mardi 18 septembre 2012

Septembre relatif : The Event


On les a vues se coller à la vitre sale, toute la nuit. Ça bourdonnait de l'autre côté, comme des petits moteurs sans désir. Elles approchaient par dizaines, en rafales, et venaient cogner leurs petites têtes hirsutes et interchangeables au carreau. On se demandait ce qui les attirait si fort. À l'intérieur, cadavres et vivants étaient presque indiscernables, et il arrivait fréquemment qu'on prenne l'un pour l'autre, dans une fumée épaisse comme une soupe. 

On nous dit de toute part qu'il serait très dangereux d'ouvrir la fenêtre, car cela créerait un appel d'air qui pourrait faire s'enflammer l'atmosphère extrêmement chargée, mais si nous n'ouvrons pas la fenêtre nous allons mourir asphyxiés. 

Les secours tardent à arriver et l'on redoute à tout instant que la tour s'effondre. Toutes les cinq minutes est diffusé par haut-parleur un appel qui nous enjoint de rester à nos postes. Il serait plus dangereux encore de tenter de fuir par nos propres moyens. 

Certains jouent aux morpions, d'autres téléphonent à leurs conjoints en pleurant, d'autres encore vérifient sur leurs écrans le cours de la Bourse. J'en ai même vu un qui regardait sur son téléphone portable le dernier épisode en date de sa série préférée, The Event.

Et toujours ces mouches, là, juste derrière la vitre ! Oh Mon Dieu !