dimanche 28 octobre 2018

Changement d'heure



On est nombreux, à la maison. Je ne sais pas exactement qui se trouve là, mais il y Ariane, et, au studio, je m'amuse à jouer un peu sur son violoncelle. Je compare le son qu'il a avec… Avec quoi, je sais plus. On est très serrés, les uns sur les autres, j'ai à peine la place de tirer sur les cordes – je ne me sers pas de l'archet car je ne sais pas jouer avec l'archet, mais en pizz je me débrouille. 

Un peu plus tard, je suis avec Sarah. Elle doit repartir pour Paris. Elle me demande si je ne veux pas venir. « Tu as ta chambre, tu sais. » Mais je refuse. Je veux rester là, mais je ne sais pas pourquoi. Je la prends dans mes bras, je pose mes mains sur ses fesses, elle me fait toujours le même effet, j'ai toujours très envie d'elle et elle a l'air d'en avoir envie aussi. Elle sourit. Elle est lisse, douce. Elle est plus mince qu'avant. Alors pourquoi ne pas l'accompagner ? Je ne sais pas. Je ne peux pas quitter la maison. Je l'accompagne à son train. C'est un TGV rempli d'animaux : des chiens, mais des chiens énormes, gigantesques. Ils mesurent à peu près deux mètres de long, et ils sont endormis. Le TGV est orange (comme les anciens) mais il se déforme, il est souple, parfois large parfois étroit, parfois droit parfois penché. On ne trouve pas le sien facilement. En m'embrassant, elle pose sa main doucement sur ma queue. 

Le lac est gelé, percé de trous par les pêcheurs, mais désert. Je m'approche d'un trou, qui doit mesurer à peu près cinquante centimètres de diamètre, mais au moment où je m'apprête à regarder dans le trou, pour voir l'eau, et peut-être un banc de poissons, je ne vois rien, mais j'entends. J'entends le trou, j'entends l'eau, j'entends les poissons. Ils parlent. Leur conversation m'est audible, très nettement audible, bien qu'ils aient une voix de violoncelle. Comme ce sont des poissons, je ne comprends pas de quoi ils parlent, mais quand leur ballet sonore est moins dense, je peux apercevoir, derrière eux, ce qui se passe au fond de l'eau. Je vois Sarah, allongée sur le ventre au fond du lac, je vois ses fesses sublimes, et je l'entends qui me dit : « Tu as ta chambre, tu sais. » Ici, près de Dieu, sur ce lac gelé, je me demande pour la première fois de ma vie qui je suis, et je suis bien obligé de reconnaître que je n'en ai pas la moindre idée. Malgré cela, je décide de rentrer à la maison. La route est gelée, il fait un soleil magnifique, et je fredonne une chanson d'Amalia Rodrigues