Ce n'est une surprise pour personne, on sait bien à quel point "la scène contemporaine" est remplie d'abrutis, d'imbéciles, de bras cassés, de tarés, de charlatans et de médiocres en tous genres, mais entendre en direct et soir après soir les productions qui se montrent à Avignon cette année (du moins celles qui sont retransmises sur les ondes de France-Culture) est une expérience intéressante en cela qu'elle arrive tout de même à nous surprendre. Mauvais à ce point ??? Eh oui, mauvais à ce point !
Mais enfin, ça doit bien exister tout de même, les bons auteurs, les bons acteurs, les bons metteurs en scène, les bonnes troupes, les bons textes ? Non ? C'est vraiment fini, terminé, out ? C'est interdit, ou bien quoi ?
Ah oui, peut-être que c'est ça. Les bons textes doivent être interdits, je ne vois que cette explication. Les bons acteurs doivent être à l'hospice, ou en prison, les bons éditeurs doivent être dans des asiles psychiatriques.
Avignon c'est désormais du niveau du bien nommé "spectacle de rue". La rue a gagné. La connerie éructante a gagné. Elle n'a même pas besoin d'éructer, d'ailleurs, elle peut tout se permettre. Qu'elle chuchote ou qu'elle gueule tant qu'elle peut, c'est le même filet d'eau tiède et crasseuse qui nous tombe dans l'oreille.
Ah, il faut les entendre, les "hommes de théâtre", ces putains sans aucun amour propre, venir pleurnicher sans vergogne à la radio, venir demander que l'État mette la main à la poche et le nez dans la farine. Pour un peu, on les verrait s'agenouiller devant leur État, qu'ils somment ridiculement de "s'occuper de l'art", "d'avoir une vision, un projet". Le cri de guerre de ces Harpagon post-gauchistes, c'est : « Mon État, mon État, mon État ! » Ils veulent qu'on les comprenne, qu'on s'occupe d'eux, qu'on les materne, qu'on soit gentil avec eux, qu'on ne les critique pas trop, et en plus qu'on écoute les leçons qu'ils se croient autorisés à donner nuit et jour aux pauvres ploucs qui ne sont pas tout à fait de leur avis. Ils veulent être torchés, consolés, reconnus, mais conserver pourtant le statut de rebelles cotés en bourse que Télérama ou les Inrocks déposent avec onction sur les fronts anxieux de petits vieux précoces qu'ils ont depuis que Jack Lang les a abandonnés en rase banlieue. Tonton n'est plus là, et il se sont mis à fantasmer sur François le Nouveau, le pneu triste à la fleur d'oranger qui flotte comme un œil de gras sur la mer maigre de la gauche française. Quelle déveine ! Vilar, Vittez, Chéreau, Nordey… On peut dire que la pente est abrupte, et la soupe amère ! J'entendais hier une de ces piteuses pleureuses venir dévoiler le pot au rose : « Quand je vais dans les ministères, je leur demande toujours : "Mais cet argent que vous me donnez, c'est pour quoi faire ?" » Non seulement il faut leur donner de l'argent, non seulement il faut les nourrir à la sonde gastrique, ces grands alités tristes, mais en plus il faut se justifier de dépenser des sommes folles pour leurs gesticulations infâmes, afin sans doute qu'ils puissent ensuite dormir du sommeil du juste ! Ils veulent bien profiter du système, mais ils veulent le faire en étant absous par avance de tout péché, ces cons ! « Et je n'ai jamais de réponse ! » ajoute cette crapule… Un peu comme ces mafieux qui vont régulièrement à la messe, il exigent de bien dormir, après leur mauvais coups.
« La vitesse [est] devenue aussi immobile que la mort », la parole aussi inutile que le silence… La seule chose qui sauverait ces braillards obscènes, ce serait d'avoir un peu de vergogne, mais c'est précisément ce qui leur fait cruellement défaut.
« La vitesse [est] devenue aussi immobile que la mort », la parole aussi inutile que le silence… La seule chose qui sauverait ces braillards obscènes, ce serait d'avoir un peu de vergogne, mais c'est précisément ce qui leur fait cruellement défaut.