Dimanche 17 avril 2005, deux heures et demie de l'après-midi, dans mon lit.
Ainsi, jeudi soir, j'ai lu cette « lettre rouge » à Raphaële ! J'ai pris une grande respiration, et j'ai plongé dans la lettre que j'ai lue d'une traite, ou presque, à toute vitesse. Je n'en ai sauté — bêtement, du reste — que deux ou trois phrases, ce que je regrette, mais j'ai néanmoins eu la force d'aller jusqu'au bout.
Raphaële est restée totalement silencieuse, et ne m'a pas interrompu une seule fois, ainsi que je le lui avais expressément demandé. Elle se trouvait à l'hôpital, dans la chambre de garde.
Lorsque je me suis arrêté, il y a eu un grand silence, et j'ai compris qu'elle pleurait. De ces larmes silencieuses et rentréesqui lui sont spécifiques. Quand j'ai réussi à la faire parler un peu, à nouveau, je me suis rendu compte que ma lettre avait eu l'effet d'une bombe, littéralement ; de ce genre de bombes qu'on utilise pour souffler les incendies. Elle m'a parlé avec une proximité qui avait disparu depuis des lustres, entre nous. Elle était triste, choquée, humiliée, mais pourtant tendre.
Elle a refusé que je raccroche, et nous sommes restés au téléphone jusqu'à minuit pile. « J'ai à nouveau mal au sein » m'a-t-elle dit dans un souffle… Je lui fait très mal, c'est certain, mais il fallait sans doute cette violence pour qu'elle réalise (un peu) ce qui est en train d'arriver.
Hier-soir, un texto m'a réveillé. C'était elle, qui avait tenté d'appeler ici (j'avais tout débranché) sans succès, avait appelé Mangin, qui lui a dit qu'il m'avait parlé il y a peu, et ils ont alors (pourquoi, je ne sais pas…) parlé de cette lettre. Elle était blessée dans son amour propre, ainsi que le texto le laissait entendre.
J'ai éclaté en sanglots, et contre toute attente, elle s'est immédiatement calmée, et m'a demandé pardon à plusieurs reprises. Nous nous quittés tendrement. Elle m'a dit qu'elle tenait à moi. Qu'elle ne supportait pas de tomber sur un téléphone muet… Et je l'ai crue.
Ce matin, à sept heures, dès mon réveil, je l'ai appelée. J'avais envie d'elle, j'avais un désir violent d'elle. Je le lui ai dit. Elle ne m'a pas repoussé, et m'a dit : « Attendez vendredi, je viendrai dîner chez vous. » Après avoir raccroché le téléphone, je me suis branlé en criant son nom. J'ai joui.
Il neige. Je suis au lit. Mère me manque terriblement.
Raphaële m'a parlé de sa solitude, l'été dernier. Apparemment, elle en a souffert ; beaucoup plus que je ne l'imaginais. « J'ai failli devenir folle », m'a-t-elle avoué !