jeudi 27 février 2014

Suite italienne


C'est une drôle d'œuvre, la Suite italienne de Stravinsky, d'après son Pulcinella. J'ai infiniment de tendresse pour elle, beaucoup plus que pour le ballet originel, d'ailleurs. Je devais avoir une vingtaine d'années quand je l'ai entendue pour la première fois. J'avais acheté le disque à Genève, sans savoir de quoi il était question, mais à cette époque là j'achetais tout ce qui avait trait à Stravinsky. Ayant envie de la récouter ce matin, j'ai cherché sur Youtube et suis tombé sur une version Argerich-Maisky, absolument détestable, comme souvent avec ces deux-là. Ils ont le chic pour faire d'une pièce légère, charmante et pleine d'aimable simplicité, quelque chose de prétentieux, de brutal et démonstratif. Mais on est au courant, bordel, que vous savez jouer de vos instruments, ça commence à se savoir, figurez-vous ! Ç'a beau être de cent coudées au-dessus de toutes les autres interprétations que j'ai trouvées ce matin sur la Toile, je n'ai pas pu aller au bout. La Suite italienne n'est pas une sonate de Bartok, ni du Chostakovitch, et je me rends compte qu'il est des œuvres qui supportent plus facilement les approximations des modestes amateurs que les maniérismes m'as-tu-vu des grands maîtres. Il n'y en a pas beaucoup, peut-être, mais cette suite fait indéniablement partie de ces œuvres qui demandent une qualité qui semble faire cruellement défaut à ces deux-là : l'humilité. Je préfère encore des double-cordes approximatives à cette morgue insupportable et hors de propos.