jeudi 5 juillet 2018

La sale gueule de l'hyper-morale



Ne croyez pas qu'il ne soit qu'un pauvre type inoffensif un peu raboté de l'hippocampe. Kivoudike Chuiunnome est un petit dictateur d'alcôve qui veut contraindre ses interlocuteurs à considérer attentivement ses pratiques sexuelles, ses désirs, ses fantaisies, et ses névroses, alors qu'on pensait bêtement s'adresser à lui comme à n'importe qui (être M. Raoul Lambda, c'est si banal, quand on peut elgébétiser la République et faire chier le monde entier en se posant en victime), qui veut les faire plier devant son identité au botox.

Les LGBT, c'est ça : des gens qui, quand on leur parle de nature, de ce que l'on voit, de l'apparence, et donc du donné, répondent « Moi-je » et « Ma-sexualité ». Mais on s'en branle complètement, de leur sexualité ! Ça ne nous intéresse absolument pas, de savoir comment ils empilent les escalopes dans leur chambre à coucher ! Et si ça ne nous intéresse pas, ce n'est pas du tout en raison d'une soi-disant pruderie ou d'un quelconque ordre moral – et encore moins d'une volonté de discriminer qui que ce soit (pour ça, ils n'ont attendu personne, ces tordus) –, c'est seulement parce que ce n'est pas intéressant. Mais ces gens-là sont tellement encombrés de leur sexualité qu'ils doivent sans cesse la mettre au centre des débats, et ils se sentent tellement incomplets qu'ils cherchent perpétuellement dans le langage quelque chose qui viendrait combler le vide qui les terrorise. Ça fuit de partout, dans leur cinéma intime. Être seulement ce qu'ils sont ? Accepter le donné, la réalité, le hasard, la génétique, le destin, la providence, l'héritage, la race, la vie un peu merdique et étrange, ordinaire et merveilleuse, banale et singulière, qui nous échoit ? Mais vous n'y pensez pas ! Ils ont la prétention de chaque jour se créer, veulent se tirer eux-mêmes par les cheveux des marais où ils barbotent, veulent être les égaux de Dieu, ces pitoyables pantins désarticulés qui portent leur si implexe et instable sexualité comme un furoncle sur le pif. 

Mais vous pensez peut-être qu'il est fou, ce pauvre homme ? Non, il n'est pas fou, pas du tout ; ou alors il l'est au sens où un idéologue l'est. Ces zozos bouffent de l'idéologie vingt fois par jour, et ils se goinfrent tellement que ça leur sort par les trous de nez, par les oreilles, par la bouche, et même sans doute par le trou-de-balle. Ce sont des boulimiques du discours-planche, ce discours qui leur permet de surfer sur la réalité sans jamais se mouiller. Ils se gargarisent de mots et de catégories parce qu'ils sont dépourvus du flegme ordinaire qui permet de faire avec ce qu'on a. Leur absence d'humilité n'a d'égal que leur absence de décence, la décence de celui qui sait qu'il n'est pas si important qu'il faille emmerder les autres avec ses problèmes de touche-pipi. 

La seule réalité que connaissent les elgébétiques, ces nouveaux paralytiques à subventions de l'hyper-morale en tranches, c'est la plainte rauque et ressassante de la Victime en CDI, le brame blême de l'Offensé institutionnel, qui ne trouve de jouissance que dans la matraque fantasmée du regard de l'autre : le Patriarche à tête de nazi. Quand je pense à nos Gueules cassées de jadis, qui se cachaient, elles qui avaient de vraies raisons de la faire, la gueule, j'ai envie de vider ma poubelle de phrases ratées sur ces porte-étendards multicolores qui glapissent dans nos rues comme des oies à qui on a coupé la tête. 

Tout bien réfléchi, on ne peut pas lui donner complètement tort, à Machin : Ça, un homme ? La question se pose…