jeudi 28 juin 2018

Dernière sortie avant le paradis


On souffre. On souffre énormément. C'est dur, d'être dans le camp du Bien. 

Non, j'suis désolé, mais on ne pense pas assez à la souffrance de ces gens-là qui, jour après jour, samedi après samedi, doivent entendre et supporter les horreurs proférées par les fachos, les nauséabonds, les nazis, les empaffés de droite homophobes, sexistes, xénophobes, repliés sur eux-mêmes, aigris, jaloux, intolérants, mesquins, bas-du-front, alcooliques, beaufs, mangeurs de viande et fans de foot. Moi, par exemple, vous voyez, je tiendrais pas le coup, quoi, j'veux dire ; j'me serais déjà pendu à mon string, sûr ! C'est des héros, ces mecs-là ! Faut le dire. 

Regardez l'Angot, comme elle se contient ! C'est beau, cette réserve, cette sagesse, cette abnégation, cette zenitude chauffée à blanc, ce quant-à-soi lyophilisé ! Tout dans l'intérieur… Elle endure l'ordure. Elle prend sur elle, elle pince les lèvres, elle serre les fesses. Elle est au bord de l'explosion, et pourtant elle reste calme et digne. 

Le Père Moix, lui, il prie Jésus de bien vouloir pardonner à Dupont, de le prendre sous son aile. Regardez comme il est bien concentré dans sa prière ! On sent que ça monte du ventre, c'est de l'authentique. Ça parle latin, à l'intérieur, sûr et certain.

OK, ya Benguigui qui craque, d'accord. Il en a une descente d'organes, Ben. Y's'dit, mais c'est pas possible c'qu'il est con, le Nico, c't'affreux, c't'énorme, formidable, il va se faire péter le pancréas, à force de nous sortir des horreurs pareilles, et on va encore se farcir de la cervelle de facho sur les Weston !

La blonde, elle, on sait pas trop. Peut-être qu'elle comprend pas le français, c'est possible. Ou alors elle a des remontées acides, ou bien une coulée de vinaigre balsamique dans le surmoi, qui sait. Mais bon, elle est pas bien non plus, ça se voit. On a envie de lui taper dans le dos pour qu'elle fasse son petit rototo discret. Je ne sais même pas son nom, mais je la plains. Je préfère encore avoir la lèpre que de souffrir ce qu'elle souffre.