lundi 19 février 2018

Patinage…



Le mauvais goût ne se montre nulle part ailleurs avec plus de force que dans ce qu'on appelle "le sport", qui devrait être appelé spectacle sportif, car le sport a disparu (comme l'industrie culturelle a remplacé la culture (et l'art), le spectacle sportif a remplacé le sport). Les exemples sont légion ; je n'en prendrai qu'un.

En deux mots, deux mensonges : le patinage artistique porte un nom effroyable, et la chose est tout aussi effroyable. Ce sport a autant à voir avec un art, même un art mineur, qu'une de nos starlettes françaises actuelles avec la Fornarina ou la Joconde, et ce spectacle a autant à voir avec un sport que le rugby avec la belote, ou le lancer du javelot avec la brouette japonaise. 

Tout est laid, dans ce "sport". De la musique, toujours infâme, grotesque, kitch à un degré ultime, quand elle n'est pas ignoblement putassière, à ces gestes ridicules exécutés avec cette soi-disant "grâce" qui leur donne toujours l'air d'avoir été imaginés par des rats de laboratoire soumis à l'écoute intensive de la musique de Jean-Michel Jarre, le patinage artistique ne quitte jamais les rives de l'immonde. Entre deux acrobaties, ce ne sont que jérémiades visuelles, caricatures funambulesques, misérables mimes de la danse classique. Le dégoût causé par semblable pâtée est sans pareil. Et je ne dirai rien de ces tenues qui feraient honte à n'importe quel homme ayant connu un jour la civilisation. Le patinage artistique, c'est un art qui serait tombé dans les égouts du sport. Il y a d'ailleurs un indice qui ne trompe pas : le patinage artistique est présenté par Nelson Montfort. 

En revanche, rien de plus beau que le patinage de vitesse. Comme souvent, comme toujours, les sports qui n'ont d'autre ambition que l'efficacité sont ceux dont le geste est le plus beau, car l'efficacité ne peut pas mentir. Là, on supprime tout le superflu, qui alourdit, qui perturbe, qui ralentit. Le geste, repris des milliers de fois, travaillé et retravaillé jusqu'à l'obsession, a atteint le stade de l'épure, il s'inscrit dans un cercle parfait, c'est un théorème. La course à pied, le patinage de vitesse, sont des sports magnifiques. Un geste, un seul, mais poussé à ses conséquences ultimes, un geste éprouvé ; il ne peut pas être efficace sans être beau, il ne peut pas être beau sans être efficace. La descente à ski est également une épreuve splendide, et le saut à ski. J'aime ces sports où tout souci esthétique est gommé, au profit de ce qui fait aller vite, ou loin, ces sports où l'on ne peut pas tricher. Ce sont les seuls vrais sports