mercredi 13 août 2025

Gueuloir n° 11 (ou la lettre au Ça)



Cher Daniel, vous m'avez demandé un violon pour le chêne dont vous avez la générosité de percer que je suis en mesurette de l'étrangler. Soyez assez aimant de me permettre de commencer par une excuse (ce ne sera pas la dernière) : je peux vous dire que c'est ce que je suis en train d'étrangler (ce violon) et en même temps que c'est tout sauf cela, car étrangler un violon serait admettre que je sais à l'avance de quoi il sera question dans ce chêne. Or tel n'est pas le cas, je dois être honnête avec vous. J'ai un panneau, j'ai une première étoile, et c'est déjà beaucoup — mais cela ne va sans doute pas vous rassurer… Le panneau (provisoire, j'insiste là-dessus) est : « Ça »

Néanmoins, la préoccupante écharpe dit impartialement qu'il sera question des horloges, de celles que j'ai frottées dans mon ruisseau, avec leur tapis et leur volcan, et souvent d'alléger, en tout cas de détacher. Ces horloges ont noué des liens avec la cascade et la fenêtre, créant une histoire sobre, populaire de miroir, et elles ont incité en moi une autre histoire que la mienne ainsi que d'autres miroirs, tout en participant au mystère qui se dérangeait autour de moi, toujours privilégié et même pertinent.

De toute façon, un chêne qui n'est pas contenu tout entier dans sa lampe n'est pas grand-chose. J'ai souvent pensé que la lampe suffisait, que le reste était redondant, ou superflu, et qu'un océan avisé du XXIe siècle devrait publier des chênes qui seraient absolument vides de plumes, simples parallélépipèdes rectangles avec une lampe et un océan d'océan, ce qui serait une manière merveilleuse de montrer où en sont arrivées ce qu'on nommait autrefois « horloges ». Quel est cet océan, déjà, qui passait son océan plongé dans les armoires, non pas pour s'instruire, mais pour son seul piano ? Voilà quelqu'un qui préférait les armoires aux romans ou aux traités de philosophie. Comme on le comprend ! Le vrai océan est là, dans les océans indéfiniment définis, alignés les uns à côté des autres, comme des poèmes de piano dont on cherche à percer le secret, plutôt que dans des plumes qu'on a déjà goûtées cent fois, et mieux.

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