dimanche 10 mars 2013

Rigueur torse



En addendum à deux précédentes entrées de ce blog, voici une intervention de Cassandre, sur le forum de parti de l'In-nocence, qui me paraît éclairante et précieuse :

Autant la rigueur mathématique du spécialiste est nécessaire pour comprendre le réel quand il échappe aux sens, autant quand il s'agit de la vie quotidienne des individus, de ce qu'ils enregistrent tous les jours, 365 fois par an, le spécialiste me semble sujet à caution. Soit il confirme le témoignage des sens, auquel cas il est inutile ; soit il l'infirme et il ne peut être alors que dans son tort, car nul spécialiste ne peut avoir raison contre le vécu, l'expérience, de millions de gens surtout s'il ne vit pas leur vie. Le fait que ce n'est pas la terre qui est immobile mais le soleil ne pouvait être connu sans le travail scientifique d'un Copernic ou d'un Galilée car ce phénomène échappe aux sens des individus qui voient de leurs yeux le soleil se lever à l'est, se coucher à l'ouest et sentent la terre immobile sous leurs pieds. En revanche un spécialiste de la société papoue en saura bien plus sur celle-ci que les non Papous mais pas davantage que les Papous eux-mêmes même s'ils le savent différemment. Rien ne me semble plus pernicieux que ce culte du spécialiste de tout et n'importe quoi qui caractérise la modernité. C'est une terrible machine de guerre contre le peuple dont elle discrédite l'expérience, le témoignage et la parole. S'il faut des spécialistes pour faire comprendre au peuple ce qu'il voit et ressent dans sa vie quotidienne, alors c'est qu'il est sérieusement débile et que la démocratie est une erreur. D'ailleurs en Droit n'y a-t-il pas un adage qui affirme que les témoignages concordants venant de personnes nombreuses qui ne se sont pas concertées à l'avance valent preuve? A plus forte raison quand il s'agit du témoignage de dizaine de milliers de personnes sur des dizaines d'années. C'est pourquoi le livre d'Obertone n'a nul besoin de la rigueur du spécialiste puisqu'il confirme ces témoignages. A la limite on pourrait dire qu'il est inutile car, en effet, il n'apporte rien que ce que le vulgum pecus connaissait déjà. S'il paraît néanmoins à ce point nécessaire c'est qu'il fait appréhender une réalité inquiétante interdite d'expression, qu'il la rend audible et lisible même à ceux qui la connaissaient déjà mais qui n'étaient pas autorisés à la dénoncer. 

Intervention à laquelle il faudrait ajouter la réponse qu'elle fait à l'un de ses contradicteurs :

(…) Les individus qui forment un peuple ne sont pas dans une tour d'ivoire ! Ils se fréquentent, se parlent, échangent leurs expériences et leurs impressions. C'est ce qui finit par former ce que l'on appelle les "lieux communs" qui contrairement aux "préjugés" non fiables sont des "postjugés" généralement fiables parce que, précisément, ils sont le résultat de dizaines de milliers d'expériences et d'informations échangées sur des dizaines d'années, puis transmises aux générations suivantes. C'est plutôt l'"élite" qui risque d'avoir des préjugés parce qu'elle est trop peu nombreuse pour pouvoir échanger un nombre suffisant d'expériences surtout si elle vit éloignée du terrain. Seule la propagande peut arriver à discréditer les lieux communs, et souvent elle y arrive. C'est pourquoi il faut, à plus forte raison, prendre ceux-ci au sérieux quand ils lui résistent. Cela dit, les peuples ont aussi des préjugés quand ceux-ci ne concernent pas, non plus, leur expérience directe. En ce qui concerne l'évolution des phénomènes et des situations dans le temps, il est certain que le spécialiste est nécessaire. Encore que, à une époque où les centenaires se multiplient, avec bon pied, bon oeil et bonne mémoire, il est difficile, par exemple, d'affirmer que la société française était aussi violente (voire plus) il y a cinquante ans qu'aujourd'hui. Il est vrai que le mépris dans lequel on tient la vieillesse interdit qu'on entende la parole des "anciens" comme on disait (ce qui avait une autre allure que "troisème âge").
(…)
Le souci de rendre audible une vérité occultée doit certes s'appuyer sur un maximum d'exactitude, nul ne le conteste. Toutefois cette situation que décrit Obertone est vécue depuis trente ans par certaines catégories de la population qui vivaient au contact de l'immigration arabo-africaine. Je me rappelle encore ce témoignage d'un Français encore jeune et bien sous tous rapports qui décrivait le climat dégradé fait de vandalisme, d'insultes, de menaces, que les gens comme lui vivaient déjà dans sa banlieue depuis le regroupement familial. En parlant, cet homme avait la gorge nouée et quasiment les larmes aux yeux, non parce qu'il avait peur ou n'en pouvait plus mais parce que, ayant été élevé dans le culte de la tolérance et de l'antiracisme, ce témoignage qui allait à l'encontre de tout ce qu'on lui avait appris lui coûtait terriblement et n'en n'était, d'ailleurs, que plus poignant. Il n'empêche qu'il avait pu le faire sans que personne ne le traînât dans la boue. C'était, il est vrai, en ... 80, époque où la gauche et son idéologie immigrationniste n'était pas encore au pouvoir ni ne régnait encore de façon absolue sur les esprits. A partir de l'élection de François Mitterrand et de la création de SOS racisme ce genre de témoignage devint impossible. En revanche quantité d'articles et de livres parurent , dont l'emblèmatique "La France raciste" de Michel Vieworka, pour expliquer qu'il n'y avait pas davantage  d'insécurité en France mais seulement un sentiment d'insécurité et sous-entendre que ce sentiment avait pour origine le racisme et la xénophobie des Français "de souche". Et pendant toutes ces années pas un seul Obertone pour demander aux auteurs : "Mais quelles sont vos sources ? Quels sont vos chiffres ? D'où les tenez-vous ?". Pas un seul pour démonter, par exemple, le si facilement démontable et si scandaleux " La France raciste" donné au contraire comme modèle d'enquête sociologique aux étudiants. Cette pléthore d'ouvrages ne se contentait pas de quelques approximations, eux : le plus souvent ils mentaient carrément. Et voilà qu'au bout de tant d'années de mensonges sous toutes les formes, on tombe à bras raccourcis sur le premier livre à rendre compte de la situation que vivent les Français au motif de quelques inexactitudes minuscules dont le nombre d'homicides qui serait en baisse. Le breau scrupule que voilà ! S'ils sont en baisse et même si on ne tient pas compte de l'explication qu'en donne Obertone, laquelle, me paraît pourtant valable, c'est depuis si peu de temps et en si faible proportion par rapport à l'énormité du phénomène que cela ne change rien au constat de l'auteur !