mercredi 2 avril 2014

Le Dossier de l'Écran


C'est devenu une obligation. Tous, ils portent un gros dossier sous le bras, en sortant de l'Élysée ou de Matignon. Un obscur communicant a dû leur expliquer qu'ils devaient absolument donner l'impression qu'ils sont sans cesse au travail. « Jamais sans mon dossier de l'écran », semblent-ils nous dire, avec cet air de mauvais comédiens recrutés au dernier moment pour une publicité de seconde zone. 

Je sais bien que le pouvoir est toujours plus ou moins une comédie, une représentation, mais enfin point n'est besoin de mal jouer et de jouer faux et à contretemps. Imagine-t-on Louis XIV avec un dossier sous le bras ? Et même Charles de Gaulle ? Les dossiers, ils se trouvent dans les bureaux, c'est là que se passe le travail d'un ministre, pas sur un perron sous l'œil des photographes. Ils n'ont qu'à les faire porter par leurs assistants, ces précieux et lourds dossiers, ce serait bien leur rôle ! 

Je ne leur demande pas de se pointer en jeans avec les mains dans les poches, mais ce ne sont pas non plus des "chefs d'entreprises" qui ont à gérer une PME ! Qu'ils augmentent leurs salaires ne me dérange pas du tout. Qu'ils soient très bien rétribués, au contraire, les élus de la République, cela devrait leur éviter de succomber à la corruption. Ce n'est évidemment pas avec les salaires des responsables politiques ni avec les repas de l'Élysée que la France doit faire des économies, c'est de la foutaise post-communiste ! Qu'ils fassent leur travail le mieux possible, dans les meilleurs conditions possibles, mais qu'ils sachent, en contrepartie, que la sanction démocratique est sans appel. Pas de démagogie, mais pas non plus de laisser-aller et de faux-fuyants. C'est la France qui mérite les ors, le luxe et l'apparat, qu'ils ne l'oublient pas. Les signes du pouvoir sont nécessaires, les apparences sont importantes, mais il ne faut pas confondre le pouvoir politique et celui d'un chef de rayon au BHV.