dimanche 11 mars 2012

Ils sont tous protestants !


Le christianisme est la religion de l'Europe : ce sol lui convient plus même que son pays natal ; il y a poussé des racines profondes ; il s'y est mêlé à toutes nos institutions : pour toutes les nations du Nord de l'Europe et pour toutes celles qui, dans le Midi de cette partie du monde, se sont substituées aux Romains, le christianisme est aussi ancien que la civilisation. C'est la main de cette religion qui façonna ces nations neuves ; la croix est sur toutes les couronnes ; tous les codes commencent par le symbole : les rois sont des oints, la religion est civile ; les deux puissances se confondent ; chacune emprunte de l'autre une partie de sa force, et, malgré les querelles qui ont divisé ces deux sœurs, elles ne peuvent vivre séparées.

L'homme le plus hardi ne saurait rien imaginer qu'on puisse substituer à ce système religieux. Tous nos Érostrastes ont détruit ; aucun n'a substitué, aucun même n'a osé proposer quelque chose à la place de ce qu'il voulait faire disparaître ; en sorte qu'il faut toujours être chrétien ou rien.

Mais le principe fondamental de cette religion, l'axiome primitif sur lequel reposait tout l'univers avant les novateurs du XVIe siècle, c'était l'infaillibilité de l'enseignement d'où résulte le respect aveugle pour l'autorité, l'abnégation de tout raisonnement individuel, et par conséquent l'universalité de croyance.

Or ces novateurs sapèrent cette base : ils substituèrent le jugement particulier au jugement catholique ; ils substituèrent follement l'autorité exclusive d'un tiers à celle du ministère enseignant plus ancien que le livre et chargé de nous l'expliquer.

De là vient le caractère particulier de l'hérésie du XVIe siècle. Elle n'est point seulement une hérésie religieuse, mais une hérésie civile, parce qu'en affranchissant le peuple du joug de l'obéissance et lui accordant la souveraineté religieuse, elle déchaîne l'orgueil général contre l'autorité, et met la discussion à la place de l'obéissance.

De là ce caractère terrible que le protestantisme déployé dès son berceau : il est né rebelle, et l'insurrection est son état habituel.
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Hommes des tous les pays et de tous les cultes, observateurs de tous les systèmes, remarquez bien et ne l'oubliez pas : L'évangile enseigné par l'église protestante n'a jamais fait peur à Robespierre.
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Certains Indiens disent que la terre repose sur un grand éléphant ; et si on leur demande sur quoi s'appuie l'éléphant, ils répondent : sur une grande tortue. Jusque là tout va bien, et la terre ne court pas le moindre risque ; mais si on les presse et qu'on leur demande encore quel est le soutien de la grande tortue, ils se taisent et la laissent en l'air.
La théologie protestante ressemble tout à fait à cette physique indienne. Elle appuie le salut sur la foi, et la foi sur le livre : quant au livre, c'est la grande tortue.
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Le grand ennemi de l'Europe qu'il importe d'étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l'ulcère funeste qui s'attache à toutes les souverainetés et qui les ronge sans relâche ; le fils de l'orgueil, le père de l'anarchie, le dissolvant universel, c'est le protestantisme.

Envie de recopier tout Joseph de Maistre, ce matin… Que nos laïcards tocards le lisent un peu, et peut-être même, à la lumière de notre temps funeste, le comprennent, voilà qui serait une grâce ! Pour le dire à la manière maistrienne, il faut être "catholique ou rien". Le protestantisme, ce n'est rien, l'islamisme, ce n'est rien. J'ai entendu Kristeva hier à la radio qui parlait, avec une gâteuse gourmandise, des "multivers" ; le multivers / l'univers, bien sûr, comme preuve de l'erreur profonde du catholicisme. Encore un gadget pour amuser les enfants… Comment peut-on être aussi bête ?