(…) Positionnées l’une en face de l’autre, elles se déshabillent en faisant tomber sur le sol, toutes en même temps, le pagne qu’elles portent comme jupe. Cette opération, expliquent-elles, sert à éviter la pudeur et à éloigner les pouvoirs négatifs. Une fois nues, elles prennent place, assises par deux, l’une en face de l’autre, avec les jambes légèrement fléchies et croisées. (…) Les jeunes filles se lancent alors dans un massage mutuel très énergique, en utilisant des beurres. C’est ainsi, et pendant plusieurs années, qu’elles apprennent, par imitation, la technique du gukuna qui consiste à étirer peu à peu, mais avec force et régularité, les petites lèvres du vagin.
(…) Le gukuna conditionne la sexualité rwandaise. Elle repose en effet sur une série d’actes codifiés : les deux partenaires sont assis l’un en face de l’autre avec les jambes croisées les unes entre les autres (dans la même position que pendant le gukuna). Cette position croisée des partenaires permet à l’homme de réaliser le kunyaza, qui consiste en une technique particulière de stimulation du clitoris (l’homme tapote le clitoris avec son pénis). D’après les interlocutrices, le kunyaza permet aux femmes de "faire beaucoup d’eau" (amazi). Si une femme n’en produit pas assez, ou pas du tout, elle est appelée igihama, du verbe guhaama, cultiver un champ durci par le soleil.
(…) Le kunyaza permet à la femme d’atteindre un degré d’excitation élevé et c’est seulement quand elle est sur le point d’avoir un orgasme qu’elle se couche sur le dos et que le rapport continue avec pénétration. Le verbe utilisé à propos de l’excitation féminine est kunyaàra, qui signifie "produire d’abondantes sécrétions vaginales pendant le coït", ce qui est socialement valorisé. Dans les paroles de mes informatrices, c’est l’alliance du kunyaza (technique masculine), et du gukuna (technique féminine de préparation du corps), qui leur permet d’"arriver à destination", kuraanziga (l’orgasme).
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Les lèvres vaginales, appelées aussi labia, sont des replis cutanés formant la partie externe visible de la vulve. Dans l’appareil génital féminin, elles forment deux paires de larges replis superposés, verticaux (position debout), les petites lèvres situées à l'intérieur des grandes lèvres et des poils pubiens qui les couvrent. Les lèvres entourent et protègent le clitoris à leur extrémité supérieure, en haut de l'espace interlabial et du vestibule vaginal et de ses deux orifices, le méat urétral et plus bas l'ostium vaginal. Les grandes lèvres sont très réduites chez les hominoïdes, à l'exception de Pan paniscus et Homo sapiens.
Les nymphes courtes mesurent de 15 à 20 mm de longueur. Le type courant mesure de 30 à 35 mm. Le type aliforme, le plus développé, en ailes de papillon, atteint 4 cm et plus. Bien qu’il les range dans des catégories, Gérard Zwang insiste sur l’extraordinaire variété morphologique de ces lamelles élastiques : chaque femme possède sa paire de nymphes, comme une marque de fabrique unique sur terre.