mardi 2 juin 2009

Je ne saurais dire si le Gaudier vaut le Benthien


Une des choses les plus drôles qu'il m'ait été données de lire récemment. Un lecteur de Renaud Camus qui le remercie. Mais de quoi est-il remercié, Renaud Camus ?

Disons-le comme ça : un type n'écoute jamais de musique. Il ne sait pas ce que c'est, même. Alors, comme il est camusien, vraiment, il lit les livres et écoute les émissions de son idole. Jusque là, tout va bien. Donc, notre camusien tombe sur une émission où Renaud Camus, comme à son habitude, nous "fait découvrir" un compositeur que personne, ou presque, ne connaît. Franz Berwald, qu'il se nomme, le compositeur. Le Berwald en question est un musicien suédois du XIXe, qui a écrit, entre autre, des quatuors à cordes. Peu importe en réalité ; il est l'un de ces innombrables musiciens dont on ne se souvient pas. Je ne dis pas qu'on a raison, mais c'est un fait. Notre camusien n'ayant (il le proclame lui-même) jamais acheté un seul disque de musique, se précipite pour se procurer un disque de Berwald, dont il parle en ces termes :


Franz Berwald 1796 1868 Quatuor n 1 en sol mineur 1818 Quatuor n 2 en mi bémol (enregistrement de 1962) Hélas si c'est bien le Quatuor Benthien (en vinyle), ce n'est pas le Quintet N°1 en ut mineur. On trouve ce Quintet N°1 mais pas par le Quatuor Benthien, il s'agit du Gaudier Ensemble (en cd), le chef d'orchestre étant Marieke Blankestijn. Je ne saurais dire si le Gaudier vaut le Benthien.


Il n'y a vraiment que parmi les lecteurs de Renaud Camus qu'on peut trouver ce genre de cinglés extraordinaires ! Je ne parle pas du « chef d'orchestre », je ne parle pas des "naïvetés" que contient son message, non, je parle de la perversion extrêmement curieuse que révèle ce message. Imaginez : vous ne connaissez rien, mais alors rien du tout, disons à la peinture (mais si, ça peut arriver). Un Papa, passant par là, vous parle, je ne sais pas, moi, de Cristóbal Neverlost, au hasard. Vous allez vous précipiter pour acheter tous les livres qui traitent de sa peinture, vous allez prendre un billet pour New York, pour aller voir un de ses rares tableaux, vous allez passer trois jours à scruter Internet à la recherche du moindre indice sur Neverlost ? Oui ? Alors vous êtes mûrs pour le camusisme.

La chute est tout simplement fabuleuse : « Je ne saurais dire si le Gaudier vaut le Benthien. »

lundi 25 mai 2009

Les Résistants


Tout le monde se souvient de la photographie où l'on voit, côte à côte, les-trois-grands-noms de la chanson française, Brel, Brassens et Ferré. Ils étaient conviés à une émission de radio, ce devait être à la fin des années 1960. J'ai pu entendre tout récemment un extrait de la conversation qu'ils eurent ce jour-là. Il ne m'en reste pas grand-chose, à part ceci.

Le journaliste leur demande leur avis au sujet d'un groupe anglais de pop music, les Beatles. Brel et Brassens s'en tirent un peu hypocritement en bredouillant quelque chose comme : « Oui, c'est joli. » Intervient Ferré, qui ajoute : « Oui, et puis, je crois qu'ils sont bien, ces jeunes ! Je veux dire, politiquement, ils sont bien, politiquement ! »

(J'étais adolescent, lorsque les Beatles sont arrivés dans notre monde, avec leur petits complets de VRP de la culculturellerie. Je crois qu'on ne s'en est jamais vraiment remis, de ces quatre-là ! Comme ils ont bien annoncé l'époque qui allait venir ! En un sens, oui, ils ont été très importants, on ne peut pas soutenir le contraire ! Ils ont montré la voie au mauvais goût, lui ont donné ses lettres de noblesse, et je ne savais pas encore qu'ils allaient transformer le monde à ce point-là, qu'ils allaient porter l'adolescence au pouvoir !)


Ah, Léo, Léo, comme tu vends bien la mèche ! Comme surgit merveilleusement là, dans les quelques mots que tu prononces, toute la glue idéologique qui allait nous tomber dessus quelques années plus tard, et ne plus nous lâcher jusqu'à aujourd'hui ! « Ils sont bien. » Comme ce « Ils sont bien » dit parfaitement tout ce qu'il y a à comprendre ! C'est paradoxal, mais Ferré utilise le même langage que les bourgeois de mon enfance. « Ils sont bien. Ce sont des gens bien ! » ça dit qu'on fait partie du même monde. Ils sont comme nous ! Nous sommes comme eux. Tout va bien. Nous n'en étions qu'au début, on ne savait pas encore très bien comment gérer la chose, mais le principe était déjà clairement posé : faire partie de la bonne part de l'humanité suffisait… à se reconnaître, à s'admettre, à s'aimer. La politique consiste donc, depuis ces années-là, à savoir dans quel camp l'on se trouve, à partager l'humanité en deux : le bon et le mauvais. D'ailleurs, non, je me trompe, on ne partage pas l'humanité en deux, puisque ceux qui sont désignés pour rejoindre le camp adverse se voient privés de cet attribut, précisément, ils n'en sont pas, de l'Humanité. Il n'existe donc qu'un seul camp, le camp des saints. L'époque qui a jeté le christianisme avec l'eau du bain est sans doute une des époques les plus religieuses que la France ait connue…

À partir du moment où l'on décrète que "tout est politique" — et tel est le mot d'ordre qui a imprimé en creux sur toute cette époque son ombre détestable — il faut bien, en toute logique, que celle-ci, la politique, infecte toutes les catégories de la sphère humaine, obligeant les hommes à se déterminer, politiquement. Il est assez amusant que ce soit précisément à ce moment-là que le pacifisme (et son corollaire, l'antimilitarisme) soit devenu non pas une option, un choix, une manière d'envisager une réponse à une situation donnée, mais la seule possibilité qui s'offrait "aux gens bien". En effet, d'un côté l'on raillait l'engagement militaire, la défense du territoire, de la patrie, et de l'autre on prônait l'engagement militant comme plus qu'obligatoire, automatique, consubstantiel à l'état d'homme. "Choisir son camp", au sortir d'une période (la guerre) où il était compréhensible que cette simplification brutale et terrible ait eu cours (mais pour un temps limité), ceux qui n'avaient pas de mots assez durs pour "les anciens combattants", qui les méprisaient tranquillement et leur crachaient dessus nuit et jour, rejouaient à blanc et sans risques la farce du choix, premier et indépassable. De cette époque d'imbéciles vient la fortune carrée du terme de résistance.

J'en ai beaucoup croisés, la semaine dernière, de ces nouveaux "résistants", j'en ai croisés énormément. J'ai dû me farcir leurs discours de vieux cons vulgaires et stupides, leur démagogie révoltante, leur humour consternant, leur veulerie de poivrots, leur manière si particulière de penser que le monde entier ne peut que les aimer, que vouloir leur ressembler, que désirer être des leurs. J'ai dû entendre et lire leurs slogans piteux, écrits dans une langue racornie et fruste. Ils étaient venus en bandes, comme les loups de comédie un peu miteux qu'ils étaient, sont et resteront, vérifier que le monde en était bien resté aux bégaiements maladifs auxquels ils ont donné naguère ces tons rauques et criards. Quand j'ai vu l'affiche de la semaine, la merveille qu'on peut admirer plus haut*, j'ai compris à quoi je devais m'attendre. Que suis-je allé faire dans cette galère, me dira-t-on ? Eh bien mon métier, mon petit métier. Et pour pas un rond, en plus ! Je l'avoue ce soir sans détour : je suis un con.

Un des résistants chefs — je le nommerai Résistant-Moteur, car il m'a beaucoup répété qu'il "avait été moteur" —, un qui avait roulé sa bosse comme on dit, me tend fièrement les catalogues des expos qu'il a organisées. Je feuillette les ouvrages, parsemés généreusement de la "poésie" de Résistant-Moteur, poésie engagée bien sûr, personne n'en doutait je pense, et je tombe sur une peinture de Bernard Rancillac qui s'intitule : « Ulrike Meinhof », représentant le couloir de la prison de Stammhein où les membres de la RAF (Rote Armee Fraktion) étaient emprisonnés, et où elle se suicida le 9 mai 1976. Quand Résistant-Moteur voit que je m'arrête sur cette page-là, il croit bon de me signifier : « Ce n'est pas un hommage à Ulrike Meinhof, c'est une dénonciation de leurs conditions de détention. » Ne lui ayant rien demandé, j'imagine que cette précision était nécessaire, surtout lorsqu'on se trouve en présence d'un médaillon, en regard de la reproduction, dans lequel sont écrits ces simples mots : « À la mémoire d'Ulrike Meinhof » On peut disserter longtemps pour savoir où commence l'hommage et où finit la dénonciation, mais il ne faut pas prendre les gens pour des abrutis, cette toile est bel et bien un hommage à cette brave dame et à ses petits camarades tellement sympathiques et primesautiers. En me rendant sur le site de Bernard Rancillac, j'ai d'ailleurs pu constater que cette toile n'était pas la seule qu'il avait consacrée à cette grande résistante humaniste. Résistant-Moteur croit bon alors de me raconter comment il réussit à persuader les deux assistants de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'économie de Jacques Chirac, qui ne voulaient pas cette peinture dans l'exposition qui se tenait à Bercy. « Je leur ai dit, si vous censurez cette toile, demain matin vous avez deux pages dans Libé ! » Et nos petits conseillers, plus effrayés par les journalistes que par leur ministre ou leurs propres idées, si tant est qu'ils en aient eues, d'obtempérer, le doigt sur la couture du pantalon… Le pire, dans cette histoire tristement emblématique, c'est encore les quelques auteurs cités (convoqués, eux aussi, au parloir de la Résistance), que sont Heine, James Joyce, Charles Juliet, et… Czeslaw Milosz ! Pauvre Milosz, s'il savait dans quoi on l'embarque, quoi qu'il en ait ! Immonde récupération, scandaleux contre-sens, terrifiante bêtise (dans le meilleur des cas) ! Ces gens-là ne reculent devant rien. Ils se servent, comme des enfants voyous dans une boutique de bonbons. Tout est bon pour alimenter le mensonge dévorant de leur idéologie délétère.

À un moment de la conversation, Résistant-Moteur, me parlant du "thème" d'une expo, le sous-titre : « Sous-entendu : respect des différences, quoi ! » J'ai adoré cette explication. Et aussi la fine manière de l'amener : "sous-entendu" (tu parles d'un sous-entendu !)… Je ne pourrai pas citer de mémoire la phrase de Houellebecq, qui me plaît infiniment, et qui dit à peu près : « Comment peut-on aujourd'hui parler des Droits de l'Homme sans qu'il s'agisse d'un second degré, sans qu'on s'étouffe de rire ? » Eh bien si, ces gens-là parlent comme ça, sans le moindre humour, sans la moindre dérision, en ayant l'air de croire à ce qu'ils racontent… C'est proprement stupéfiant ! Respect des différences est un de ces syntagmes coulés dans le plomb, ou l'airain, "qui donnent envie d'envahir la Pologne".


Le soir où Georges a joué se trouvait dans la salle un saxophoniste de jazz de talent, qui eut ces paroles immortelles, avant que le cirque ne commence : « Jamais, JAMAIS, je ne jouerai pour Sarkozy ! » On voit par là le grand courage de ces résistants. Sans doute que le président de la République les harcèle de coups de téléphone, chaque jour que Dieu fait, pour les supplier de venir faire un set à l'Élysée, entre le jogging et le dîner, et pour les couvrir d'or à cette occasion. « Jamais ! Plutôt crever, seul dans une cellule d'isolement, comme ma sœur Ulrike ! »



(*) Bernard Rancillac adore le Che, apparemment, si l'on en juge par le nombre de fois où il l'a représenté, il est donc naturel que Résistant-Moteur (qui est "graphiste", faut-il préciser (les graphistes sont à l'art ce que les sociologues sont aux sciences humaines)) nous ait gratifié de son talent inouï, qui consiste (quelle provoc sublime, quel sens inouï du troisième degré et quart !) à affubler celui-ci d'un nez rouge et d'un smiley. Quand on pense qu'il existe encore des gens pour marcher dans ce genre de combines, pour trouver ça fun, ou rigolo, ou, pire, subversif !


En prime, Georges vous offre un petit extrait des affiches qui ornaient les murs de l'endroit où nous faisions les pitres.

vendredi 8 mai 2009

8 mai


Jour de la Victoire (1945). Mort de Flaubert (1880). Naissance de Keith Jarrett (1945). Mort de Luigi Nono (1990). Jour du lotus blanc. Jour des Fêtes johanniques d'Orléans (depuis 1430).


dimanche 19 avril 2009

Quoi ?

Pardon ?

(…)

Non, pas tant que je serai vivant !

(…)

Oui, c'est-à-dire que pris séparément, on peut les confondre, mais l'ensemble n'est jamais loin de l'idée.

(…)

Annecy ? Oui, c'est une jolie ville où il ne fait pas bon s'ennuyer.

(…)

À l'hôtel ? Ah, oui, si nous ne sommes pas ensemble, je pense que oui.

(…)

Elle est folle, folle à lier vous voyez, folle comme folle qu'on n'en fait plus. Après avoir épousseté les livres, elle est partie se noyer, gentiment.

(…)

Oh, ça ne m'étonnerait pas, vous savez. Si ça se trouve, on va l'apprendre par les journaux.

(…)

Il y a six ans, oui, six ans déjà.

(…)

Comme un âne, vous voulez dire !

mercredi 8 avril 2009

Robinets mal fermés

Le mari de mon amie, architecte bien bâti, et très virilement, parle ainsi : « Qu'ai-je à faire, moi, de vos bruits de chasse d'eau, de robinets mal fermés, de tout ce quotidien que vous nous imposez ? Le quotidien, je l'ai déjà chez moi, ce n'est pas ce que je demande à l'art ! » Heureusement pour nous, il n'aime pas non plus Pelléas, qu'il juge outrageusement mièvre et insupportable dans sa prosodie maniérée.

Mon amie est la fille d'un des grands écrivains du XXe siècle, l'un des derniers surréalistes. Elle sourit gentiment, ne prend pas parti, sa vertu moderne (et sa délicatesse naturelle) l'empêchant de suivre son mari, mais je sais bien qu'elle n'aime pas non plus la musique qu'il fustige avec ses mots de tailleur de pierres.

Chez eux on fait un excellent dîner.


Le problème, comme on disait de mon temps (qui réservait le souci à des pensées plus hautes ou plus intimes), est que ceux qui bricolent ces musiques de robinets mal fermés n'aiment pas non plus Pelléas et Mélisande. Ils veulent bien affirmer que Debussy-Ravel (c'est l'un de ces syntagmes figés qui leur évitent de connaître) c'est très bien, à condition d'ajouter qu'ils « ont influencé Bill Evans », mais ils n'ont pas l'air de comprendre que Debussy c'est aussi Pelléas, que sans connaître Pelléas on ne comprend pas grand-chose à Debussy, de la même manière que sans comprendre que Webern est un ultra-romantique, on ne peut pas l'entendre vraiment.

C'est toujours un peu le même procédé de pensée qui est à l'œuvre. On "aime" un art (un artiste) à cause de l'idéologie qu'on lui prête, de manière le plus souvent totalement anachronique et téléologique. Mélange de paresse intellectuelle et morale qui fait le lit de nos modernes engourdis.

lundi 6 avril 2009

Raymond Barre Phillips


Raymond Barre Phillips Chandler s'est arrêté devant moi. Ça alors ! Mais pourquoi ?

Autour de nous, la rue bruyante, froide, grise, malodorante. J'ouvre les bras, comme ravi de retrouver un vieil ami. Il porte un manteau, d'un beau tissu, mais qui me semble un peu court, un petit chapeau sombre, et des lunettes aux verres cassés. Il a l'air à peine surpris de ces marques d'amitié. « Sais-tu, Chérie, que… » Il ne me laisse pas finir, il entonne les premières mesures de la sonate pour basson et piano que je viens tout juste d'achever : ré-do-si, faaa, sol-la, et j'enchaîne par la partie de piano, comme je peux. Nous allons comme ça jusqu'au développement, puis nous nous saluons et il continue son chemin, comme s'il ne s'était rien passé. C'est d'ailleurs la pure vérité. Que s'est-il passé, hormis une rencontre entre deux hommes, comme il s'en produit tant chaque jour sur terre ?



samedi 4 avril 2009

Page 56


« (…) Ils peuvent s'éblouir du moindre signe d'allure et l'élever en royauté. [Ils] comblent les vides, hissent les choses et les êtres à la hauteur de leur regard. Seule tragédie, ils ne réalisent pas qu'ils agissent.

Eux, lucides en d'autres temps, contemplent l'autre sans savoir qu'ils l'ont ajusté, rehaussé, transfiguré. Ils aiment alors de passion, sentant obscurément qu'il n'y a hors de toute sagesse que celui-ci peut être regardé.

Mais un jour, amer, l'élu s'évapore sans grâce et se montre tel qu'il est : touchant roseau, enlacé à ses racines, ployant déjà sous sa propre courbe, roseau parmi les roseaux, chétive pousse qui se laisse happer et pointe sa hauteur désorientée vers le ciel, l'espace d'un hasard, dans l'instantané des grands vents. »

dimanche 15 mars 2009

France-Musique et la culture du tabac

Journal de huit heures, sur France-Musique, ce matin, 15 mars 2009. Premier titre, longuement développé : la mort du chanteur de variétés, Alain Bashung. Il est semble-t-il mort d'un cancer, ce qui arrive chaque jour à ces centaines de Français, ce qui a touché ou touchera chacun d'entre nous, au moins parmi nos proches. France-Musique, chaîne nationale… En principe dédiée à… la musique. Le papier du journaliste est écrit sur un ton hagiographique et solennel, pour un peu on se demande si cet Alain Bashung n'était pas chef de l'État, ou quelque chose comme ça. Mais non, être "chanteur" (précisons : chanteur de chansons), ou bien acteur, aujourd'hui, vous expose à des funérailles nationales. Déjà, à la mort de Serge Gainsbourg, avait-on dû subir ce genre d'obscénités interminables et invraisemblables.

J'imagine (je n'irai pas vérifier) que dans la blogosphère, ça va frémir et sangloter toute la journée, et certainement plus encore.

samedi 14 mars 2009

Laurent Dramaturgie Goumarre parle

« Pour une phrase de (Catherine) Millet, je donnerais tout (Richard) Millet. » (vendredi 13 mars 2009)

Georges aussi parle :

« Tais-toi, je t'en prie ! »


vendredi 13 février 2009

Vivre avec un animal




« Je le dis tout calmement : je voudrais les tuer ! »


lundi 19 janvier 2009

Revenons aux choses sérieuses


À midi, Luna est assise dans la cuisine, perdue dans ses pensées. Tout à coup, elle pète. Elle fait un bond d'un mètre, se retourne, et regarde l'endroit qu'elle occupait l'instant auparavant avec un étonnement inquiet.

Je ne peux quand-même pas lui dire qu'il ne s'est rien passé !

lundi 10 novembre 2008

Le théorème de Popper-Clitoris

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mercredi 5 novembre 2008

C'est décidé !


C'est décidé, je renonce tout à fait à me faire comprendre de mes lecteurs.

Donc, plus d'explications, plus de justifications, plus rien que le rien de Georges.

Tenez, par exemple : « Ah, le "Toutankhamon papa" est admirable ! » Vous aimeriez savoir pourquoi je copie cette phrase "admirable", ici ? Eh bien vous ne le saurez pas.


Hapax, le médicament pour les Georges.

vendredi 31 octobre 2008

Onze minutes pour cuire Georges


Le visage, encore. Si l'on plonge un visage dans de l'eau bouillante, et que l'on fait cuire à petit feu pendant onze minutes, qu'en est-il des théories d'Emmanuel Lévinas ? C'est le genre de questions que Georges se pose, depuis son réveil, ce matin. De quelle musique accompagner l'opération ? Est-ce que cela va sentir mauvais ? Qu'en pensera Luna ? Comme on le voit, la m-é-t-a-p-h-y-s-i-q-u-e est là, tout près, elle rôde dans la maison, elle envahit le jardin comme une brume sournoise et fuyante.



mercredi 29 octobre 2008

Identité de Georges avec lui-même

Le visage, le visage, le visage. Il paraît. Il paraît.



« Un macaron c'est très bon ou ce n'est pas. »

vendredi 26 septembre 2008

Le Réel et son double (2)

« L'homme numérique moderne est finalement l'être le plus créatif dans toute l'histoire de l'humanité. »

Voilà ce que ces crétins numériques croient pouvoir affirmer sans un clignement de paupière, sans s'étrangler de rire, sous l'œil attendri d'Isabelle Giordano, sur ARTE. Le pauvre type qui récite son catéchisme est Gerfried Stocker, le directeur artistique d'Ars Electronica, "un musée, un laboratoire expérimental, et un festival annuel dédié aux arts numériques". Ces gens, qui n'ont bien entendu jamais été des artistes, ne sont plus des humains. Je ne sais pas pourquoi on a cru bon de les laisser sortir de leur asile.

ARTE, ou la grande tartufferie de la Kulture.

Je veux m'adresser aux maquilleuses du plateau : Mesdames, qu'est-ce que cela fait de maquiller ces créatures ? Avez-vous eu peur ? Avez-vous droit à une prime spéciale pour approcher ces "créateurs de contenu" ? « Créateur de contenu », « producteur de contenu », il faut entendre toute la beauté de l'expression, toute la poésie de la chose… L'Homme, jadis, était lui aussi un "producteur de contenu". Vous savez, la chose dont il allait se débarrasser chaque matin, dans un lieu clos, dans ce lieu où même les rois vont à pied. L'Homme, jadis, n'était pas fier de produire ce contenu, et il estimait de son devoir élémentaire d'Homme d'aller vite s'en débarrasser, unplugged, sans en faire un plat. La logique de l'homme numérique, toute différente, il faut la chercher aux chiottes, ou dans les jardins du château de Versailles, ou chez Sotheby's, en ce moment. Mais je vous préviens : la merde, aujourd'hui, ça vaut de l'or.

Producteurs de contenu, ne tirez plus la chasse !

mercredi 24 septembre 2008

L'enfance de Georges (1)


Georges n'a pas toujours été vieux. Il fallait le voir traverser la campagne sur sa Chopine, les cheveux au vent, rasé de près, l'œil pétillant et le dos droit. Quand il arrivait sur la place du village, toutes les filles, toutes les filles étaient là, bruyantes, parfumées, rouges de plaisir, effrayées à l'idée qu'il descende de cheval. En ce temps-là, Georges ne s'appelait pas Georges. On l'appelait René.

Et pourquoi donc appelait-on Georges René ? Parce que pour naître il a dû s'y reprendre à deux fois. Ayant fait une première tentative en 1944, il n'avait pas réussi à dépasser les deux premières années d'une vie qu'il avait partagé avec Emmanuel, jusqu'à ce que la bonne le mette bêtement dans son lit de tuberculeuse.

mardi 23 septembre 2008

Torpedo afternoon

Chérie, n'en veux pas à Georges. Non, n'en veux pas à Georges d'avoir mis ta photographie sur son blog. Ce n'est pas la peine de lui en vouloir, Chérie ! Je t'assure, ça n'en vaut pas la peine. On appelle ça de l'illustration, tu vois. Souviens-toi, Chérie, quand nous étions enfants, il y a bien longtemps, on nous disait : "Un croquis vaut mille mots." Je sais bien que tu es pudique, je sais bien que tes seins, tu ne les montres qu'à Georges, mais, Chérie, mets-toi dans la peau du blogueur qui a une information à transmettre, une information de la plus haute importance. Tu me connais, Chérie, si ce n'était que moi, j'aurais expliqué, j'aurais pris le temps d'expliquer, avec des mots, avec des phrases, de quoi je voulais parler. Mais tu connais les blogueurs, toujours pressés, toujours zappant du clic, sur leurs planches à revêtement Téfal, ils n'ont pas le temps, les pauvrets, de comprendre, alors Georges, toujours serviable, pour ne pas les retarder dans leur course, Georges leur "fait un croquis". On appelle ça "illustrer son propos". Tu comprends, comme ça on gagne du temps. "Torpedoes", avoue que c'est joli, et que cette photographie illustre à merveille le propos de Georges ! Allez, Chérie, souris-moi, je te jouerai Dedicatoria, de Granados, si tu me pardonnes.



Et nous ferons comme hier comme toujours, nous jouerons à ne pas nous connaître, à ne jamais nous être rencontrés, et je te dirai, dans la rue du Pont sans besoin, devant la fontaine, vers la fin du jour, Oh, Mademoiselle, que vous avez de jolis seins, et toi, comme cent fois, tu me répondras, Monsieur, c'est vrai, Monsieur, mais si je vous les montre, c'est parce que l'eau sous les ponts a coulé depuis que nous ne nous connaissons pas, c'est ainsi et pas autrement, pierre qui roule n'amasse pas mousse, et moi, soulevant mon chapeau, je répondrai À la bonne heure, et ravi d'avoir pu vous rencontrer, Mademoiselle.

dimanche 7 septembre 2008

Dernière minute : La Culture vient d'être assassinée !


(Quelle bonne nouvelle !)


On vient d'apprendre, de source sûre, que La Culture a été victime d'un fou furieux, qui a vidé son blog sur elle, à cinq heures, au moment où elle sortait prendre le thé, en compagnie de MM. Lang, Joey Starr et Jean Voguet. Transportée d'urgence au Val de Grâce, elle n'aurait pas survécu à ses nombreuses plaies, dont l'une sans doute fut fatale, la plaie des blog.

Immédiatement, une cellule de crise a été mise sur trois pieds, cellule à laquelle participent bien névidemment les grands tracteurs du CimerMonde, on aura reconnu Carole Bouclée, Emmanuelle Bélard, Albert Jajart, Guy Dedos, Charles Sterling, Ariane Touchkine, Juliette Bidoche, Vanessa Parasol, Yannick Nokia, Muriel Bourin, Josiane Bamako, Richard Burninger, Jane Bikini. Ces grosses pointures de la morale ont voulu donner leurs organes, et même leur avis, et l'on a assisté à une surenchère de générosités à faire pâlir l'Abbé Fier : c'était à qui donnerait ses globules rouges, ses plaquettes de frein, son sérum La Ruche Posay, son haleine Chammel, sa transpiration inodore, sa diction, une rate impeccable, sa collection complète de Virginie Despentes, un foie normand encore en état bien qu'un peu éméché, un regard éperdu, une dizaine de dents tout juste implantées, une réplique de Cédric Klapisch, un iPod garni, deux poches de silicones garanties à vie, des cheveux en veux-tu en voilà, des tags encore frais, des anneaux clitoridiens à peine portés, et même une paire de Lobb neuves. Malheureusement, les médecins étaient formels, ce n'est pas avec ça qu'on pourrait la tirer d'affaire ! Celui qui a déjà reçu des éclats de blog en pleine face nous comprendra. D'autant qu'il ne s'agissait pas de n'importe quel blog, mais du blog… de Georges de La Fuly !

On avait fini par ne plus le craindre, on avait fini par penser que ses rodomontades et ses éternels grognements de 11h11 ne faisaient peur qu'à lui-même, que ses diatribes enflammées se s'adressaient qu'à un cercle très fermé qui n'entourait que lui… Mais Georges a tenu parole ! Que ne l'a-t-on écouté, lui qui avait toujours proclamé haut et fort qu'il allait en finir avec La Culture ! Depuis la grotte percée d'où il émettait ses utwas, il avait depuis longtemps pris La Culture pour cible. Mais celle-ci, persuadée de son immortalité axiomatique, n'avait jamais daigné accepter les gardes du mort que le CimerMonde lui avait pourtant instamment recommandés. UnaTomber n'a de cesse de ressusciter, et, à chaque fois qu'un obus tombe dans le carré des pseulos, comme il appelle drôlement son QG souterrain, on le voit sauter en l'air… de joie ! Georges est comme Vlado Poutin, il fait ce qu'il dit, mais il ne dit pas toujours ce qu'il fait.

À l'heure où je vous parle, en direct de la chapelle ardente qui a été dressée en catastrophe dans les jardins de l'hôtel particulier de La Culture, "L'Afriche", dans le onzième arrondissement de Paris, on peut voir une foule déjà dense se presser, malgré le froid et la pluie. La Tristesse est là, mais elle s'est fait accompagner de l'Espoir et de l'Utopie, et le trio, habillé par Karl McQueen, a grande allure, en un ensemble de sacs de jute incrustés de baies de coriandres fourrées d'un zest de prophylaxie citoyenne. Mais j'aperçois une grande dame, Madame Solidarité active, au bras de George Cloné, suivie de près par la Sirupeuse, dont on connaît les toiles révolutionnaires, brunes et blondes mousses de houblon dont la matière et l'imaginaire sont sans égales dans la production contemporaine. Klaus Sanpapier, toujours élégant, en shorts de soie sauvage et bottines rouges, trottine à ses côtés. Mais quelle est cette musique grandiose qui s'élève à présent, solennelle et subtile, aérienne et durable ? Jean-Michel Amphore, naturellement ! C'est lui, lunettes noires et figure attristée, aux commandes de ses machines multicolores et polyphoniques, qui délivre un grand message de paix, d'amour et d'espoir, accompagné de ses huit mille choristes de toutes les nationalités, qui s'avance, sur un char gigantesque décoré de symboles orientaux et berbères. Assis à côté de lui, le grand Zinedane Bisous, le regard noir, le cheveu rare. Je ne peux plus suivre, il en vient de partout, on me dit au casque que Sœur Sourire ne devrait plus tarder, et que Monseigneur Fayot est en route, sur son vélib. Quel festif, quel émotif, quel démocravie aux accents tousensemble on va dire !!! Quel granmoment, quel lien lié de liant, quel étonnant étonnement dépassant les clivages, fédérant les énergies, rassemblant les ressemblants de mémoire !!!

Pendant ce temps, d'importantes forces de police encerclent le Carré des Pseulos, la GUIGNE, le RAIDI, la Garde Culturelle, les Bobos Éclectiques, sont en état d'alerte maximale et prêts à se sacrifier, peut-être même à être blessés dans le feu du combat, et l'on voit de simples citoyens s'armer de boules de Noël…

… mais je dois rendre l'antienne, pour la plub. À pusse !

(Pour Madame Fanny Seguin)

lundi 1 septembre 2008

Le Cercle


Fondamental : La vie est entourée d'un cercle au-delà duquel l'homme ne peut aller, et qui le protège de la nuit et du vide. Sur cette image, il est encore là…

lundi 14 juillet 2008

Georges  d é f i l e


Ce matin, entre 11h10 et 11h12 exactement, Georges défilera avec Luna.

C'est tout un travail, ce défilé à préparer. Mais comme nous avons eu toute l'année, nous sommes prêts. La seule vraie difficulté consiste à réussir à marcher précisément à 111 à la noire. Comme vous pouvez le voir sur la photographie prise ce matin à l'aube, nous sommes en train de travailler dur.



mercredi 25 juin 2008

Ouin ouin ouin…

Après nous avoir expliqué que les questions du mal-parler ne lui semblaient pas du plus haut-intérêt, un blogueur musicolant qui passait parfois la tête dans notre bouge s'est dit vexé parce qu'on lui disait que, tout de même, censurer un commentaire de Georges au prétexte qu'il ne parlait pas "du plus haut intérêt qui soit" (les LIVRES ! les LIVRES ! ) était un rien énervant, surtout que le commentaire en question n'était ni agressif ni vexatoire, et qu'il faisait allusion à un billet du blogueur en question, ce qui est bien la moindre des choses pour un commentaire. Sur ce, le blogolian retire Georges de ses liens, pour le punir de lui avoir parlé avec franchise. (Je te l'avais bien dit, Georges, que tu finirais tout seul au fond d'un cachot !)Torniole !!!

Nous, chez Georges, on ne met pas de liens, sauf exception, quand il s'agit de blogueurs anti-blogueurs, et c'est bien la moindre des choses pour le blog de Georges, quand on en connaît la teneur. Lui, le blogartiste, il met des liens. Il fait ce qu'il veut, le blogueur délicat qui joue du Satie, à vrai dire, on s'en fout, mais alors on s'en fout. Et puis, à la vérité, Georges, sauf exception, il préfère qu'on ne lie pas. Il adore pas les liens, on va dire. Sauf quand c'est une poulette qui l'attache au radiateur.

L'autre, le Bon Blogueur, du haut de sa Grandeur aristocratique et artiste, il a puni vilain le méchant Georges. Depuis, on pleure, on pleure, mais alors qu'est-ce qu'on pleure, c'est pas croyable, on savait pas qu'on pouvait être malheureux comme ça. On a déjà mouillé le tapis, le clavier, le balcon, les draps, et cette après-midi on va aller mouiller la pelouse de nos chaudes larmes.

Ces blogueurs sont vraiment tous des cons. S'il savait à quel point ça nous fait plaisir d'être délié, l'autre alambic à charbon ! (Mais j'y pense : est-ce que Ginglose de la Tour nous a lié ??? Vrai problème, ça !)

AU FINALE, on n'est pas mécontent du 25 juin 2008. Que vienne demain !

Pour commencer (de rien)

Le rien, c'est le chien de la rime. C'est ce que nous apprenait Professeur Armand, à l'école du Lien. C'est une phrase qu'il répétait à l'envi, surtout après que son épouse Lisa était passée, sur le coup des trois heures, toute pomponnée, toute rose et souriante. Georges aimait beaucoup Madame Lisa. Madame Lisa aimait tout le monde, on aurait dit. Mais quand-même… C'est bien Georges qu'elle regardait avec ce sourire un peu étrange, étrangement gentil et pourtant étrange. Georges, quand elle lui souriait comme ça, il tournait la tête vers son copain de table et il faisait une bêtise. Quand elle était partie, ça sentait bon. Et toc, c'est là que Professeur Armand nous lâchait sa phrase qui ne voulait rien dire, avec un clin d'œil tout fier. À force, toute la classe la reprenait à la volée, ça faisait chorale. Un jour, par la fenêtre, on a vu Monsieur Tourte qui passait : il a fait un drôle d'air, et Professeur Armand est devenu tout rouge en faisant signe avec la main de nous taire vite fait, mais par en-dessous que l'autre le voit pas.

(…)

Cent onze


On savait bien que la vérité finirait par éclater !

mardi 24 juin 2008

Malentendus (4)

Les malentendus sont une chose essentielle et compliquée. On ne peut vivre sans, et on sait même qu'il vaut mieux ne pas essayer. D'un autre côté, trop c'est trop. Parfois l'on s'en amuse, parfois c'est la désolation qui l'emporte. Plus Georges fait de l'ironie, plus on le prend au sérieux. Il y a peu, il écrivait une petite note où il s'en prenait à Renaud Camus. À lire quelques commentaires, à en entendre d'autres, Georges se rend compte qu'à peu près personne n'a compris de quoi il parlait. Il ne va pas en faire une maladie, mais tout de même.

Le ton général du blog est pourtant clair, Georges n'aime pas la blogosphère, ni les blogueurs. Il a entrepris de leur parler, sans espoir d'être entendu, mais en faisant pourtant comme si c'était possible. Georges a toujours pensé que les coups les plus durs venaient de l'intérieur d'un système ; qu'il était plus efficace, même si beaucoup moins confortable, de critiquer un monde quand on en fait partie que lorsqu'on le regarde de loin. On peut s'absenter de la blogosphère tout en tenant un blog : c'est le pari de Georges. On peut singer les singes, et défaire ou déplacer dans la nuit les traits de la marelle à laquelle tous ces néo-humains jouent désormais, la bouche en cœur et la baïonnette à l'épaule.

Quand on disait ici "qu'il fallait dire" à autrui qu'il n'était pas (assez) cultivé, il fallait évidemment comprendre qu'il fallait le dire aux blogueurs, à cette population informe et spectrale qui opinionne à tour de blog, qui fait tourner ses grand bras mous au-dessus du Réel comme pour le protéger de lui-même et du terrible mal d'être vivant. Il n'est jamais venu à l'idée de celui qui se fait appeler Georges de dire à quiconque qu'il n'est pas cultivé, c'est évidemment grotesque, mais là, en ce cloaque sur lequel flottent quelques nénuphars égarés, je pense qu'il n'y a pas lieu de se gêner, en effet, et qu'il s'agit presque d'un devoir. Ce devoir répond à l'impératif des blogueurs de nous donner leur avis sur tout et sur rien ; se mettant à l'avantage sur cette scène-là, il est plus que normal qu'ils en aient, en retour, les (minuscules) inconvénients.

En conclusion, mon Cher Tanguy de Gentilly, je n'ai pas raison contre Renaud Camus, bien sûr que non, mais j'ai raison contre vous.

dimanche 22 juin 2008

Les Sympas parlent aux Sympas

Frédéric Martel, en procureur vétilleux du politiquement correct, note sur son blog la phrase suivante, qui se trouve "dans [le] triste opus [de Renaud Camus]" :

page 28 : "les Français d'ascendance française".

J'imagine que vous avez noté ce qu'a écrit l'infâme Renaud Camus, page 28 de son triste opus : les Français d'ascendance française !!! Je suis désolé, Monsieur le Procureur, mais c'est écrit, noir sur blanc ! (Noir sur blanc, encore une formule qui sent son colonialisme, ça…) "Les Français d'ascendance française", non mais vous vous rendez compte ??? Et c'est publié, par Fayard, en plus, une grande maison d'édition. On n'en revient pas, n'est-ce pas ! Y a-t-il des relecteurs, chez Fayard, on se le demande ! Des citoyens ? Des jeunes ? Des Humains ? On se prend à douter, Monsieur le Procureur ! Je vous le dis tout net, Monsieur le Procureur, si l'on peut, aujourd'hui, en France, en 2008, dans la Patrie des Droits de l'Homme, écrire que des Français ont eu (auraient eu) des ascendants français, alors, Monsieur le procureur, je vous le dis tout net, et je pèse mes mots, nous sommes au bord du gouffre ! Au bord de l'abîme, oui, parfaitement ! Moi, je me dévoue pour tirer la sonnette d'alarme (oh, remarquez bien que je n'ai pas de mérite, hein, je n'ai pas à me forcer), il faut faire des piqûres de rappel fréquentes, très fréquentes, aux Français, il faut absolument qu'ils revoient leur copie, qu'ils retoquent leurs opinions, leurs idées toutes faites pleines d'a priori reçus d'on ne sait où, peut-être bien de cette fameuse ascendance (hin hin hin) qu'ils voudraient s'inventer pour pouvoir discriminer, stigmatiser en rond, racismer à l'ombre de leurs platanes chrétiens ! Je me dévoue, disais-je, et qu'est-ce que je récolte ? Une fessée de Finkie ! Et une bonne, encore. Je vous assure, Monsieur le procureur, c'est d'ailleurs pour ça que je reste debout, il m'a pas raté, le salaud ! Enfin, moi j'ai la conscience tranquille, j'ai le nerf citoyen en paix ; même le cul en feu, je suis tranquille. Faudra pas venir nous reprocher, après, qu'on est resté inertes, nous les fonctionnaires de cet état immonde que l'Histoire jugera, plus tard. Je vous prie, Monsieur le Procureur, de bien noter tout ceci dans votre grand cahier. Je vous redonne la date : samedi 14 juin 2008, 8h58, juste avant Véro aux infos.


Frédéric Sympa Martel n'est pas gêné, en revanche, quand les Indigènes de la République parlent de la même chose que l'infâme Renaud Camus, en termes autrement crus, autrement dit, quand le vocable de souchiens fait surface, disqualifiant les mêmes que ceux qui ne peuvent exister, dans le petit monde tout bleu tout propre de Frédéric Martel, appelant à sa suite certaine image canine dont bien entendu il ne saurait être question, ni dans le In ni dans le Off de leur petit théâtre macabre, où tous les coups sont permis, à condition qu'ils viennent toujours du même côté.


PS. J'aurais dû intituler ce billet : "Page 28"

PPS. Sur le même sujet, un excellent article de notre ami Le Nouveau Réactionnaire

samedi 21 juin 2008

Malentendus (2)

Un jour, Georges écrivit ceci : « Une après-midi que je m'ennuyais, je me suis mis, pour me délasser, à réécrire Finnegans Wake, comme ça, d'un trait. J'ai fini avant le repas du soir. »

Il reçut ceci en réponse : « Je suis ébahi de ton jugement. », assorti d'un plaidoyer borgesien en faveur de Joyce…


Depuis, Georges n'ose plus écrire. Si même ses meilleurs amis ne comprennent pas ce qu'il écrit, alors que faire ? L'ambition de Georges est d'écrire le plus simplement du monde, pour que tout le monde puisse bien comprendre, et on le traite d'auteur difficile ? Il ferait du 44e degré renversable en spirale rétro-récurrente, sans le savoir ?

Dure est la vie d'un anti-blogueur !

vendredi 20 juin 2008

Malentendus (1)

Jamais les cultures n'ont été si éloignées les unes des autres. Elles ne dialoguent pas pour la simple raison qu'il n'y a plus de cultures ; elles sont le devenir tribal, ethnicisé, idéaliste, de la redéfinition démocratique du monde.
***
Si la littérature est soluble dans la démocratie, entraînant la dégénérescence de la culture en culturel, avons-nous d'autre choix que celui de nous absenter, de devenir des clandestins de la citoyenneté, des parias volontaires ?
***
« Comment, vous employez encore le mot de race ? C'est donc que vous êtes raciste ! » me dit en pâlissant ce très jeune écrivain.

Non seulement j'en use, ayant été élevé dans ce vocabulaire-là par des gens chez lesquels je n'ai jamais entendu nulle dévalorisation d'autrui quant à sa couleur de peau, mais je ne suis pas certain que les races n'aient pas besoin d'exister en tant que telles, ni que les autres races aient tant d'amour pour la nôtre qu'elles veuillent lui ressembler en s'y assimilant par le métissage. La différenciation est un plaisir incomparable et l'indifférenciation source de violence.


L'Opprobre, Richard Millet


samedi 14 juin 2008

Malentendus (3)

« — Vous dites la littérature morte, et cependant vous continuez à écrire et à publier !

— C'est maintenant que tout devient intéressant. Et puis, le fait de savoir qu'au-delà du ciel bleu il y a la nuit sidérale nous empêche-t-il d'accepter la loi primaire des saisons, la mesure humaine du temps et la perception poétique de la terre habitable ? »
L'Opprobre, Richard Millet

mardi 10 juin 2008

Ascèse barbare


"Le progrès et la barbarie sont si étroitement mêlés dans la culture de masse que seule une ascèse barbare à l’encontre de cette culture de masse et du progrès dans les moyens qu’elle met en œuvre permettrait de revenir à ce qu’il y avait avant la barbarie. "


Theodor Adorno, Minima moralia

Précis de bathmologie quotidienne

La bathmologie est la meilleure manière de montrer que deux "oui" peuvent être plus éloignés l'un de l'autre qu'un "oui" et un "non", ce qui, politiquement, aujourd'hui, devrait faire réfléchir nos chers amis les citoyens


+ Quand j'avais dix ans, le X avait un goût de X, parce que c'était du X. (1)

- Quand j'ai eu vingt ans, le X n'avait plus le goût du X, parce que ce n'était plus du X. (2)

+ Quand j'ai eu cinquante ans, le X a retrouvé (en certains cas) un goût de X, parce qu'on a ajouté un goût de X à ce qui n'était toujours pas du X . (3)


(Il va de soi qu'on pourrait appliquer cette séquence du goût et de la saveur à d'autres aliments que le X.)

Comme on le voit, la situation 1 est plus proche de la 2 (si l'on croit encore à la Réalité), bien qu'elle la contredise, et bien qu'elle soit facile à confondre avec la 3. En réalité, rien n'est plus éloigné de la proposition 3 que la proposition 1. Tout Cordicopolis est là, dans cette confusion des semblables qui ne sont que des simulacres. La réalité de mes vingt ans était frelatée, mais moins frelatée qu'une réalité qui frelate au carré, qui en repasse une couche. Une falsification (-) qui porte une pancarte, et une autre (+), ce qu'on appelle bêtement le virtuel, qui n'affiche pas la couleur, ou plutôt qui emprunte celles de la réalité qu'elle a vidé de sa substance. Plus ça ressemble, moins c'en est.

Les avaleurs de pilules d'aujourd'hui (les blogueurs, par exemple), les extatiques du Réseau, sont ceux qui aiment plus le 3 que le 1, ou qui l'aiment autant, ou qui pensent que tous les plus se valent. Ce sont eux, par exemple, qui parlent très fréquemment des "Trois Religions du Livre". Ce n'est qu'un exemple parmi mille. Ce sont eux aussi qui pensent que puisqu'on utilise le même mot, la chose reste la même (et même… qu'elle reste). Les avaleurs de pilules vous expliquent jusqu'à plus soif qu'il ne faut pas se braquer sur ce qui disparaît, puisque à la place, vient autre chose (sic). Ce sont encore les avaleurs de pilules qui pensent que puisqu'une chose est inéluctable, elle est forcément désirable. Ce sont eux, aussi, qui mélangent les catégories, les choses, les situations, les fonctions, les niveaux, les temporalités ; ils vous expliquent volontiers que tel "aliment" est bon pour ceci ou cela, qu'il contient telle vitamine, telle enzyme, tel oligo-aliment, etc. Ils ne savent pas, ou ils ne savent plus, que la nourriture ne sert pas à guérir, mais à se nourrir, et, pas du tout accessoirement, à faire plaisir, aux autres et à soi-même. Ils inventent des mots, par exemple "alicament", qu'ils trouvent super-intelligents, ils adorent inventer des mots, nos avaleurs de pilules, ils pensent que sans cette manie d'inventer des mots, la langue serait morte, pauvre, has been, etc.

Tout ça me fait penser à celui, sur un forum que je fréquente beaucoup, qui m'avait expliqué doctement que la bémol c'est la même chose que sol dièse. L'enharmonie est le lieu audible (et théorique) de la bathmologie à l'œuvre, dans l'art occidental. Et tout notre système harmonique est, bien sûr, basé sur le fait qu'un la bémol n'est pas égal à un sol dièse. La roue tourne rond, mais pas en rond.

vendredi 9 mai 2008

jeudi 8 mai 2008

René


Chopine et son cavalier.

samedi 3 mai 2008

T'as éteint l'ordi, Nicole ?!




- 18/09/2007 - L'iPhone anglais a un firmware 1.1.1
- 18/09/2007 - Annonces de Londres [MàJ]
- 18/09/2007 - 02 Store fermé
- 18/09/2007 - iTunes 7.4.2 disponible
- 18/09/2007 - Les Echos et et Tribune annoncent l'iPhone en novembre
- 18/09/2007 - Téléchargement de musique illégale sur l'iTunes Store, suite
- 18/09/2007 - Toshiba devant la justice américaine pour pratique anticoncurrentielle
- 18/09/2007 - De la poussière derrière la dalle d'un iMac
- 18/09/2007 - Rendez-vous à 11h
- 17/09/2007 - Forbes s'en prend à Steve Jobs
- 17/09/2007 - Les MacBook Pro Santa Rosa sur le Refurb
- 17/09/2007 - L'iPhone va avoir bientôt un nouveau firmware
- 17/09/2007 - Les nouveaux pilotes vidéo des iMac Alu ne sont pas plus rapides
- 17/09/2007 - Les bons d'achat de 100$ envoyés
- 17/09/2007 - Apple bloque les logiciels alternatifs sur les nouveaux iPod [MàJ]
- 17/09/2007 - Un week-end avec un iPhone
- 16/09/2007 - Nouvelle application de désimlockage
- 15/09/2007 - Mise à jour iPod 1.0.1
- 15/09/2007 - l'iPod touch façon iPhone
- 15/09/2007 - Tout vient à point à qui sait attendre
- 15/09/2007 - Première équipe française sur le site Apple US Science
- 15/09/2007 - Pénurie de MacBook Pro 15''
- 14/09/2007 - Nouveaux pilotes ATI pour les iMac 2007
- 14/09/2007 - Le débloquage de l'iPhone et la loi
- La capitalisation boursière d'Apple explose


Il a une mission. Il est dentiste. Je veux dire qu'il a un métier, comme tout le monde. Mais il n'est pas tout à fait comme tout le monde. Toute la journée (on l'imagine, entre deux patients, la bouche ouverte, qui se rue sur son Macbook) il consigne scrupuleusement les événements importants du monde. On le nomme Lionel. "Il a monté un site." (Cool) Il est sympa, hyper sympa. (Super) On pourrait très bien ne vivre qu'au rythme de ses "news", je crois qu'alors tout irait bien. Plus de névrose, plus de déprime, plus de chagrin, plus d'angoisse. Seulement quelques "galères", quelques "soucis", quelques "tueries", quelques "coups de gueule", mais sinon, tout est OK, on va dire.

Nous allons tous chez des médecins, chez des dentistes, nous allons nous faire opérer par des chirurgiens, nous faire masser par des kinésithérapeutes, nous passons parfois devant des juges, il nous arrive d'être défendus par des avocats, reçus par des Directeurs Généraux, et ces praticiens sont peut-être, et de plus en plus, sans doute, des Lionel tels que celui-là, qui entre deux "gestes", entre deux plaidoiries, entre deux rendez-vous, retournent bien vite à leur grande passion : l'ordi.

jeudi 27 mars 2008

c koii cettee picc ??


Un commenpatateur analonyme m'écrit ceci : « c koii cettee picc ?? », à propos du billet que voilà.

Dans un premier réflexe, anonymat plus langue de petit sagouin, j'efface. Puis, en un second temps, je me dis que non, décidément, il faut publier cette extraordinaire question.

Que je répète, donc : c koii cettee picc ?? (garanti 100% intact, bien sûr)


Cette petite question mérite qu'on s'y arrête un instant, je crois. Bien sûr, Georges pourrait lui répondre : Une chatte. Un pubis. Des poils. Une touffe. Un berlingot. La Beauté-même. Un tablier de sapeur. Une motte. Un con. Le Désir. La Femme. Le Sexe. Le sexe. L'appareil génital féminin vu de l'extérieur, par une chaude lumière d'après-midi. Le triangle sacré. Le bonbon. Le bijou. L'abricot. La figue. La boîte à sucres. Le bol aux épices. L'emballement de l'Être. La corbeille. Le nid. La pêche fendue. La triangulation désespérée. Etc. je ne vais pas vous étaler ma science… La question n'est pas vraiment là, on s'en doute un peu. Si M. Anonyme avait voulu savoir ce que représentait cette image collée là au printemps 2007 par Georges (ou Pseu, je ne me rappelle plus), je pense qu'il se serait débrouillé pour formuler sa question autrement. Encore qu'avec ce genre de barbare, rien n'est certain, c'est, comme dit l'autre, le règne du quiproquo institutionnalisé, de la dépense verbale en pure perte. Mais admettons que la question ne porte pas sur la représentation. Alors se posent d'autres problèmes…

Le premier consistant à déchiffrer la… chose que le questionneur a déposé devant notre porte. Nous pouvons dénombrer cinq objets distincts. "c" / "koii" / "cettee" / "picc" / "??"

Afin de ne pas nous laisser troubler inconsidérément par l'ampleur de la tâche, commençons par ce qui, à première vue, semble le plus facile. À la fin du "message", on peut apercevoir très distinctement deux points d'interrogation. Si l'on fait abstraction du fait qu'en général, ce type de ponctuation se conçoit dans le célibat, on peut néanmoins penser, avec une marge d'erreur qui reste raisonnable, qu'il ne s'agit là, tout bonnement, que d'un simple point d'interrogation, mais redoublé, par mégarde, méconnaissance, ou esprit rebelle. Pour le commencement, je crois pouvoir affirmer que la solution est à portée de main. "c"… Rappelez-vous qu'au début du XXIe siècle, la langue française avait fait un bond colossal, elle était passée, presque sans crier gare, de Bossuet au SMS. Sacré progrès, on le conçoit ! Toute cette cérémonie, toutes ces phrases, toutes ces métaphores, lourdes, pompeuses, moisies, corsetées, tout ce décor, tout ce "théâtre", comme dirait Lowlow, avait enfin cédé la place à une ergonomie (j'emploie le terme d'époque) parfaitement idoine (là encore, je fais mon blogueur), accordée aux touches des "portables" et à la pensée de leurs utilisateurs. De belle, elle venait de passer, en un clin d'œil, à s-i-m-p-l-(e), débarrassée enfin de toute syntaxe, de toute couleur, de toute saveur, et, finalement, de tout sens. C'est bien le moins qu'on pouvait espérer, après Céline, Guyotat, Angot. [Qui ? — Angot… (Mais… c'est Boris Joyce !, que, nous avons, au, micro.) — M. Boris Joyce, voulez-vous dire quelques mots au micro de Georges et son blog ? S'il vous plaît ! — … — Non, M. Boris Joyce est pressé, il nous fait signe de la main qu'il n'a pas le temps, il monte dans son jet privé, à destination de… Ah oui, de l'In-nocence ! Bonne fin de début de journée, Monsieur Joyce !] Donc, nous disions qu'il était fort probable que ce "c" soit l'équivalent, en néo-langue française pressée de toutes parts, de "C'est", verbe être, troisième personne du singulier. Bien sûr, les vieux ronchons vont nous dire que, puisqu'il s'agit d'une question, notre correspondant, toujours anonyme, aurait dû écrire "Est-ce" ! D'accord, d'accord, bande de vieux réacs, d'accord, je note donc : « Est-ce » pour le commencement du message. Well, poursuivons (comme dirait VS [Qui ?… Non, rien…]).

Nous avons donc ceci : « Est-ce (…) ? » Un bon début, ça va, ça va, on va y arriver.

Avançons en droite ligne : "koii"… Là, ça se complique nettement. Il y a d'abord ce "i" redoublé qui-pose-soucis-on-va-dire. Mais vous connaissez Pseu, et son bon sens de paysan au ras des iris, voici son interprétation, que je vous livre telle qu'elle me parvient à l'instant : « Cet abruti a laissé son doigt trop longtemps sur le "i", ou bien il a la tremblante. » On ne peut a priori exclure une explication, au motif qu'elle est trop simple, ce serait trop facile. Pour l'instant, et faute de mieux, retenons-la. Reste : "koii" Ce "ko", avec son abrupt "k" initial, me déconcerte quelque peu, je l'avoue. Est-ce allusion à Kafka, à "Monsieur K" (Herbert von Karajan, comme l'appelait Furtwängler), un rappeur quelconque (de toute façon, je n'en connais aucun), un glandu quelconque, ou tout simplement la lettre K, onzième lettre de l'alphabet, celle qui est dans la zone du "i" du "o" du "l" du "j" (puisque ces humains-là n'écrivent qu'avec une prothèse), un coefficient, une contrainte, "K, en lequel une sorte de coin s'est logé, ou qu'un coup de pioche a ravagé, lui enfonçant tout le milieu du visage, qui apparaît maintenant cassé comme celui d'une fée Carabosse à la bouche profondément déprimée, aux narines ravalées, entre le front et le menton monstrueusement proéminents..." (Leiris), ou encore le son K, consonne vélaire occlusive sourde, oui, c'est le plus probable, puisque ces gens-là ne s'expriment plus qu'en sons, en onomatopées, en bruits, en râles, en grognements, en tags, que leur musique rauque évoque pour moi la musique nazie et son pas cadencé, et leur pensée les animaux, mais non, nos frères inférieurs sont nobles, au contraire d'eux.

Voici : remplaçons le fameux K, et son arrogance stupide, par le "qu" auquel il nous plairait de mettre notre pied : "quoi".

Par analogie avec le "koii" qui vient de nous occuper un moment, nous irons vite en besogne, en déclarant unilatéralement que "cettee" est d'une classe similaire (cf Pseu). Nous dirons donc qu'il s'agit d'un adjectif féminin qui sert à désigner, montrer un être, un objet, une idée que le locuteur a présente sous les yeux ou dans sa pensée, la désignation pouvant dans le premier cas être accompagnée éventuellement d'un geste d'indication. Autrement dit : "cette".

Je récapitule. Nous avons donc, au jour d'aujourd'hui : « C'est quoi cette (…) ? » (Si nous tenons au mot à mot, mais il importe de s'y tenir, pour cerner au plus près cette poésie urbaine.) Ou, en français, « Qu'est-ce que c'est que cette (…) ? »

Reste le plus difficile, reste l'écueil, l'hapax, άπαξ λεγόμενον, Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur, Que ce granit du moins montre à jamais sa borne Aux noirs vols du blasphème épars dans le futur : "picc". Toujours ce symptôme de la lettre finale redoublée, mais, en dehors du bilantage, je ne suis pas loin de m'avouer vaincu par ce picc enfoncé tout droit dans mon cerveau reptilien, comme le pic à glace de la belle Sharon sans-culotte.

[…]

Après quelques heures de repos, Pseu ayant lancé les deux Cray XT5 en réseau que nous possédons sur toutes les pistes imaginables, fait appel à Google, à BHL, à JGL, à Francis, à Bernard, à Luna, à Catherine Breillat, à tous les m@nuscripteurs de chez Léo Scheer, il apparaît qu'il pourrait, nous employons le conditionnel — prêts à effectivement revoir notre copie —, qu'il pourrait s'agir d'un emprunt à un mot anglais, singulièrement (drôlement (avec l'esprit rebelle qui convient)) orthographié, le mot "picture", souvent abrégé en "pict", sur le Net, et même en "pic". Si nous prenons en compte (et l'envie nous en démange sacrément) la propension très nette de notre commentateur à redoubler les lettres finales, cette piste nous paraît ne pas devoir être négligée. Pseu, je dois dire, appuie de tout son poids herméneutique cette hypothèse-là. Si on l'admet, nous serions donc en face d'une question portant sur la substance du billet de Georges, autrement dit, nous revenons à notre point de départ, l'anonyme commentateur n'ayant rien voulu savoir d'autre que ce que représentait l'image publiée par George-s (ou son Pseu), puisque le résultat de cette pénible session de déchiffrage nous donnerait : « C'est quoi cette image ? » ou, en français : « Qu'est-ce que c'est que cette image ? », ou encore : « Monsieur, auriez-vous l'amabilité de me décrire l'image que vous avez publiée sur votre billet de mai 2007, car je suis aveugle de naissance. » Ou bien encore : « Monsieur, je me posais ce matin la question suivante : que signifie exactement (j'insiste sur le terme "exactement") le fait que vous ayez publié cette photographie, que d'aucuns (mais je n'en suis pas, je vous rassure) pourraient trouver pornographique, sur votre blog, que par ailleurs (…) ? »

Nous nous contenterons donc de reproduire in extenso le début de ce billet-ci, même si certains voient dans le procédé une facilité, nous considérons au contraire, copiant-collant laborieusement, qu'il s'agit d'une mesure qui vise à restaurer un peu de cohérence et de clarté à un billet qui, à notre corps défendant, a dû prendre son temps pour arriver à comprendre ce que bien d'entre vous auraient écarté d'un revers de main.


La blogosphère, c'est aussi cela. Passer trois heures à essayer de comprendre trois mots de quelqu'un qu'on ne connaît même pas.




Une chatte. Un pubis. Des poils. Une touffe. Un berlingot. La Beauté-même. Un tablier de sapeur. Une motte. Un con. Le Désir. La Femme. Le Sexe. Le sexe. L'appareil génital féminin vu de l'extérieur, par une chaude lumière d'après-midi. Le triangle sacré. Le bonbon. Le bijou. L'abricot. La figue. La boîte à sucres. Le bol aux épices. L'emballement de l'Être. La corbeille. Le nid. La pêche fendue. La triangulation désespérée. Etc.

dimanche 16 mars 2008

ELLE


Pauline Yvonne, tu aurais aujourd'hui quatre-vingt quatorze ans. Mais tu as quatre-vingt neuf ans, pour l'éternité.

(Tuer le temps)

dimanche 14 janvier 2007

Matin calme