De tout lui, et comme venue de plus haut que lui (peut-être à cause de ses cheveux qui, vus de là, lui faisaient une couronne blond clair), une onde émanait : une chaleur, mais douce ; une turbulence des émotions, turbulence, qui n'est pas trouble ; surtout l'attention pieuse à quelque chose de plus élevé, qui est tout près, dedans peut-être, qu'il faut communiquer, mais sans y toucher, sans y mettre du sien. Étrange sorte d'homme, me disais-je, qu'est ce pianiste-là en tout cas : si fraternel, si ailleurs pourtant : intouchable. À la source de tant d'émotions étaient un sang-froid, un maintien, moral. Ce qui touchait le plus chez lui, c'était ce désintéressement personnel. Il faisait son métier devant nous, tout simplement, qui est d'avoir commerce avec le sublime. Nécessairement, il a part à des vertus d'un autre ordre, et c'est elles qu'il est là pour annoncer, pas seulement Bach et Beethoven ; un plus haut placé lui parle, et il parle par lui ; d'ailleurs il n'est pas essentiellement quelqu'un qui parle, ni même chante : mais écoute.
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