vendredi 23 février 2018

L'Œuf (et la poule)



Ce n'est pas de sa faute.

Elle n'y peut rien. Elle est comme ça. Elle ne voit pas le problème. 

Ce n'est pas de sa faute.

Elle ne voit pas, tout simplement. Ne sait pas de quoi on lui parle. C'est un œuf, avec son jaune, son blanc, et sa coquille. Bien fermé sur lui-même. Parfait. La coquille est fragile, mais tant qu'on ne la brise pas, elle est parfaitement close.

Tantôt à la coque, tantôt mollette, tantôt dure, mais tout ça reste enclos, parfaitement, sous la coquille. Elle ne tient pas debout. Ce n'est pas de sa faute. Ou alors il faut la coincer entre quatre tours de biscottes. Couchée, ça va. Roule sur elle-même. N'a besoin que d'elle-même. 

Le temps des amours est passé. On a besoin de chaleur et de… Et de rien. 

Ce n'est pas de sa faute. 

Un jour, un homme mettra le pied dessus, par inadvertance. Ça ne fera pas beaucoup de bruit. Il dira : « Merde ! » Il aura un peu de jaune sous la semelle. 

C'est tout.