samedi 21 septembre 2013

Les Aventures de Phil et Phobe


Témoin témoigne, Témoin nous parle. Écoutons le Témoin ! Phil Témoin, qui aime la tolérance, ne tolère pas les Phobes encravatés qui passent à côté des landaus sans les soulever. 


Témoin 20/09/2013 - 17h20
C'est malheureux que notre société devienne de plus en plus intolérante. Les lascars de cités ne sont pas forcément des voyous. Je suis descendu d'un RER et j'ai vu une bande d'une vingtaine de jeunes type lascars encapuchonnés et casquettés aider une dame à descendre son landeau dans l'escalier, là où des messieurs en costard encravattés passaient à coté sans même daigner la regarder. Ne soyons pas des "Phobes".

Phil Témoin ne généralise pas, lui. Phil Témoin n'amalgame pas, ni ne stigmatise. Il sait voir l'exception qui ne confirme aucune règle. Phil Témoin descend du RER comme d'autres descendent du singe ou de l'amibe primitive. Et quand il descend du RER, Phil Témoin voit. C'est la descente du RER qui lui ouvre l'Œil, cet œil aigu et certifié anti-amalgame. Phil Témoin ne porte pas de cravate, il ne porte que les landaus du cœur, il porte son œil aigu sur les choses de la cité, et il voit. Tandis que Phobe, lui, passe. Phil voit et Phobe passe. Phil voit le singulier, Phobe ne voit que le pluriel (le pluriel incite à passer, quand le singulier oblige à s'arrêter). Ils ont dès lors un peu de mal à s'entendre, on le conçoit. Phobe croule sous les faits accumulés et en tire des conclusions, Phil refuse. Il ne veut ni accumuler, ni tirer de conclusions, il veut rester libre de penser comme il pense, il ne veut pas que son regard soit contaminé par une accumulation vulgaire de faits forcément divers qui font diversion à son pur regard, incréé, intact. Phil est le cyclope du Bien, il n'a qu'un œil, mais il sait s'en servir. 

Phil aime la différence, respecte la différence, la chérit, et il sait la voir, la distinguer même quand elle se grime en banalité ordinaire. Phil, au contraire de Phobe, sait faire la différence entre des lascars et des voyous. On peut dire que Phil fait la différence comme il fait l'amour, dans la joie de l'invention, de la créativité philique (mais non phallique) et festive. Il sait même voir des lascars un peu rabougris, un peu chétifs, un peu ramollis du biscoto, puisqu'ils doivent se mettre à vingt pour porter un landau. Qui les avait vus avant Phil, ces pauvres lascars si mal dotés par la nature et si emplis de sollicitude, si attentifs au problème du landau dans les escaliers, si concernés par le drame de la mère en bas de l'escalier ? Pas Phobe, en tout cas, tout occupé qu'il est à amalgamer, à stigmatiser, à généraliser, à tirer des conclusions, travaillé par son intolérance et son regard vulgaire, le pauvre ! Phobe est le grand vaisseau  prudhommien cravaté et incliné par la houle qui ne prend pas garde aux berceaux que la main des femmes balance, et Phil met en musique les aventures des landauphores chétifs. Quelle vie merveilleuse est celle de Phil ! Quelle triste vie est celle de Phobe ! Phil soulève la vie, Phobe l'enfonce.

D'un côté, Qualité Phil, de l'autre Quantité Phobe. Quand viendra le jour des adieux, inutile de vous dire de quel côté notre cœur balancera…