samedi 22 septembre 2012

Vacances. Onze anus à Tora-Bora (3)


« Je penche donc je fuis. » C'est du moins ce que j'ai entendu. Je ne comprends toujours pas ce qu'il a voulu dire par là. Pauvre André, c'était un bon cavalier. Toujours est-il que nous ne sommes plus que cinq. Quelle hécatombe ! Je leur avais pourtant bien recommandé de ne pas sortir. Les quelques heures tranquilles, sans aucune explosion, qui ont précédé le crépuscule, les auront abusés. Et puis, surtout, il y a eu cette manifestation quasi surnaturelle qui nous a tous perturbés. 

Au milieu de la nuit, nous avons tous distinctement entendu l'ouverture de Leonore, de Beethoven (la version de 1805). Durant presque un quart d'heure, nous avons écouté, tétanisés, sans un mot, cette musique venue de nulle part. Il était rigoureusement impossible d'en donner la provenance, il était impossible même qu'elle fût. Et pourtant, nous n'avons pas rêvé. 

La tentation était grande, naturellement, d'aller voir à l'extérieur. Le plus troublant est que tous nous avons eu l'impression, la certitude, même, que cette musique n'émanait pas de haut-parleurs qu'on aurait placés là pour la diffuser. On aurait vraiment dit qu'un orchestre était là, à plus de 1500 mètres d'altitude, dans la Safed Koh. Et il ne s'agissait pas d'un orchestre de chambre, mais d'un orchestre symphonique au grand complet, dont il semblait même qu'on avait doublé les effectifs. Quel sens donner à tout cela ?