jeudi 2 août 2012

Le Retour de Dijon (mais…)


Dissidence et sécession sont deux mamelles de l'In-nocence... Non violente : oui, bien entendu — sauf à être absolument contraint. Non nocente, plutôt. Combattante. La question de notre radicalité, sur laquelle ont été dites ici ou là brièvement des choses sérieuses et d'autres plus plaisantes (mais...), sans être semble-t-il remarquées ou considérées (ce qui est sans importance), cette question est cruciale. Il n'y a pas d’œuvre possible hors d'elle (pour Marc) ; l'ornière dont il faut se sortir (il le faut, c'est une question terminale car "planétaire"), qui est presque aussi ancienne que notre civilisation (ses accusateurs ont surtout le tort de n'être que cela : des négateurs minuscules, de médiocres nettoyeurs pris dans une négativité qui les dépasse de toutes parts — ils feront si peu des morts), et peut-être presque aussi ancienne que l'homme lui-même (depuis qu'il n'est pas qu'un "animal ceci ou cela" (social, mémorieux, logiquant...), c'est-à-dire depuis "toujours"), cette ornière appelle elle-même (ici, il faudrait un M) à s'en dégager. On le voit tous les jours, sur toute la surface de cette Terre qui n'en peut plus, qui n'en veut plus, qui s'est de longue date toujours plus absentée, indemne. L'ornière, étonnamment, ne fait au fond que cela : appeler — par sa clôture même sur elle-même qui semble devoir se clore toujours plus, irrémédiablement. Lecirculus vitiosus ne fait pas que tourner en rond, il se resserre sans cesse. La spirale est attirée par le vide. Nous cherchons le passage, celui qui se fait attendre. La langue est l'épicentre. 

 Dijon Bourdier au petit déjeuner, c'est une apocalypse en chambre ! Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas ri comme ça… « Il n'y a pas d'œuvre possible hors d'elle (pour Marc). » Oui, je sais, on a déjà lu ça, aux heures les plus claires du Stalinisme, on dirait du Nizan, ou pire, mais tout de même, que des dingues pareils soient aux commandes d'un parti politique qui par ailleurs a l'air sérieux, c'est d'une drôlerie à couper le souffle. Dijon Bourdier ou l'art des trois points et des guillemets, Dijon Bourdier et les raccourcis, Dijon Bourdier et les sous-entendus, Dijon Bourdier et le "laisser-entendre". Laisser entendre quoi ? Mais qu'il a tout lu, tout compris, tout retenu, tout analysé, tout dépassé, que vous n'y êtes pas du tout, mais alors pas du tout du tout… Dijon Bourdier, c'est le furet de l'In-nocence, il est déjà passé par ici, il est déjà repassé par là, ventre à terre, au galop, brasse coulée, rage papillon, Dijon Bourdier, c'est le Messie des lanternes, à prendre ou à laisser, pardon, à reprendre ou à relaisser, c'est le feu follet de la Reconquête, debout devant les tombes, comme un moulin à vent qui crache ses farines aux quatre points cardinaux sans prendre le temps de respirer. C'est tout de même crevant de voir Renaud Camus en Sancho Panza, à tenter de suivre le Radical Combattant qui pique (mais…) les flancs de la Bête… "Cette ornière appelle elle-même (ici, il faudrait un M) à s'en dégager", en effet, Dijon, en effet, mais c'est pas demain la veille que tu vas te dégager de Toi-Même, avec un ™ inscrit au cœur de la farine, étonnamment, par sa clôture même sur elle-même irrémédiablement toujours plus nous cherchons le passage (mesure à 12/8, prestissimo) dans l'ornière qui se fait attendre, tirant la langue à l'épicentre accusateur et indemne.

Bien entendu, Bourdier nous dépasse de toutes parts, de la tête et des épaules comme on dit à la télé, et si la spirale est attiré par le vide, comme nous le pensons avec lui, après lui, sous lui, en dehors de lui, comme lui, ce ne peut être que parce que le Circulus Vitiosus n'est pas assez tautologiquement castrateur (mesure à 5/8, lento pesante), cela va presque de soi.


On l'a maintes fois constaté, l'époque manque cruellement d'humour, mais c'est peut-être simplement parce que celui-là a changé d'émetteurs : de nos jours, les seuls qui ne manquent pas d'humour sont ceux qui ignorent absolument qu'ils sont d'une drôlerie étourdissante (mais…).