dimanche 26 février 2012

Eurydice ou l'Inspiration


Tais-toi, je t'en prie ! S'il est un sujet à propos duquel il convient de se taire, c'est bien celui-là. Quoi dire qui ne soit pas immédiatement de trop, à côté, mal venu ? Oui, non. C'est à peu près tout. Comme dans l'amour, à part répéter qu'on aime, on ne peut rien dire d'intelligent.

Il y a pourtant des œuvres dont on se dit immédiatement qu'elles sont inspirées, plus inspirées que d'autres, que les autres. Surtout ne pas réfléchir. Ne pas se retourner sur ses pas. Ne pas la perdre…

La sonate pour flûte, alto et harpe, de Debussy, est l'une de ces œuvres, cela je le sais depuis toujours. Mais depuis quelques années, le premier quatuor de Bartok, au moins son premier mouvement, me paraît entrer dans le cercle très fermé des œuvres qui doivent presque tout à l'inspiration, c'est-à-dire presque rien au métier, au savoir-faire, à l'application des règles de composition, de l'élaboration et du développement, de la transition, et que sais-je encore. Cela c'est toujours par les interprètes d'une œuvre qu'on en devient conscient. Certains savent retrouver le fil du temps vivant, d'autres pas.

Mais à peine ai-je écrit ces quelques lignes que je les regrette, que j'en ai honte. À quoi sert de parler de ce qui est indémontrable, à quoi sert de dire à la femme qu'on aime qu'on l'aime ? À quoi sert de dire qu'on ne sait rien dire ?