Les abrutis en croûte dont les gueules démontrent biologiquement qu'ils n'ont jamais entretenu de rapports autres qu'administratifs ou comptables découvrent le mot « pisse-froid » ; ça les tient debout durant quelques heures, de se croire transgressifs et modernes, alors qu'ils ne font que se badigeonner la panse d'une pathétique tranquillité de vieux bourgeois séniles avant l'heure. La mollesse de leur âme qui sent le vin de messe et la viande en poudre les incite à se répandre en pitoyables ricanements, tout simplement parce qu'ils n'ont pas de regard, pas d'oreilles pour entendre, pas de goût pour goûter, et surtout pas le plus petit commencement du saint Dégoût qui sauve. Même Josette de Saint-Deubé-la-Garde a plus de courage et de clairvoyance que ces affalés fidèles-au-poste qui tètent comme des gorets déshydratés la propagande répugnante qui inonde les écrans. Contents. Ça va. Ça roule. Liquéfiés de plaisir. On ne critique pas le Plaisir ! Elle est bonne, hein ! Contents, trop contents, super-contents, ils ne supportent pas qu'on pouffe de rire devant leurs idoles momifiées et cupides tenues à bout de moignons par des esclaves appointés et sans imagination. Ça les défrise, la critique et le sarcasme, ils réclament plus d'eau bénite à tous les repas, même si elle pue la merde. Veulent acquiescer en paix et sur-bénir la pitance breneuse qu'on leur balance dans la tronche. Ils veulent en être, dans leurs cages Q-air-codées, du futur-en-marche et en technicolor qui braille sa laideur et sa bêtise à s'en décrocher les dents de sagesse sous les encouragements des pauvres milliardaires « à l'international ». Ils se battent les cuisses en cadence, ils voient-pas-le-problème (ils ne le voyaient déjà pas en 2020, ni avant), ils sont lancés sur l'autoroute savonnée de la reptation morveuse, ça les grise de ouf. Même une pute bien putain a plus de loyauté et d'honneur et de morale que ces ardents troufions déjà rassis à trente ans qui restent bien tranquilles sur leur cul qu'ils imaginent moulé sur le trône d'un siècle miroitant de vomi et de vertu.
Tous ces casseurs-de-code par procuration enfilent tous les codes qui se présentent par les deux bouts sans prendre le temps de respirer, il n'y a qu'à les entendre parler, on en est essoufflé pour eux. Ceux que vous prenez pour des blasphémateurs (tu parles ! Pour blasphémer, il faut du talent et de la culture) ne sont que des curés défroqués et refroqués, de tout petits fanatiques nerveux et planqués qui ne connaissent qu'un mode de dégueulis ratatiné et trouillard, toujours le même ; ils choisissent leurs cibles avec soin : celles qui sont déjà mortes (religions, reines, grandeur) ou qui croient devoir se laisser flageller sans réagir. Ces nouveaux curés bouffent du Conformisme jusqu'à s'en faire péter le bidon, ils s'en tatouent les fesses et la plante des pieds, il leur en sort par les trous de nez et les oreilles tellement ils en sont pleins. Voyez leur face tuméfiée de conformisme. Ils mangent du conformisme, ils dorment dans le conformisme, ils copulent entre conformistes, il s'habillent chez Conformisme. Ils votent Conformiste Ier, en toute occasion. Mais attention ! Ne vous avisez pas de railler leur religion à eux, leurs dogmes, leurs articles de foi. Là ils deviennent mauvais, et savent trouver des appuis dans toutes les pègres du jour pour vous faire taire définitivement et par tous les moyens.
C'est bien normal, qu'ils se réjouissent de ce que le catholicisme soit moqué et caricaturé, ces attardés gazeux, puisque c'est le seul totem qui serait en mesure de faire pièce à l'horreur qui vient, qui est déjà là, si tant est que les cathos ne soient pas déjà tous passés avec armes et bagages à l'ennemi qui les piétine sans qu'ils osent se plaindre — car ils se croient chrétiens. « Le triomphe du Diable tient surtout à ce que ceux qui le connaissaient bien ne sont plus là. » On manque cruellement de ceux qui ont connu autre chose que cette époque malade de vertu et de bonté hystériques et morbides.
Le joli Thomas s'en est donné à cœur joie, et en a profité au passage pour se refaire le compte en banque : si ça se trouve il peut tenir jusqu'à l'Apocalypse, avec ça, tranquille, Frérot, la vraie apocalypse, sans obèses ni plumes synthétiques, celle qui révélera peut-être enfin aux légumes en pâmoison qu'ils ont le cerveau rempli de merde. Le consensus des amibes bat son plein et remplit les poches de ceux qui auront su enfourcher le maudit canasson à temps.
Il faudrait écrire l'histoire des Nouveaux Beaufs, mille fois plus malfaisants que leurs aînés, car ils n'ont plus personne pour les tourner en dérision. Les Nouveaux Beaufs sont au pouvoir, les Nouveaux Beaufs sont dans la rue, les Nouveaux Beaufs sont à l'Assemblée nationale, les Nouveaux Beaufs nous soignent. Et ils ont de la camelote dans leurs placards, vous pouvez me croire. Tout ce qu'ils avaient accumulé depuis vingt ou trente ans : ça déborde, et ils veulent nous en faire profiter, ces putrides apatrides. Terreur, guillotine, communisme, nazisme, goulag, laogai, Pol Pot, Robespierre, Mao, Hitler, Staline, ils se sont recyclés, c'est tout. Personne ne voit l'histoire dans sa continuité noire. C'est pas sympa de regarder sous les draps. Ça effraie les endormis célestes qui applaudissent à l'érection des plugs anaux et brûlent ou laissent brûler les cathédrales. Ils voient pas le rapport. Ils vous accusent d'exagérer. Eux, ils font la sieste entre deux cérémonies, entre deux événements sportifs, entre deux marche-des-fiertés ; c'est du boulot, tout ça.
Je pense à mon vieux copain Gérard, clarinettiste à l'orchestre de la Garde Républicaine. Comme il doit souffrir, le pauvre, s'il est encore en vie, d'écouter l'ignoble chef qu'ils ont aujourd'hui ! « Pour nous, il n'y a pas de sous-culture. Et pour une institution comme la Garde républicaine, c'est important de montrer qu'elle n'est pas figée mais évolue avec son époque et est ouverte sur tous les genres musicaux. » Ce fumier ne perd pas de temps. Ils sont partout, ces ordures, à tous les postes, dans toutes les institutions qui étaient censées nous protéger, nous représenter ou nous laisser vivoter en marge de l'Horreur. Où qu'on se tourne on respire ce fumet âcre et méphitique, toutes les issues sont bouchées, Madame la marquise. Même la Momie canadienne en chef est venue de son Texas grotesque pour toucher sa paie et pousser une dernière gueulante à la proue de son vertige. Mais qu'ils se noient tous dans la Seine, qu'ils attrapent des furoncles et des maladies très-orphelines, que le fleuve immémorial nous débarrasse de toute cette racaille sinistre ! Vive les Renégats ! Vive les nouveaux pisse-froid ! Marie-Antoinette avec nous !
Un certain Patrick Robin, sur Facebook, écrit ceci, auquel je ne touche pas, même de l'orteil, tellement c'est beau : « vous etes peut etre juste hors jeu chère madame et un peu déconnecté, il y a 60 ans les vieille personnes trouvaient les Beatles sans talent et ridicules, plus récemment les memes réactionnaires conservateurs hurlaient au scandale pour la pyramide du Louvre et les exemples seraient nombreux... » Ce pauvre type est précieux sans le savoir. Il dit à peu près tout, en très peu de mots, avec la graphie et l'orthographe qui conviennent. Les Beatles sont des saints : ils ont en leur temps montré la voie. Sur ce modèle s'est édifié depuis lors un monde absolument dégueulasse dont nous voyons aujourd'hui l'apothéose. Il n'y a rien de surprenant, donc, à les voir cités à comparaître ici, ils sont la caution morale et monétaire du Désastre qui est en train de révéler ses fins dernières.
P.S En écrivant ce texte, j'apprends qu'Annie Le Brun est morte aujourd'hui. Ça ne m'étonne pas. Supporter ça vous crèverait un bœuf. Ils ont aussi ça à leur actif, ces salauds : beaucoup d'entre nous ne survivront plus très longtemps à ces cérémonies de l'Horreur et du Déshonneur, à ces mariages grandioses de la caste et du tapin.