dimanche 14 septembre 2014

Presque rien



En regardant une interview de Cioran datant de 1973, je m'aperçois de la proximité de son visage avec celui d'Emil Gilels. La face carrée, les cheveux… Taureaux espiègles…

« Je ne suis pas plus bête qu'un autre. » « Je ne trouve pas qu'il faille absolument (se) réaliser. Mais il faut être quelqu'un. »

Je suis au jardin, ça sent les figues pourries ; à part les oiseaux, je n'entends qu'un avion, haut dans le ciel. Mon corps est rompu. Si j'avais un revolver, je le presserais contre ma tempe et je tirerais. Je vois la scène, mon corps renversé sur le côté gauche, dans l'herbe, le sang rouge, un tout petit désordre. Presque rien. L'avion continuerait à voler, les oiseaux à chanter. N'était la détonation qui, immanquablement, alerterait les voisins, rien ne changerait alentour. 

À quoi sert d'essayer de dire le vrai ? À rien. À rien du tout. Il faut se retirer du monde…