bout d’un certain temps par les squatteurs, enfin vous voyez le genre. Pousse-toi de là que je m’y mette ! Aux chiottes les yogi ! Bien fait pour toi, mon pote ! Bref, les cageots, les yogi, les cathos, les rêves de niveau 2, les anti-blogueurs bloguant, les agrafés de l’idéologie, les maniaques de l’orthographe, les oignons épluchés jusqu’au néant, ceux qui pédalent en négatif, toute cette population incertaine et fragile, inconceptualisable et inassignable, ces individus qui n’en sont pas, dont la vie réelle est si peu séparée de la non-vie qu’un holocauste de cageots n’aurait même pas ses négationnistes, il vous faudrait le concerto de Tchaïkovski pour les apercevoir enfin, pour les considérer, ne serait–ce que le temps d’un premier mouvement, ce qui serait déjà énorme. Pourquoi Tchaïkovski, me demanderont les pénibles. Parce que. Si vous n'avez pas le sens du contraste, du motif, de la profondeur de champ, du contrepoint, je ne peux rien pour vous. Les lourds, les pénibles, tous ceux qui nous font prendre du poids, qui mettent en marche la machine à métastases, on les tient à l'écart, malgré les crachats. Mieux vaut des crachats par centaines que l'absence de rêve. Mieux vaut quelques mesures de Brahms, même ordinaires, que les opinions fantastiques et ultra-pertinentes des blogueurs. Tout à l’heure, j’ai lu quelque chose qui m’a beaucoup amusé. Quelqu’un de sensé se trouvait dans l’obligation d’affirmer, à la face rougeaude des transparentistes hallucinés : « L’énorme majorité des choses qu’on vous dit sont vraies. » Pour un blogueur qui se respecte, la lucidité s’est obligatoirement fait engrosser par le soupçon. J’adore ça ! Dites à cette génération de bitomanes qu’il n’y a pas grand-chose sous la fruste pelure des discours ordinaires et vous les rendez fous furieux ! C’est la raison d’étant, véritable lettre volée des technophiles compulsifs. Eh oui, mes amis, tout ça pour ça, c’était bien la peine de se dresser sur ses ergots de sigles. Ils ont le text toy enflé et turgescent, c’est le moins qu’on puisse dire, et il leur est impossible de concevoir que la vie n’est que la vie, sans développement dans un hyper-espace courbé devant la Technique apocalyptique.

Dans mes rêves, j'écoute très rarement, pour ne pas dire jamais. Je ne fais que voir. Ah, ça, pour voir, je vois ! Moi qui suis un piètre "visuel", dans la vie de tous les jours, on peut dire que je rattrape largement dans ma vie nocturne mon handicap naturel. C'est terrible de rêver à ce point, d'avoir une vie nocturne à ce point plus riche, plus intense et plus chatoyante que les mille vies qu'on n'a jamais rêvé d'avoir, car rien n'est moins partageable que les rêves. Dans le rêve que j'ai rêvé, tentant de raconter un rêve, donc un récit qui par définition se défait au moment même où l'on croit en tenir la matière entre les mains (surtout lorsque ces mains elles-mêmes sont des mains de rêve), cette impossibilité chronique à dire l'indicible n'était pas levée, mais elle ne provoquait aucune souffrance, ce qui est déjà un énorme avantage sur la vie diurne. Depuis que je suis enfant, c'est mon seul et unique problème : je sais immédiatement, quand je parle à quelqu'un, s'il m'entend ou pas, et, bien sûr, neuf cent quatre-vingt dix-neuf fois sur mille il ne m'entend pas. Quelqu'un ne peut pas entendre. Vos interlocuteurs sont des êtres que vous rêvez tels que vous êtes, alors qu'ils vous rêvent tels qu'ils sont. C'est la définition d'une personne. Quand vous êtes avec une personne, vous êtes avec personne. Même pas un cageot. Parfois, heureusement, un concerto de Tchaïkovski vous révèle la vérité, mais la plupart du temps, vous n'écoutez pas le concerto de Tchaïkovski, en tout cas pas le premier concerto pour piano en si bémol opus 23. Et quand vous l'écoutez en fumant un peu de marijuana, c'est seulement en rêve, vous avez dix-sept ans, vous vous trouvez dans le studio de la Closerie, en été. En ce temps-là, vous étiez encore quelqu'un, c'est-à-dire personne. Dans un moment vous allez repeindre la grille du parc, en écoutant la sonate de Liszt, et après, vous irez à Avignon, parce que c'est à Avignon que se trouvent les filles baisables, la vie n'est pas là où on se trouve, ou très rarement. C'est comme ça. Là où on se trouve se trouvent les cageots, auxquels on ne prête pas attention, c'est comme ça, on n'y peut rien, ou pas grand-chose. Ça n’arrête jamais. La vie n’arrête jamais d’être la vie. Et quand elle est passée, elle est passée. Alors que la musique peut repasser éternellement, c’est son grand avantage sur la vie silencieuse. Bientôt je serai mort. En attendant, je peux récouter la sonate de Liszt, quelques mesures de Brahms et le premier concerto de Tchaïkovski. Tout passe sauf la musique. On peut lire un livre deux fois, trois fois, quatre c’est déjà beaucoup, mais on peut écouter la sonate de Liszt cent fois et la première partita en si bémol cinq mille fois. Si on en a les moyens, on peut vivre avec un tableau de Fragonard au-dessus de son lit, mais on ne passera pas énormément de temps à le regarder chaque jour. Il est là, ça suffit. Bien que j’aie travaillé la sonate de Liszt, que je sois resté presque un an penché sur la partition, que je la connaisse par cœur, j’éprouve encore le besoin, encore et encore, de l’écouter, par Untel Untel et Untel. Elle n’est jamais finie cette sonate, et je ne parle même pas de la Hammerklavier, ni des variations en fa mineur de Haydn. Jamais fini, c’est ça, la musique. La musique, c’est exactement le contraire du malentendu obligatoire. 

Bonjour, Docteure, moi je cible ma thèse sur le(s) con(s)

(photographie de Jean-Michel Paris)
Historienne. 

Docteure de l'Université Paris Diderot (Paris 7). Ma thèse a porté sur la féminisation de l'armée française pendant les guerres (Seconde Guerre mondiale, guerres d'Algérie et d'Indochine). Spécialisée dans l'histoire des femmes, du genre et des guerres, je me suis attachée au cours de mes recherches à démontrer que la féminisation de l'armée française a débuté pendant les guerres. Ces travaux m'ont amenée à réfléchir sur la féminisation - dans son acception la plus large - des professions traditionnellement et historiquement masculines. Par conséquent, j'ai également étudié les raisons pour lesquelles ces professions étaient jusqu'alors "interdites" aux femmes en ciblant ma réflexion sur les discours, l'image et les représentations des femmes qui choisissaient une voie jugée "contre nature". Sensibilisée depuis le début de mes études universitaires à l’égalité entre hommes et femmes dans les domaines historiques, sociaux et culturels, mes travaux portent sur les questions liées aux identités de sexe, l’intersexualité, la construction sociale des identités sexuées. La plupart de mes publications porte sur la question de l’égalité professionnelle mais aussi celle des représentations souvent tronquées que la société a des indivudu-e-s exerçant des professions jugées non conformes à leur sexe biologique.

Il ne faut négliger aucune occasion de rire. C'est ça, le vrai travail. Et depuis le temps que je creuse mon sujet, je devrais au moins être docteur honoris causa d'une dizaine d'universités.

lundi 27 août 2012

Chiens


La gratitude est une maladie canine qui n’est pas transmissible à l’homme. On n’a jamais vu un maître se laisser mourir sur la tombe de son chien.  

Schopenhauer


jeudi 23 août 2012

La vie est à mettre au propre


Et le dimanche on se repose…

vendredi 17 août 2012

Au cœur des ténèbres


Une anomalie, une erreur, un accident, une aberration, une bizarrerie, une extravagance, la survivance inattendue d'une bactérie résistant aux multiples traitements de choc administrés de manière pourtant radicale ces dernières années par toutes les radios françaises, la persistance inopinée d'un microbe têtu buté tenace obstiné opiniâtre, une mauvaise plaie qui se rouvre sur la plage alors que tous les indicateurs sont au beau fixe depuis des mois, un clin d'œil du passé, une facétie de bobo désœuvré, une prophétie oubliée de Nostradamus, le caillou dans la chaussure du Son, le retour des morts-vivants, la maladie auto-immune de la Bathmologie arrivée aux confins du Sens, après un interminable voyage ? Aucune idée, mais le fait est là, l'Événement est avéré : j'ai entendu Tristan et Isolde, hier-soir à France-Musique. Depuis des décennies, en été, à la radio, on peut entendre la diffusion en léger différé du festival de Bayreuth. Je me souviens encore de mon père rentrant plus tôt du travail et s'enfermant dans sa chambre, d'où s'échappait ces brumes sonores inquiétantes et entêtantes…

Il existe donc, aujourd'hui, en 2012, dans un pays innommable et innommé, quelqu'un qui a décidé, envers et contre tout, qu'il fallait continuer à faire entendre le festival de Bayreuth aux dormeurs d'ici. C'est tellement improbable qu'on hésite à en parler, de peur de se réveiller : comment, vous avez écouté la retransmission du festival de Bayreuth à France-Musique, à l'été 2012 ??? Ah ah ah ah, la bonne blague ! On n'a pas envie de passer pour un fou ! Je suis allé vérifier sur Internet où l'on peut trouver les programmes de la chaîne, et, mis à part une curieuse divergence à propos de l'horaire, la Chose est bien là. 

Que se passe-t-il ? Wagner, le festival de Bayreuth, vous voyez de quoi on parle !? Écouter de la musique sur France-Musique était devenu une chose presque rare, presque incongrue, paradoxale à tout le moins, mais que quelqu'un ose encore programmer le festival de Bayreuth, en 2012, à une heure de grande écoute, est tout de même plus que troublant. Mais si, vous savez bien, Bayreuth, Nietzsche, Schopenhauer, Hitler, les Boches, toutes ces choses… L'Horreur avec un grand H. Mais que fait Laure Adler, que fait Romain Goupil, que fait Yannik Noah ? Ils sont en vacances, personne pour les prévenir ? Et la Béard, et la Binoche, et les Indignés, et les Printaniers arabes, et Stéphane Hessel, et l'ONU, ils sont tous au sanatorium en train de jouer au scrabble ? Et les blogueurs, ils sont à la plage en train d'attraper des coups de soleil, ils ont oublié d'activer la cellule de veille estivale ? Encore, on aurait fait entendre Tristan et Isolde, comme ça, dans la nuit moite, bon, je veux bien, pourquoi pas, nous sommes tolérants, mais là ce qui est grave, ce qui est intolérable est qu'on ait CONTINUÉ, depuis tant d'années, continué à diffuser ça. L'erreur est humaine, mais c'est persévérer qui est intolérable. Maintenant que l'on sait, enfin, ce que ces horreurs ont produit, à quelles sinistres fins elles ont conduit, quelle inhumanité était en germe en elles, il est plus que criminel de poursuivre dans cette voie. On connaît l'apostrophe : "Pire qu'Hitler !". Ah, on voit que France-Musique n'a pas eu la chance d'avoir les directeurs de France-Culture, qu'elle reste, cette radio, si peu que ce soit, dans les limbes de l'humanité, qu'elle n'a pas encore tout à fait accédé à la vérité. J'interpelle le MRAP et la LICRA qui honteusement laissent se perpétrer ce crime tranquille et je ne doute pas que mon cri d'alarme sera entendu de toutes les vraies consciences morales de ce pays. 

Et pourtant, malgré tout ce que je viens de dire, l'important n'est pas là, bien entendu. Ce qui est proprement sidérant n'est pas qu'un fou ait décidé de continuer à faire entendre le proto-Nazi et ses cinglés grotesques, non, ce qui est réellement anormal et inquiétant est qu'on entende encore, parfois, rarement mais tout de même, de la musique sur France-Musique. Le Bien n'a pas encore tout à fait vaincu, mes chers amis, il faut se rendre à cette triste évidence. 

mercredi 15 août 2012

Leçon du son


Rance-Culture. « Est-ce qu'il y a une musique, ou une chanson, Phil Dusperme, qui pourrait accompagner ce petit texte de vous ? »

Bien sûr, Phil Dusperme a une chanson (de son fils) à proposer. Mais ce qui m'étonne, moi, dans la phrase prononcée par la "journaliste" de Rance-Culture, c'est le "ou une chanson", car l'on sait bien, désormais, que sur Rance-Culture, "la musique" signifie "la chansonnette".

Une amie très de gauche, passant par là il y a quelques jours, et qui, contrairement à moi, continue d'aimer Rance-Culture et de beaucoup l'écouter, admettait tout de même que "tourner le bouton pour trouver Rance-Culture" (à l'oreille) était devenu presque impossible. Cette constatation, que nous sommes très nombreux à faire, est en soi parfaitement claire et suffisante. La culture émet des signes, que ce soit par l'entremise du visage des humains, par leur vêture, par leur parlure, et le son d'une radio n'échappe pas à cette règle. 

Même les émissions "sérieuses" sont dorénavant entrecoupées de "musique", de ces "musiques" qui sont devenues en quelques mois le nouveau son de Rance-Culture, et donc sa vérité.

« Le Sympa, voilà l'ennemi ! »


Dominique Merlet, en parlant de son maître Roger-Ducasse :

« J'ai eu beaucoup de chance, je n'ai jamais jamais eu de maîtres gentils… »

mardi 14 août 2012

Tension


Le titre de la Dépêche : « Tensions dans les quartiers sud de Toulouse ». "Tensions", c'est pas beau, ça ? Tiens, ça me fait penser qu'il faut que je prenne mon Jihad artériel, ce matin !

dimanche 12 août 2012

Écologie sonore


En travaillant, j'avais mis en fond sonore un disque de Louis Dandrel que j'aime beaucoup : "Fenêtres sur Villes". On peut y écouter des ambiances sonores recueillies au Caire, à Paris, Pékin, Rio et Tokyo. C'est non seulement très beau mais aussi passionnant. Le disque a été réalisé au commencement des années 1990, et l'on mesure déjà l'énorme changement qui s'est produit dans notre environnement sonore. On parle beaucoup d'écologie, et quelques voix (bien trop rares) se font entendre pour défendre les paysages, la campagne et la ville, contre la laideur envahissante, mais personne, à ma connaissance, ne parle jamais d'écologie sonore. Et pourtant ! Quel fléau est plus brutalement corrupteur que le bruit, et comme les transformations sonores autour de nous sont radicales et significatives ! 

Quand j'écoute ce disque, et en particulier la plage consacrée à Paris, je pense toujours aux pages de la Recherche dans lesquelles Proust décrit merveilleusement les bruits de la rue parisienne. Une civilisation, c'est aussi et peut-être d'abord un son, une sonorité constituée des sons humains, industriels, naturels, végétaux, animaux, urbains, bruits des moyens de transport, manière dont tous ces sons résonnent dans la ville ou le village, en fonction de l'architecture et du tracé des rues, les sons du langage, la manière de s'adresser à l'autre, les distances entre les interlocuteurs, la densité de la population, le type de populations, la plus ou moins grande interaction entre la ville et la campagne, les lois, les règlements, etc. Je mets volontairement de côté la "musique" proprement dite, même si elle ne peut pas réellement être considérée indépendamment, surtout qu'il est devenu courant, normal, et presque obligatoire, d'en faire profiter tout le monde.

Chaque ville possède un son, une sonorité, une ambiance sonore, une qualité sonore, une densité sonore, une physionomie sonore. La voix des villes, on ne la voit pas, on n'y fait pas attention, mais elle se transforme autant que son aspect visuel, et c'est cette invisibilité qui la rend si vulnérable et donc si précieuse, sauf bien sûr pour les adorateurs aplatis du Progrès.

samedi 11 août 2012

Enfin une bonne nouvelle !

(photographie Jean-Michel Paris)


Champagne !

Le nougat


Qui vomit a dîné. C'est vrai. J'ai vomi dans la baignoire, dans mon bain, tout à l'heure. Toute la soupe au pistou, plus le melon, plus le vin. J'ai eu faim immédiatement après. Pourtant j'ai dîné. Je ne suis pas malade, pas du tout. Je ne sais pas ce qui s'est passé : pour la première fois de ma vie, vomir n'a pas été un calvaire. C'était violent, oui, mais évident, puissant mais presque agréable. Après tout, on va bien chier, après avoir mangé, et ce n'est pas désagréable non plus. Mais on est habitué. Il a fallu me laver, et nettoyer la baignoire, et les gros morceaux sont restés coincés, c'était un peu désagréable. mais enfin, faire le ménage n'est jamais agréable. Je me suis dit : Si ce n'est que ça, vivre : ça va. Moi au moins j'ai dîné. Et j'ai eu envie de nougat. J'aime le nougat. J'adore le nougat. Sous toutes ses formes. Le nougat est une hostie dure. Montélimar est ma Rome à moi. Pas une fois je n'y passe sans acheter du nougat. Enfant, quand je vomissais, je croyais mourir, à chaque fois. et je vomissais souvent. Le salut, c'était la main de ma mère sous mon front. La première fois que j'ai vomi sans la main de ma mère sous mon front, c'était au-dessus du collège Saint-Michel, à Annecy, dans la colline, à la fin de la troisième. On avait bu de la bière, beaucoup de bière, et j'ai été malade comme un chien. Pas de main sous mon front. Atroce. je préfère encore qu'on me plante des aiguilles dans tout le corps. Une autre fois, je revenais, seul, d'Angleterre où j'étais allé m'acheter un synthétiseur qu'on ne trouvait pas en France, un AKS de la marque EMS. C'était une petite mallette noire, un concentré de technologie inouï, pour l'époque, une merveille. Je l'avais payée un million, enfin, un million de centimes. Toutes mes économies, c'était un trésor que je rapportais. J'avais pris l'hydroglisseur. Saloperie ! Une mer affreuse. J'ai laissé le trésor sur un banc, et j'ai passé toute la traversée aux chiottes à me vider en chialant : j'étais en train de crever, tout simplement. Plus rien à foutre, du synthétiseur : on aurait pu me le piquer sous mes yeux que j'aurais pas levé un sourcil. On aurait pu me violer, je me serais laissé faire. Pas de main sous mon front, là non plus. L'enfer. Plus que l'enfer. Je n'avais pas dîné. 

Les Anglais ne connaissent pas le nougat. La plupart des gens ne connaissent pas le nougat. Quand ils en achètent, ils achètent n'importe quoi, et ils appellent ça du nougat, et ils pensent qu'ils ont mangé du nougat. Le vrai nougat est très rare. Comme les femmes. Les vraies femmes sont très rares. Je connais beaucoup de types qui n'en ont tout simplement jamais rencontrées. Ça ne les empêche pas de parler des femmes, et même de la Femme. Et même de prétendre qu'elle n'existe pas. Bien sûr qu'elle n'existe pas, puisqu'ils ne savent pas à quoi elle ressemble. Pour moi, un requin n'existe pas. Pour moi le requin est une créature qu'on voit dans les films, et qui effraie des couillons qui ont payé pour avoir peur. Vous avez déjà vu une femme vomir ? Vous avez déjà tenu son front pendant qu'elle vidait ses tripes, la tête dans la cuvette des toilettes ? C'est une créature préhistorique, elle a des millions d'années, quand elle vomit, le front sur votre main. Si on regardait son dos, à ce moment-là, on verrait les écailles, et les poils, et les nageoires. Mais on ne regarde pas. On fait comme si on était là pour l'aider, la soulager, la réconforter. Comme si on pouvait.

Toutes les femmes que j'ai aimées aimaient le nougat et les dragées. Les amandes. Ne pas aimer les amandes, quand on est une femme, c'est affreux. C'est pire que d'être borgne ou d'avoir une haleine de phoque. Les Arabes ont une friandise qui ressemble au nougat, le halva, mais on voit bien tout de même qu'il ne s'agit que d'un dérivé, qu'un truc de substitution. Pas mal essayé, mais c'est raté. J'allais en manger au Quartier latin, quand j'avais dix-huit ans. Je trouvais ça mystérieux, cette espèce de pâte blanche. Je ne savais pas de quoi elle était faite, ça ne ressemblait à rien de connu, c'était un peu comme la méthadone pour qui est accroché à l'héroïne. Loin de Montélimar, c'était mieux que rien.

L'exotisme est un luxe de pauvre. J'en ai assez d'être pauvre. Ça va un moment. C'est marrant d'être pauvre quand on a vingt ans, c'est vrai. C'est amusant de coucher avec des Africaines, des Chinoises, des Arabes, des Indiennes, des Paraguayennes, c'est drôle de manger du riz complet avec des beatniks américains, mais là j'ai envie de Françaises qui me préparent des déjeuners français avec du vin français. Je veux manger dans des assiettes de chez Bernardaud et je veux des couverts en argent, j'en ai assez des nappes trouées et des couverts dépareillés qui étaient à la mode dans les années 70, je déteste les services rustiques qui sentent la poutre apparente et qui se marient si bien avec les musiques populaires, je veux du jardin à la française et des cuisses blanc ivoire surmontées d'une épaisse forêt noire qu'on ne taille jamais. Je veux vomir en famille, en écoutant Mozart ou Boulez, dans un soutien-gorge en soie. J'en ai assez de l'exotisme.

Tout le monde fait semblant de ne rencontrer que des filles formidables, gentilles, aimables, belles et intelligentes, alors que la plupart, il faut bien l'avouer, sont de fieffées connasses même pas foutues de faire correctement la cuisine. Complètement incultes pour la plupart d'entre elles, sans une once d'humour, sans la moindre compassion pour les hommes, qui sont vraiment dans une merde noire depuis un bout de temps. elles ont en plus des exigences de princesses, alors qu'elles parlent et s'habillent comme des caissières de supermarché. C'est vraiment à pleurer. Quand ces connes nous quittent, on se demande toujours si on doit s'en réjouir (Dieu m'a sauvé !) ou bien pleurnicher sur notre sort, histoire de paraître un peu normal tout de même. L'autre jour, une amie me raconte qu'un type complètement dingue d'elle et qu'elle avait repoussé, malgré sa Ferrari, lui avait sorti, en désespoir de cause : « Un jour, tu seras vieille, moche, malade, et sans dents. Ce jour-là, tu penseras à moi. » Et toutes les copines évidemment de s'esclaffer méchamment sur le pauvre type qui avait sorti pareille énormité. Pas plus connard, ma pauvre, tu l'as échappé belle, etc. Tu parles ! Pour une fois qu'il y en a un qui dit la vérité… Et qui a de l'humour ! Pour être aimé des femmes d'aujourd'hui, il faut impérativement mentir, sur tout, ET ne pas avoir d'humour. Mais qu'est-ce que vous imaginez, qu'on ne vous connaît pas, qu'on ne vous a jamais vu vomir, puer des pieds, vous ridiculiser au lit, parler la bouche pleine ? Êtes-vous capable de seulement tenir le front d'un homme qui vomit sa vie, dont la mort en marche prend tout à coup la forme de cette bouillie chaude qui jaillit comme la lave d'un volcan sous-marin ? Ça sent mauvais ? Oui, en général, la mort, ça pue. Vous devriez le savoir, puisque vous donnez la mort en même temps que vous donnez la vie, ça sort de la même fente et c'est souvent pas beau à voir. Le sexe, c'est comme vomir. On a dîné, on vomit, et on a encore faim. Un éternel recommencement, en pure perte, c'est le cas de le dire. Et de temps en temps, un mouflet se met en travers du chemin. C'est le moment pour un alleluia, tout devient sérieux à mourir, alors que l'instant d'avant vous étiez prêtes à nous pisser dans la bouche en mettant le cul à la fenêtre. Une femme qui rit, c'est toujours suspect. Il n'y a que lorsqu'elles pleurent qu'elles ont un peu d'humour.

Les hommes et les requins perdent leurs dents, mais celles des requins repoussent. A-t-on déjà vu un requin vomir ? Non, les requins, ça ne vomit pas. C'est une machine parfaite, un requin. Pas comme une merde d'homme qui pédale avec ses palmes ridicules et ses grosses bouteilles dans le dos. Et les pauvres hommes de s'apitoyer sur les pauvres requins que les pauvres hommes exterminent sans aucune hésitation, pour en faire de la soupe pour touristes qui vont aller vomir aux toilettes leur soupe aux ailerons de requins.

Je préfère le nougat. Le nougat est l'avenir de la femme. 

mardi 7 août 2012

Georges et le sport


On m'a abonné à Coran-Mag. Ça tombe bien parce que j'avais juste envie de mettre des claques à ce crétin de Bolt, celui qui court si vite et qui fait de si jolis signes avant le départ, quand la caméra s'attarde complaisamment sur sa bobine de débile léger. Bolt… je m'demande bien ce que ça signifie, encore, ça… Bold, j'aurais compris, encore que la graisse, y z'aiment pas trop, les excités du mollet. Lui il m'a l'air un peu gras du bulbe, oui, mais un peu juste de la comprenette. 

J'ai toujours aimé l'athlétisme, et dans l'athlétisme, la course à pied est évidemment le sport le plus parfait, puisque le plus simple. Dix secondes et c'est fini, tu cours le plus vite possible et t'as gagné, ou perdu. Voilà comment je vois le sport. L'efficacité maximale, un geste, ou deux, un gagnant, des perdants. Le reste c'est de la merde en boîte. Plus les règles sont simples, moins c'est sophistiqué, plus c'est beau. Et puis, au moins, ça nous change des escrocs de l'art et de la culture : quand on est fort on gagne quand on est faible on perd, on ne peut pas tricher. Ne venez pas m'emmerder avec le dopage. Je m'en tape, du dopage. S'ils sont assez cons pour risquer leur vie pour un record, eh bien qu'ils se dopent, très bien, qu'on ne vienne pas nous emmerder avec ces problèmes d'éthique et de morale. Vous avez vu les corps des nageurs ? Ce ne sont plus des épaules, qu'ils ont, les pauvres, je ne sais pas où ils vont se faire confectionner leurs costumes, mais je n'aimerais pas être à la place du tailleur. Bref, encourageons le dopage, jusqu'à ce qu'il y ait des morts par dizaines, et des monstres pas centaines, et encourageons-les encore à ce moment-là. Peut-être que ça les calmera.

Le sport le plus ridicule, le plus abject, le plus monstrueux, c'est cette connerie de patinage artistique ! Hallucinant, ce truc. Plus laid que ça tu meurs. Faut vraiment n'avoir aucun amour propre, aucun sens du ridicule, aucune estime de soi, pour faire un sport pareil ! De toute façon, le nom dit tout tout de suite. "Artistique" ! (Et je ne parle même pas des "musiques" que ces enflures choisissent !) Comment peut-on accoler cet adjectif au substantif "sport" sans mourir de honte ? Faut vraiment être tordu et particulièrement imbécile pour imaginer que "l'esthétique" peut se fabriquer, dans le sport ! Quelle bande de couillons ! La beauté du sport c'est précisément tout le contraire. Le geste finit par être beau précisément à force de chercher l'efficacité maximale, et de ne faire que ça, et il devient grotesque dès lors qu'il tente si peu que ce soit d'être beau. La descente à ski, la course à pied, le lancer du javelot, du disque, le saut en longueur, en hauteur, tout ce que vous voulez, contre cette saloperie de patinage artistique. Vous imaginez les Grecs faire du "patinage artistique" ? Ils auraient préféré mourir plutôt que de se déshonorer de cette manière ! Pareil pour la gymnastique ! L'artistique, en sport, c'est comme l'amour pour Céline, l'infini à portée des caniches : du chamalo dans l'épaule d'agneau, du seven-up dans le Pauillac. Mais ce n'est guère étonnant, puisque l'art a lui aussi envie du sportif. Jouer un concerto, aujourd'hui, c'est devenu complètement ringard. Comment, vous n'en jouez pas douze ? C'est pas la forme, hein !

Un cent mètres, ça passe trop vite pour qu'ils aient le temps de faire les malins. Alors du coup, ils font ça avant et après. Le grotesque Usain Bolt a été affligeant, hier-soir, ce qui n'empêchait pas les journalistes français de parler sérieusement de "son intelligence" alors que cette tache ridiculisait le plus beau sport du monde avec ces atroces mimiques de rappeur minable invité à Fort Boyard. J'espère que le Français va lui mettre une claque sur deux cents mètres, aujourd'hui ! On serait tellement content ! Quand je serai président du comité olympique, ces tarés seront immédiatement disqualifiés, et pareil pour les joueurs de tennis qui poussent des hurlements comme s'ils étaient en train de chier ou de jouir. Même tenue pour tout le monde, pas question de mettre son nom sur le maillot, et pas plus de vingt caméras pour filmer tout ça. Vous voulez participer ? C'est ça ou rien. Couchés, les pitres, à la niche, les "stars". 

Pourquoi Coran-Mag ? Je ne sais pas, mais il paraît que je néglige mon éducation religieuse, depuis quelque temps. 

lundi 6 août 2012

Le Pot


Paul Morand note dans son journal que « de [son] temps, les femmes étaient de la chair, [et qu'elles sont] aujourd'hui de la viande ». Venant un peu après lui, il faut bien constater que désormais elles ne sont plus que du plastique, sauf peut-être sous les burkas… (Je n'ai aucune envie d'aller vérifier.) Étant donné que les jeunes gens d'aujourd'hui n'ont rien connu d'autre, il est probable qu'ils s'en satisfassent. Comme toujours, si jamais vous vous avisez de dévoiler le pot aux roses, on vous accusera d'être un vieux con de réactionnaire à la solde du passé. Il faut laisser dire. Il faut même acquiescer. Sinon ils mordent. Après tout, il vaut bien mieux qu'ils ne sachent pas que de vraies femmes ont existé dans un passé proche. Il n'est pas certain qu'ils s'en remettraient. 

La viande, ce n'était pas si mal. 

samedi 4 août 2012

Voilà venir le temps des assassins



 « Nous nous noyons dans une grande sottise en ce moment, et ça m'embête beaucoup. Je crois que la bêtise c'est pire que tout. »

jeudi 2 août 2012

Le Retour de Dijon (mais…)


Dissidence et sécession sont deux mamelles de l'In-nocence... Non violente : oui, bien entendu — sauf à être absolument contraint. Non nocente, plutôt. Combattante. La question de notre radicalité, sur laquelle ont été dites ici ou là brièvement des choses sérieuses et d'autres plus plaisantes (mais...), sans être semble-t-il remarquées ou considérées (ce qui est sans importance), cette question est cruciale. Il n'y a pas d’œuvre possible hors d'elle (pour Marc) ; l'ornière dont il faut se sortir (il le faut, c'est une question terminale car "planétaire"), qui est presque aussi ancienne que notre civilisation (ses accusateurs ont surtout le tort de n'être que cela : des négateurs minuscules, de médiocres nettoyeurs pris dans une négativité qui les dépasse de toutes parts — ils feront si peu des morts), et peut-être presque aussi ancienne que l'homme lui-même (depuis qu'il n'est pas qu'un "animal ceci ou cela" (social, mémorieux, logiquant...), c'est-à-dire depuis "toujours"), cette ornière appelle elle-même (ici, il faudrait un M) à s'en dégager. On le voit tous les jours, sur toute la surface de cette Terre qui n'en peut plus, qui n'en veut plus, qui s'est de longue date toujours plus absentée, indemne. L'ornière, étonnamment, ne fait au fond que cela : appeler — par sa clôture même sur elle-même qui semble devoir se clore toujours plus, irrémédiablement. Lecirculus vitiosus ne fait pas que tourner en rond, il se resserre sans cesse. La spirale est attirée par le vide. Nous cherchons le passage, celui qui se fait attendre. La langue est l'épicentre. 

 Dijon Bourdier au petit déjeuner, c'est une apocalypse en chambre ! Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas ri comme ça… « Il n'y a pas d'œuvre possible hors d'elle (pour Marc). » Oui, je sais, on a déjà lu ça, aux heures les plus claires du Stalinisme, on dirait du Nizan, ou pire, mais tout de même, que des dingues pareils soient aux commandes d'un parti politique qui par ailleurs a l'air sérieux, c'est d'une drôlerie à couper le souffle. Dijon Bourdier ou l'art des trois points et des guillemets, Dijon Bourdier et les raccourcis, Dijon Bourdier et les sous-entendus, Dijon Bourdier et le "laisser-entendre". Laisser entendre quoi ? Mais qu'il a tout lu, tout compris, tout retenu, tout analysé, tout dépassé, que vous n'y êtes pas du tout, mais alors pas du tout du tout… Dijon Bourdier, c'est le furet de l'In-nocence, il est déjà passé par ici, il est déjà repassé par là, ventre à terre, au galop, brasse coulée, rage papillon, Dijon Bourdier, c'est le Messie des lanternes, à prendre ou à laisser, pardon, à reprendre ou à relaisser, c'est le feu follet de la Reconquête, debout devant les tombes, comme un moulin à vent qui crache ses farines aux quatre points cardinaux sans prendre le temps de respirer. C'est tout de même crevant de voir Renaud Camus en Sancho Panza, à tenter de suivre le Radical Combattant qui pique (mais…) les flancs de la Bête… "Cette ornière appelle elle-même (ici, il faudrait un M) à s'en dégager", en effet, Dijon, en effet, mais c'est pas demain la veille que tu vas te dégager de Toi-Même, avec un ™ inscrit au cœur de la farine, étonnamment, par sa clôture même sur elle-même irrémédiablement toujours plus nous cherchons le passage (mesure à 12/8, prestissimo) dans l'ornière qui se fait attendre, tirant la langue à l'épicentre accusateur et indemne.

Bien entendu, Bourdier nous dépasse de toutes parts, de la tête et des épaules comme on dit à la télé, et si la spirale est attiré par le vide, comme nous le pensons avec lui, après lui, sous lui, en dehors de lui, comme lui, ce ne peut être que parce que le Circulus Vitiosus n'est pas assez tautologiquement castrateur (mesure à 5/8, lento pesante), cela va presque de soi.


On l'a maintes fois constaté, l'époque manque cruellement d'humour, mais c'est peut-être simplement parce que celui-là a changé d'émetteurs : de nos jours, les seuls qui ne manquent pas d'humour sont ceux qui ignorent absolument qu'ils sont d'une drôlerie étourdissante (mais…).

mercredi 1 août 2012

Voilà !


« Tu verras, un jour, tu seras vieille, grosse, malade et sans dents. »