mardi 16 décembre 2014

FLASH SPÉCIAL : JACQUES ATTALI AU SOMMET DE SON ART


Nous interrompons nos programmes pour diffuser, en urgence absolue, ce document exceptionnel, rapporté par nos intrépides envoyés spéciaux en territoire ennemi. Depuis la disparition de la grande, de l'immense Florence Foster Jenkins, le monde était en deuil. Un seul être était capable de relever ce défi surhumain, et cet être, c'est JACQUES ATTALI, bien sûr. Vous n'aviez pas osé en rêver — Jacques Attali l'a fait. Conseiller du prince, banquier, philosophe, écrivain, plagiaire, ectoplasme vitaminé, bête de scène, chef d'orchestre, critique d'art, comique troupier, escroc d'aéroport, client-télé, baroudeur de plateau, technicien de surface convexe, arpenteur de lieux communs, récitant de grand-messe, néologiste enturbané, technophile à poil dur, distributeur d'encens à 0%, créateur de parfums d'ambiance, Don Quichotte sans manche, écrabouilleur de Français de souche, pompier sans trompette, écornifleur hors classe, alcoolique détaxé, phénoménologue menstruel, mélodiste en cyclone, séducteur de quadrature veuve, parolier céleste, conférencier classe affaire, hibernatus décoloré, décorateur de Panthéon socialiste, cor de chasse de sang froid, sol dièse à pistons, clef anglaise à col roulé, jambe de bois pour danseuse nue, épiphénomène pâle, chihuahua chauve, astronaute à l'azote, ne cherchez pas, Jacques Attali a tout fait, a tout été, a tout essayé, a tout pensé, a tout compris, même ce qu'aucun cerveau humain ne peut ni envisager ni désirer ni souhaiter ni redouter ni imaginer. Attali se situe là où le bât blesse, où l'espoir trébuche, où le Dow Jones s'effrite, où l'ange renonce à s'annoncer, où la Chine s'endort à rebours, où Leonarda s'épile la truffe, il nous surprend, nous émeut, nous secoue la glande morale, nous asphyxie le cornet à friture, et cela sera le cas durant mille ans, que nul ne l'ignore. 

Comme l'extension du domaine de la lutte est infinie, pour des êtres comme ceux-là, il fallait que Jacques se mette à la direction d'orchestre, comme d'autres se mettent au tricot, à la pelote basque, ou au trading instantané, sur le tard. Nulle compétence, entends-je, au fond de la salle ? Tut-tut-tut ! La compétence est à Jacques Attali ce que le hameçon est au saumon d'élevage surmené : un pont entre le génie et le désespoir. Attali ne s'embarrasse pas des grandes lois universelles, du savoir-faire humain, des obstacles un peu has-been que le réel, toujours mesquin, s'échine vulgairement à disposer sur la route antique des hommes prudents. Attali chausse ses moufles de sept dieux, néglige le bâton du pèlerin et se tient très au-dessus des contingences techniques, il est le Chef, à mesure que d'autres sont simplement des exécutants, et, dès lors, n'a plus qu'à agiter vaguement ses membres pour que le frisson sublime parcourt la matière qu'il pétrit de son esprit illuminé de grâce et de ductile poésie. Face à l'orchestre, il est comme le vent face à la forêt, comme Dieu face à la matière informe du tohu-bohu, et son regard de vieil hibou translucide suffit à conduire le char céleste à destination. Il ne fallait rien moins que le divin Mozart pour que Jacques fasse jaillir la musique des sphères de ces artisans ordinaires et limités. Nul doute que le prochain orchestre qu'on lui mettra entre les mains sera le Philharmonique de Berlin, et même cet orchestre fameux aura du mal à entendre l'illimité qui condescendra, peut-être, à le diriger.  

Mais voyons tout de suite à quoi ressemble un miracle, quand Jacques Attali prend la peine de nous en faire la démonstration.