lundi 7 juillet 2014

Mi majeur


Une seule fois dans ma vie j'ai vu une danseuse qui comprenait la musique sur laquelle elle était en train de danser. C'était Susan Buirge, une élève d'Alwin Nikolais, qui dansait son propre solo sur Jésus que ma joie demeure, de Jean-Sébastien Bach (la version de Dinu Lipatti). C'était tout simple. C'était prodigieux. Enroulé, fluide, mais pourtant extrêmement précis. Nous devions être dans le début des années 1980. Évidemment, pas un des abrutis qui se trouvaient là ne s'en est rendu compte, mais ça ne les a pas empêchés d'aller tomber dans les bras de la danseuse après son solo.

Tombé à genoux devant la version du concerto en mi majeur par Anne-Sophie Mutter et les Solistes de Trondheim.

La tonalité de mi majeur a été faite pour les pianistes, pour la main des pianistes. Elle démontre qu'il existe un accord parfait entre Dieu et le corps des hommes, que l'incarnation n'est pas un vain mot. Tout était entendu, dès avant le commencement.