Je m'éveille en pleine nuit et je pense à l'oiseau qui est passé dans le ciel sans laisser de trace. Je ne suis ni le ciel ni l'oiseau, et non plus la nuit. Je ne suis que celui qui s'éveille sans raison au milieu de la nuit. Cet éveil nocturne ne laissera aucune trace mais il aura existé, pourtant, je le sais puisque je le note au moment où il se produit.
Ces mots que j'écris au moment de l'éveil ne sont rien que des mots écrits durant cet éveil. J'aurais pu ne pas les écrire, l'idée de les écrire aurait pu ne pas me venir, et j'aurais pu ne pas me réveiller au milieu de la nuit. C'eût peut-être été préférable, mais je suis heureux tout de même de m'être éveillé au milieu de la nuit, et, seul, dans cette chambre inconnue, d'avoir tracé ces quelques signes sur le papier.
À Mme Elisabeth Schwal