mardi 29 juillet 2025

Tour de France


Quand il arriva sur le palier, Gérard entendit des éclats de voix dont il ne comprit d'abord pas la signification. Il est rare qu'on aille dans ces endroits pour regarder le sport à la télévision, et il n'avait pas remarqué que Franciane avait un poste dans la chambre. C'est une de ses collègues qui lui avait dit de monter, alors qu'il poireautait depuis un moment au bas de l'immeuble. Il frappa et une voix inconnue lui dit d'entrer. Il se trouvait là cinq personnes, dont France, deux autres filles et deux hommes, l'un étant le type qu'ils avaient croisé un peu plus tôt dans les escaliers. Ils étaient en train de regarder l'arrivée de la dernière étape du Tour de France et on voyait qu'il y avait quelques passionnés parmi eux. Il fut à la fois surpris et déçu. Le sport l'emmerdait royalement et il n'était pas venu ici pour tisser du lien social avec des putes et des maquereaux. Franciane le comprit et lui dit qu'il n'y en avait pas pour très longtemps. Elle lui présenta Claudie, Isa, Jacques et Franck. Je peux revenir un autre jour, c'est pas grave, dit-il, mais elle lui attrapa la main et le força à s'asseoir près d'elle sur le lit. Il s'installa donc comme il put sur le plumard, dans la chaleur du mois de juillet et du corps luisant de Franciane. La fenêtre était ouverte et l'on entendait la rumeur du boulevard qui faisait contrepoint aux commentaires du journaliste. Les deux filles, qui l'avaient dévisagé brièvement sans la moindre expression, reportèrent leur attention sur l'écran. Isa avait une glace à la main qu'elle lapait à petits coups de langue obscènes, Claudie avait une sucette en bouche, dont la tige blanche dépassait bêtement, et qui faisait une bosse à sa joue droite, Franck faisait des commentaires sur les cyclistes et Jacques s'était assoupi, le dos calé par un gros oreiller noir, un filet de bave coulant à la commissure de ses lèvres. 

Après le tour de France, il a regardé son tour de taille. La dernière étape sera difficile, a-t-il pensé. Mais il n'était pas venu pour refuser l'obstacle. Enfin, ce fut fini, et les quatre surnuméraires déguerpirent. Il lui revint cette phrase qu'il avait lue il y a peu : « On n’est pas ici-bas pour avoir des âmes en paix dans des corps propres. » Aussi, quand elle lui demanda ce qu'il souhaitait, des pensées bien sales lui traversèrent l'esprit, mais il se contenta de répondre qu'il voulait d'abord mettre son nez au creux de ses aisselles. Ça la fit rire. T'es barge, toi, t'as vu comme je transpire ! Il rit poliment et fit une demande plus ordinaire. Elle se leva, après avoir pris les billets qu'il lui tendait, alla les mettre dans son sac à main, et fit une rapide toilette, debout devant le lavabo. Toi aussi, fit-elle. Même s'il venait de prendre une douche, il savait qu'il était inutile de protester, et il se plia bien sagement au rite de purification qu'elle administra avec des gestes lents et las. 

France avait l'air d'une femme sérieuse, elle aurait facilement pu passer pour une secrétaire dans un cabinet médical, ou une institutrice des îles, n'étaient ses seins énormes et sa voix de petite fille, mais c'est sa naïveté, tout sauf feinte, qui lui donnait un attrait sexuel irrésistible. Gérard s'allongea dans ses puissantes odeurs, elle attrapa une capote sur la table de nuit, la mit dans sa bouche, et sans qu'il su comment elle s'y était prise, le morceau de latex enveloppa sa queue qui avait durci instantanément. Ce fut bref. 

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