Je fais partie de ceux qui ont connu le passage du coton à la soie. Je me rappelle encore notre enthousiasme : Enfin, il allait être possible d'aller acheter des sous-vêtements à nos petites amies. Avoir du goût pour ces morceaux de tissus qui étaient en contact avec les parties intimes de nos amantes, les choisir, les acheter en secret, entrer dans ces boutiques avec le délicieux trac du débutant, être bien accueillis, contre toute attente (on ne nous traitait pas du tout en vicieux pervers, au contraire, les vendeuses étaient charmantes, émues, presque maternelles), tout cela était grisant, merveilleusement excitant. Prendre part à la toilette intime d'une femme, même par le biais d'un morceau de tissu, quoi de plus merveilleux ? Que la vie était belle !
On a vite déchanté. On a refusé de l'admettre, au début, mais il a bien fallu constater que le plus s'est transformé en moins. On avait encore une conception naïve de l'érotisme et notre naïveté ne nous a pas longtemps préservés. L'habit ne fait pas le moine. La culotte de soie ne fait pas le printemps de l'érotisme, loin s'en faut.
Trente ans plus tard, nous en sommes là : les sous-vêtements de luxe se sont, comme tout le reste, démocratisés, et il nous faut bien admettre que nous éprouvons désormais une immense nostalgie pour la culotte de coton blanc. Je ne nie pas qu'il existe de beaux sous-vêtements, précieux, élégants, de très belle facture, et qu'il nous arrive encore, en les voyant dans une vitrine, d'éprouver un léger pincement au cœur. Mais nous savons malheureusement qu'il s'agit d'un mirage.
Comme toujours (il n'y a pas de raison), "le luxe" s'est abîmé dans la vulgarité démocratique. Comme (presque) toujours, "un progrès" exaltant s'est transformé en une triste palinodie bariolée dont la diversité hystérique exhale l'étouffant parfum désormais bien connu du plus parfait conformisme.
Le string est sans doute l'exemple parfait de ce plus qui devient moins, au même titre que l'épilation du pubis. Plus une femme, même à l'approche de la soixantaine, qui ne porte pas des strings. Et quand on essaie de leur faire remarquer calmement que ce n'est pas forcément un attribut érotique qu'elles se coincent entre les fesses, elles nous parlent pavloviennement de "la marque de culotte" qui serait "moche", ou, pire, "inesthétique". Comme l'épilation intégrale est censée être plus hygiénique, le string serait soi-disant porté par souci esthétique. Mon Dieu que les femmes sont bêtes !
Comme toujours (il n'y a pas de raison), "le luxe" s'est abîmé dans la vulgarité démocratique. Comme (presque) toujours, "un progrès" exaltant s'est transformé en une triste palinodie bariolée dont la diversité hystérique exhale l'étouffant parfum désormais bien connu du plus parfait conformisme.
Le string est sans doute l'exemple parfait de ce plus qui devient moins, au même titre que l'épilation du pubis. Plus une femme, même à l'approche de la soixantaine, qui ne porte pas des strings. Et quand on essaie de leur faire remarquer calmement que ce n'est pas forcément un attribut érotique qu'elles se coincent entre les fesses, elles nous parlent pavloviennement de "la marque de culotte" qui serait "moche", ou, pire, "inesthétique". Comme l'épilation intégrale est censée être plus hygiénique, le string serait soi-disant porté par souci esthétique. Mon Dieu que les femmes sont bêtes !