mardi 25 juin 2013

Désir d'enfant…

Madame, Monsieur,

vous avez toujours voulu avoir un enfant, votre plus grande tristesse est de ne pouvoir procréer, mais vous ne voulez ni adopter un gentil petit Noir qui mourait de faim ni avoir recours à la GPA. Rassurez-vous, si nous n'avons pas les moyens de vous procurer le petit être que vous désirez plus que tout, nous avons en revanche la possibilité de vous consoler de son absence. Nous ne parlons pas de cet enfant idéalisé, de ce merveilleux bébé aux boucles blondes et aux petites mains potelées dont la photographie trône sur la commode de la chambre jusqu'à la triste vieillesse de ses parents, abandonnés par lui dans un institut spécialisé, nous parlons de l'enfant réel, celui dont vous devrez vous occuper chaque jour que Dieu fait dans l'espoir de vous pousser au suicide, cet être infâme, idiot, méchant, irresponsable, égoïste au dernier degré, désinvolte, grossier, brutal, bruyant, vulgaire et consternant de conformisme, qui semble n'exister que pour vous taper et exiger toujours plus de vous, alors que vous lui donnez déjà tout. Il est laid, il est sale, il est analphabète, maladroit, il s'habille comme un clodo, il fume au lit, il ne nettoie jamais les toilettes, il est rivé du matin au soir à son portable, il boit du Coca à table, il rote devant vous sans même mettre sa main devant sa bouche, vous ne savez jamais s'il va rentrer ou non, ni à quelle heure, il vous impose ses copines, encore plus vulgaires que lui si c'est possible, qui ne vous disent même pas bonjour lorsqu'elles s'invitent à dormir dans la chambre dont vous ne possédez pas la clef et dont, évidemment, l'entrée vous est strictement interdite, il vous ment (très mal) sans aucune vergogne, il vole sans se gêner, et il se permet de vous faire la morale sur tous les sujets, des plus futiles aux plus graves, avec la morgue imbécile de celui qui ne connaît rien à rien et qui n'a jamais eu à se battre pour exister, à qui l'on offre tout avant même qu'il ne le demande, sans bien sûr qu'il pense à remercier tant cela lui semble dû. 

Vous étiez prêts à lui pardonner tout cela, dans votre grande bonté, ce dont nous ne saurions vous blâmer. Mais voici que votre Cher Petit s'est découvert une passion (il était temps !), et qu'il s'est mis en tête qu'il était "un artiste" ! Nous sommes certains que lorsque vous aurez entendu ce que cela donne, vous serez enfin prêts à comprendre à quel grand malheur vous avez échappé. Aucun père, aucune mère, ne veut en arriver à tuer son propre enfant, et c'est pourtant ce que vous auriez fait, tout naturellement, si vous aviez dû supporter ce qui suit :




Ne nous remerciez pas, c'est notre métier.