mardi 24 septembre 2013

Les Bons Amis


« Nous, tu sais, on est restés très bons amis ! »

Ah…

Mais alors, si vous vous entendiez si bien, pourquoi vous êtes-vous séparés dans les cris et les larmes ?

Il n'y a rien de pire que ces vieux amis ex-amants qui ne manquent jamais une occasion de vous démontrer comment eux sont bien plus intelligents, civilisés, évolués, que vous, vous qui ne voulez plus rien savoir de vos "ex". Rien que ce mot d'"ex" me rend dingue. Mon ex il a acheté une Audi, tiens ce samedi avec mon ex on est allé faire la brocante de Troufignon-Les-Nouilles, c'était super… Connards. Connasses. Tu te barres ? Ne me croise plus jamais ou tu t'en repentiras. 

L'autre conne elle me dit : « Je croyais qu'on avait des choses à partager ! » Des choses à partager ? Abrutie ! Tarée ! Mais va partager tes conneries sur Facebook, va te confier à tes ex-ex, mais, surtout, oublie-moi, oublie-moi pour de bon, une fois pour toutes, supprime mon numéro de téléphone de ton iPhone, jette mes toiles, balance mes lettres ! Ce n'est pas la peine de m'appeler quand tu auras un cancer, quand tu te seras fait larguer à ton tour par ton "super-beau-mec", quand tu te regarderas dans la glace avec la trouille au ventre, quand tu te retrouveras seule et paumée encore une fois. Je ne serai plus là, en tout cas pour toi. D'ailleurs, je vais changer mon numéro de téléphone dès aujourd'hui. Je vais déménager. Je vais prendre un pseudo. Je ne suis pas "ton ex", je ne suis rien du tout, je n'ai jamais existé et toi non plus. Tu as rêvé, connasse. 

Bons amis… Elle voulait venir passer un p'tit week-end sympa, cool, pour me raconter ses déboires, pour me mettre son parfum et ses fesses sous le nez, et pour dormir dans mes bras. Non mais quelle tarée ! J'ai hâte de te voir. Ça me ferait du bien de venir te voir. Entre nous, c'est vraiment spécial, je n'ai jamais connu ça, tu es un amant merveilleux, c'est très profond ce qu'il y a entre nous… 

VA - TE - FAIRE - FOUTRE  

Je ne passe pas de p'tit week-end sympa avec des connasses qui viennent me faire chier en me prenant pour leur frère-père-meilleur-ami-confident. Non. Tu me prends mon temps et je n'ai rien de plus précieux. Je n'ai pas à t'écouter et d'ailleurs tu racontes très mal. Et puis, je vais te dire, tu as sacrément vieilli, et tant qu'à m'emmerder avec une idiote, je préfère qu'elle soit jeune et jolie. Tu sais, le genre "super-belle-meuf", quoi. Ah oui, je sais, on est vulgaires, nous les mecs, hein. Mais beaucoup moins que vous qui voulez tout à la fois et qui calculez votre retour-sur-investissement en vous désapant, l'air de rien, toujours un coup d'avance. 

J'ai un frère, l'aîné de la famille. Plus con que lui tu meurs. Il m'a vacciné contre les "ex-qui-sont-devenus-les-meilleurs-amis". Il se trimballe encore quarante ans après sa première ex-femme qui lui explique la vie et les femmes, l'ambition, la morale, la philosophie. Plus ridicule que ça ça n'existe pas. Elle pourrait elle le moucherait et lui nouerait ses lacets. Tout en lui suçant la moelle bien sûr. Elle siffle il accourt. Bientôt en fauteuil roulant mais il accourt. Quand il prononce son prénom on dirait qu'il va vomir tellement c'est le Panthéon qui remonte des amygdales. Je n'y peux rien mais ça m'a traumatisé. Les ex je les vomis. D'ailleurs la vie est bien faite car je ne me souviens de rien. C'est extraordinaire comme j'oublie. On est tous pareils, non ? Quand on baise avec celle qu'on aime (à condition qu'elle sache un peu faire), on se dit : « Jamais je n'oublierai ces moments-là ! » Tu parles ! Rien, pas une trace, que dalle. Tout part en fumée. Et c'est très bien comme ça ! La seule qui fait bander c'est la prochaine. 

Mais tu as déjà ton réseau d'ex baveux et dégoulinants de bons sentiments, de toute manière, alors un de plus un de moins… Ils sont gentils, gentils, ça fait peur ! Tu les appelles sans doute déjà, maintenant que tu as compris que c'était impossible avec moi. Parfait. Eric, Vianney, Yves, Pablo… La vie est belle ! Ils sont gentils, je suis méchant. C'est clair ? Georges n'a jamais existé que dans tes rêves malades. Je ne partage rien, moi, je garde tout. Dès que j'entends le mot "partage" je sors ma fourche et je creuse une tombe. Ah, et ce vieux Christian, tiens, comment il va ce crétin ? Et celui qui est amoureux de toi depuis dix ans, il a enfin réussi à poser sa main sur tes cuisses ? Tu devrais lui dire que ce sera beaucoup mieux quand il sera devenu lui aussi un ex. C'est tellement mieux quand c'est fini. Quand on est enfin débarrassé du sexe, du désir, de l'amour, de toutes ces corvées un peu grotesques que les hommes vous infligent inutilement parce qu'ils n'ont toujours pas compris que ce qui vous fait mouiller c'est l'absence et le manque. On est tellement mieux quand on est morts, hein ! Et les sentiments. Vous voulez des amis ? Pas nous. Pas moi. Je t'aimais quand tu étais ma maitresse, quand tu aimais que j'aime ton cul. Ça ôté, il ne reste rien. Rien. 

Bons amis ? Jamais !