dimanche 5 janvier 2014

Du vent


« Voilà à quoi sert le travail de l'homme. » C'est Hans Rott, qui avait étudié l'orgue avec Bruckner,  qui parle ainsi, après s'est torché avec la partition qu'il venait de composer. Il composait sans cesse, à l'asile, et ses partitions finissaient toutes ainsi. J'imagine que le papier à musique n'était pas le même qu'aujourd'hui, car il serait désormais assez difficile de l'utiliser à cet usage. J'ai de la sympathie pour Hans Rott, condisciple de Gustav Mahler qui n'a pas fini sa vie dans les bras de la plus belle femme de Vienne, lui.

Quand on voit la manière de lire de la plupart des gens on se dit qu'en effet il vaudrait mieux se torcher avec ce qu'on produit. Ce ne serait que justice. 

Combien de notes y a-t-il dans une seule symphonie post-romantique ? Des millions, sans doute. Et sur ces millions de notes, combien sont écoutées, entendues, appréciées à leur juste valeur ? Quelques dizaines tout au plus. Le reste passe, comme une théorie de débris dans l'espace, à toute allure, près des oreilles des sourds qui nous entourent. 

Du vent. Ils sentent un souffle… Et se rendorment.