dimanche 15 juin 2014

Marie


Marie est morte. Ça n'a pas fait beaucoup de bruit. Décharge de sang dans le cerveau. Hémorragie. On voit le visage : il ne change pas. La figure reste identique mais on devine qu'à l'intérieur c'est la guerre. Même pas la guerre, la débâcle, la déroute, l'effondrement. Les digues lâchent toutes en même temps. J'ai connu ça il y a douze ans. La parole d'abord qui se dissout comme sous l'effet d'un acide puissant. Je connaissais mal Marie. Pourtant à cette nouvelle j'ai senti à nouveau frissonner en moi l'effroi froid et sans ponctuation — on n'y est pas mais c'est peut-être pour demain. Matin après-midi soir sans un bruit c'est ça sans un bruit on glisse et rien pour se rattraper. Hémorragie. À l'intérieur les frontières tombent l'indistinct envahit tout efface tout écran noir fin des programmes on a juste le temps de sentir une dernière fois sentir les Jardins de Bagatelle on entend les oiseaux pourtant il savent mais le monde va rester. 

Chacun reste de son côté…