Je ne sais ce qui s'est passé, dimanche dernier, pour que les visiteurs (lecteurs ?) sur ce blog aient été si nombreux. Plus de cent trente, alors qu'en temps normal, ça doit tourner autour de la vingtaine, ou trentaine. Peut-être ont-ils été attirés par l'odeur de mon suicide (raté, malheureusement) ? Enfin débarrassés de Georges ? Peut-être plus simplement s'ennuyaient-ils plus que d'habitude ? (Faut-il s'ennuyer, tout de même, pour venir sur un blog lire des textes qui n'intéressent personne !) Les émissions religieuses à la télé (ça existe encore, ça ?) ont peut-être été supprimées ce jour-là par un mouvement de grève intempestif ? Ou bien un mouvement souterrain et hystérique de l'IA mondiale qui a piqué une crise de nerfs ? Heureusement, les choses se sont vite calmées. Vingt-quatre visiteurs hier, et deux aujourd'hui. Qu'il est bon de retrouver ses bonnes habitudes !
Quand je dis que j'ai raté ma vie, ce que personne ne comprend, ni ne croit, je suis sincère. Et je ne parle évidemment pas de réussite sociale. C'est à l'aune des femmes que ce ratage se mesure. Est-ce que je peux expliquer ça ? Oui, je crois, mais ce ne sera pas pour ce matin.
J'ai regardé Koh-Lanta, hier-soir. Tania ne va rien lâcher, elle a la niaque. Elle a de jolies petites fesses, la diététicienne ! Esteban a le visage tout gonflé, il ressemble à un boxeur amoché après un combat. Il pense à ses deux enfants et à sa femme. Les autres aussi, d'ailleurs. Ils pensent tous à leurs petites femmes et à leurs enfants. Cette année, ils sont tous bien élevés, gentils, on ne trouve rien à leur reprocher. Certains sont même sympathiques. La France apaisée, elle se voit à 11 000 kilomètres de chez nous, aux Philippines. Denis-Jusqu'à-tant-que-Brogniart anime Koh Lanta depuis plus de vingt ans. Lui aussi il a la niaque. Moi, ce que je me demande, surtout, c'est comment font les concurrentes pour ne pas avoir de poils sous les bras. C'est louche.
Julia L.B. n'aime pas qu'on la traite de bourgeoise. Elle trouve que c'est une insulte car elle juge que « les bourgeois ont un esprit étriqué ». Je voudrais la rassurer : Je ne trouve pas du tout qu'elle ait l'air d'une bourgeoise. Elle ajoute que cela lui fait penser à « monsieur Bovary ». Ah, ce n''était que ça ? Allons, ce n'est pas si grave.
Je dois aller me faire faire une prise de sang, dans quelques minutes. Je suis bien déçu, car ce ne sera pas Sophie, la très belle infirmière, qui me piquera. Je viens de l'avoir au téléphone : elle n'a pas une voix aussi jolie qu'on aimerait. Quand je l'avais vue en chair et en os, chez moi, il y a quelques années, sa voix ne m'avait pas dérangé, mais au téléphone, malheureusement, c'est flagrant. Je suis heureux qu'on me prenne mon sang. Je crois aux vertus de la saignée, moi. En revanche je me fous du résultat des analyses. Je regrette d'ailleurs que l'ordonnance soit si brève. J'aurais aimé qu'on remplisse six ou sept flacons de mon sang. Il faut faire de la place pour du neuf. Je suis empli de vieux sang.
Philippe Sollers affirmait qu'écrire et lire c'était la même chose. Rien de plus juste ! J'avais fait hier un tweet qui disait : « En voyant comment les gens écrivent, on sait comment ils lisent. Leur lecture se retrouve entièrement dans leur écriture. » et quelqu'un m'a répondu en citant Nicolás Gómez Dávila : « La décadence d'une littérature commence quand ses lecteurs ne savent pas écrire. » Tout cela est parfaitement cohérent. Savoir lire, tout est là. Quand il a eu cinq ans, Sollers s'est aperçu tout à coup qu'il savait lire, et ce moment a été pour lui une révélation d'une extrême importance. Savoir lire, c'est la liberté. C'est pour cette raison que nous avons toujours l'impression de ne croiser que des gens qui sont enfermés dans une prison, la prison de la langue, ou plutôt de la non-langue. Il suffit de lire deux phrases écrites par eux pour savoir qu'ils ne savent pas lire. Ils auront beau faire, ils auront beau se débattre, hurler et tout casser, ils seront toujours enfermés en eux-mêmes. Savoir lire ne va pas de soi. Il faut lutter, pour apprendre à lire. Il faut se battre contre soi-même. Au moins étions-nous un peu aidés par l'École, nous autres qui avons plus de soixante ans, ce qui n'est plus du tout le cas, depuis longtemps. C'est quelque chose qu'on extirpe de soi, comme un sang neuf qu'on extrait de nos vieilles racines, la lecture, ça plonge très loin en nous, contrairement à la vidéo qui reste à la surface.