[Tout le rêve se déroule dans une pénombre étrange — étrange parce que les corps sont dans des sortes de cavités phosphorescentes, qu'ils trouent la pénombre.]
Nous sommes au studio à la maison. Ma mère est en train de parler. Elle me montre des papiers, dit qu'elle va mettre ses affaires en ordre, et je comprends qu'elle va « s'acquitter de ses dettes ». S. est là, mais pas dans mon champ de vision. Il doit être dans le hall d'entrée, à trois ou quatre mètres. En tout cas il n'est pas loin et il entend ce que notre mère dit (elle s'adresse plus à lui qu'à moi, d'ailleurs). Je le sens plus que je ne le vois. Sa présence est comme fantomatique. Puis il pénètre dans le studio et il montre à ma mère une sorte de “carte de visite”, un bristol blanc de huit centimètres sur quatre sur lequel est écrit (par ma mère) quelque chose que je ne peux pas lire (je vois un mot souligné deux fois), mais je comprends qu'il lui reproche quelque chose. Il dit quelque chose comme : « C'est ça ? C'est comme ça que tu mets tes affaires en ordre ? » [Je ne parviens pas à me souvenir de ses paroles, je reconstitue comme je peux.] Ou peut-être : « C'est ça. C'est ça que tu me reproches ? » Et là je comprends deux choses simultanément : qu'elle le rétribue pour ce qu'il a fait, et qu'elle lui reproche ce qu'il m'a fait. Elle parle d'Abel et de Caïn.
À partir de là, les choses dérapent et s'accélèrent. S. et notre mère disparaissent de ma vue. Mes paupières se collent, je ne vois plus rien, mais presque immédiatement je comprends qu'il se passe quelque chose de grave, et je me précipite au jardin. C'est entre chien et loup (j'ignore si l'on est tôt le matin ou à la fin du jour, ou bien si c'est ma vue qui ne me permet pas de voir le plein jour). Nous sommes à présent derrière la maison, sur la pelouse qui se trouve au nord, devant la cuisine. Mes paupières se décollent. Je ne vois pas ma mère, mais j'entends toujours mon frère qui parle très agressivement, alors j'appelle le chien qui m'aime (c'est un mélange de Luna et de Salman, mais très gros), et je lui ordonne de se jeter sur mon frère pour le dévorer, en commençant par les parties génitales (c'est ce que je dis). Je ne vois pas ce qui se passe mais je devine, et je vois le gros chien affectueux qui revient vers moi, la gueule pleine de sang. Il ne voulait pas le faire mais il l'a fait pour moi, parce que je le lui ai demandé. Ma mère est plus loin, dans l'ombre, je ne la vois pas, elle a disparu, et je comprends que je ne la verrai plus jamais. [Je me réveille.]
Peu de temps auparavant, dans le même rêve. J'étais à la maison, seul, et j'avais soudain la sensation d'une présence qui m'effrayait. Je sursautais, et le chien, qui était couché sous la table de la cuisine, prenait peur et allait se réfugier dans le hall. Je l'appelais pour le rassurer et lui demander pardon en le caressant et en l'embrassant. Il était si affectueux avec moi que j'en avais les larmes aux yeux.
Encore plus avant dans le rêve. Je me rappelle avoir eu très peur, car j'arrivais dans un endroit et c'était le noir complet. Je me suis cru aveugle un bref instant, avant de comprendre que mes paupières étaient collées. J'ai dû utiliser mes doigts pour pouvoir ouvrir mes yeux.