mardi 13 août 2013

Avec toi



Je me trompais. Ce n'est pas le seul problème moral. L'autre, et c'est sans doute celui qui est décisif, est de savoir si on laisse partir seul un être qu'on aime. C'est déjà arrivé. Ce n'est pas une raison pour persévérer dans l'atrocité. L'homme est par nature d'une insondable bêtise, pas un jour sans qu'on n'éprouve cette pénible condition, mais il est des moments dans la vie où l'on doit choisir entre cette bêtise tranquille et autre chose. Quelle est cette autre chose ? L'inconnu. Sans aucun bénéfice. Il n'y a pas de bénéfice à accompagner celui qui part, et sans doute que cela ne sert à rien, c'est le plus probable. C'est seulement pour pouvoir lui dire : je suis là, avec toi. Partir seul… La seule véritable horreur que Dieu nous inflige, celle qui n'a pas de justification, de compensation, qui est au-delà de toute raison, de toute imagination, de tout espoir. 

« Ah ! sans amour s'en aller sur la mer… »




« Sur moi la nuit immense 

S'étend comme un linceul. »