dimanche 22 novembre 2020

Coco, éloge de la sodomie


« Chez lui, l'obsession presque morale du cul, du con. 
Sa fascination est là et c'est comme un éblouissement. 
Ses divagations, ses systèmes, sa philosophie y reviennent sans cesse,
comme à un centre de l'humanité, l'anneau où passe la succession des générations. » 
(Journal des Goncourt)

Coco est aux chiottes : « Viens là, Salaud ! » (J'étais en train d'écrire, en bas.) Je monte, la porte est ouverte. « Mets ta main là » dit-elle en l'attrapant et en la collant sur sa vulve. Avant même que je touche ses lèvres, je sens un jet chaud qui pointe sur ma paume, je vois le visage de Coco qui se détend, qui s'épanouit, elle est joyeuse. « T'aime ça, hein, mon salaud, ma pisse chaude ! » Ça fume un peu. La salope sait comment me faire bander. Dans la position qui est la mienne, il m'est facile d'enfoncer l'extrémité de mon majeur dans son cul. Cette fille me remplit le cerveau de foutre.

L'autre jour, elle me demande ce qu'elle doit faire de son doigt, quand elle a envie de le fourrer dans le cul d'un mec ! Qu'est-ce que tu veux que je réponde à ça, moi ! « Je me contente de le foutre dedans, mouillé, et de gratter un peu ou tourner », qu'elle me fait ! Coco, il ne s'agit pas de déboucher une bouteille de Kiravi ! Je ne sais même pas si elle se fout de moi ou pas. Travaux pratiques… C'était au soleil, au salon, et j'avais préparé un peu d'huile qui sent bon. Coco est arrivée toute guillerette, elle sortait de son bain, elle avait encore les cheveux mouillés. Elle a viré son peignoir et a grimpé sur la table en me mettant sa jolie foufoune sous le nez au passage, comme de la mousse confite qui sort du fournil. Il doit être à peu près midi. À peine allongée, elle me dit qu'elle a envie de baiser, mais moi je lui dis que non, on n'est pas là pour déconner, genre, retourne-toi sur le ventre. C'est une séance de travail ; faut pas tout mélanger. Alors là elle me demande : « Je peux péter, mon Chou ? » Coco, soyons sérieux deux minutes, tu pouvais pas péter avant ? Et la voilà qui module joliment un coup de trombone ténor — avec glissando — en pleine ascension du Vésuve, de l'air de l'enfant de chœur à grosses joues qui vient de s'enfiler deux choux à la crème en douce dans la sacristie. Je pouffe de rire, mais Coco, sérieuse comme un pape tibétain, installe son popotin en majesté, comme on installe les huiles des derniers instants près d'un mourant, à cinq dizaines de centimètres de mes yeux. Deux fesses adorables, bien blanches et moelleuses, bien rondes, avec une raie comme une muraille de Chine miniature mais à l'envers. Je vois qu'elles frémissent un peu mais je fais celui qui n'a rien vu. C'est pas le moment de se déconcentrer. L'office peut commencer. 

Pour commencer, je lui donne une bonne fessée. Coco aime les fessées. Elle a maintenant les fesses bien rouges. Je me suis appliqué, c'est rouge partout, uniformément. Alors, pour la consoler, et pour atténuer le feu, je la masse gentiment avec de l'huile. J'aime sentir ces fesses qui ont l'air de se trouver bien dans mes mains. Coco n'a pas un gros derrière, je peux avoir chaque moitié dans une main. Avec mon pouce, j'insiste sur les muscles, ça roule, ça s'échappe, je vois qu'elle aime ça, son petit cul commence à ressembler à de la pâte à bugnes, et de voir cette raie qui s'ouvre et se ferme à intervalles réguliers, comme les pages d'un livre, me dévoilant son petit trou qui finit par ressembler à un mot secret caché en une longue phrase nappée, ça me monte à la tête, j'ai chaud, j'ai les yeux qui pèsent dans leurs orbites et ma bite qui se raidit dans mon pantalon. Je ne peux pas résister très longtemps, je me penche vers Coco, j'approche mon visage, je respire fort, j'ouvre son cul en deux, et je lèche doucement son anus, d'abord autour, en cercle, puis, la langue bien à plat, je passe lentement dans toute la raie, jusqu'à ce qu'elle soit bien mouillée. À chaque fois que ma langue entre en contact avec son trou du cul, je sens comme une pointe au cœur et une vibration dans ma queue. Quand je sens qu'elle commence à en avoir envie, j'enfonce le bout de ma langue dans son anus chaud, je l'entends gémir doucement. « Mais tu avais dit le doigt ! » Oui, j'avais dit le doigt, mais on suit son désir, n'est-ce pas, et je trouve qu'il n'existe pas de caresse plus merveilleuse qu'une feuille de rose, quand on désire une femme. Pour la faire patienter, je déboutonne mon pantalon, qui tombe au sol, je change de côté, et je vais présenter ma queue à son visage. Elle commence par renifler, touche le bout de mon gland avec son nez, puis passe sa langue sous ma verge, en remontant des couilles vers le gland, tout en faisant glisser mon slip vers le bas. J'ai remplacé ma langue par mon doigt, que j'ai mouillé en le plongeant dans sa chatte, et je le pose juste sur son anus, sans le bouger. Elle a gémi. Je sens la chaleur de son cul, au bout de mon doigt. 37°, ce n'est pas rien. Coco me lèche le gland, je sens une pointe de glace qui me remonte le long de la colonne vertébrale, ça brûle paradoxalement. Elle tourne autour, puis s'arrête. Mon doigt commence à s'enfoncer dans son cul, je sens ses sphincters qui se serrent, puis se détendent, je vais plus loin, et elle me gobe le gland, puis toute la queue. « Ne t'arrête pas ! » Mon doigt est enfoncé jusqu' à la deuxième phalange. Je presse un peu les bords, vers le ventre, je me fais une place, je le ressors, Coco se contracte : « Pourquoi tu l'enlèves ? » Je fais comme toi avec tes commentaires. Elle rit et pousse ses fesses vers moi : « Mets-le moi, mets-le moi encore ! Encule-moi avec ton doigt ! » Et en disant ça, elle a saisit ma queue dans ma main, et me serre très fort. Je regarde cette petite main sur ma queue, ça me plaît , du fer chaud me coule dans les veines, et j'ai de la glace sous la plante des pieds, j'ai remis mon doigt, après l'avoir reniflé, dans son cul, et je pousse jusqu'à ce qu'il disparaisse, j'ai la paume de la main collée à sa fesse, Coco me branle, j'ai envie de l'enculer, d'y mettre mon sexe, mais elle me dit : « Vas-y, bouge ton doigt, fouille, ouvre-moi, prends mon cul ! » et elle prend toute ma queue dans sa bouche. Si elle continue comme ça, je vais tout lui envoyer au fond de la gorge. Coco est une adorable salope. 

Coco me demande « Pourquoi êtes-vous si obsédés par l'enculage, vous, les hommes ? » C'est une question intéressante ! J'aime que Coco se la pose. Pourquoi le cul ? Pourquoi le trou du cul, alors qu'il y a tout ce qu'il faut juste à côté ? « Derrière d'abord ! », comme disait l'autre… Voilà une jolie dissertation à écrire. Non, elle a raison, Coco, cette question est fondamentale, et mérite qu'on ne la laisse pas aux journaux féminins. C'est une question littéraire avant tout. Commençons par bien séparer les choses. L'enculage hétéro n'a rien à voir avec l'enculage homo. Les pauvres homos n'ont que ce trou-là à se mettre sous la bite. Le fait qu'une femme en ait deux, de trous, et côte à côte, encore, est miraculeux. L'hétéro est libre ! De baiser ou de sodomiser. L'homo n'a pas le choix. Voilà ce que je commence par dire. 

« La poésie est le chant du signifié. » écrit Jean Cohen. L'anus est au vagin ce que la poésie est à la prose. J'aime la prose, hein, ne croyez pas que je la déprécie, en écrivant cela. Mais enfin, il me paraît évident qu'enculer une femme est sexuellement un acte du second degré. L'homme qui sodomise est d'abord excité par l'écart, par la déviation, par l'anamorphose, c'est pourquoi ceux qui prétendent qu'on aime ça parce que le rectum est plus étroit que le vagin sont des crétins. On pourrait aussi bien se mettre la bite dans un étau en considérant que c'est bien supérieur au coït… Plus on se représente les actions sexuelles plus elles ont de puissance érotique, c'est bien évident. Plus on « lit » les actes sexuels, plus on les ralentit en esprit (ou en fait), plus ils procurent de plaisir. Une sodomie est une repénétration, c'est comme si l'on y revenait, comme si l'on redoublait l'acte sexuel. «Tu en veux encore ? » C'est le encore qui fait sens. Le vagin, la bouche, l'anus. On bouche tous les trous. On est partout. Toutes les femmes ont ce fantasme, à un moment ou un autre, de leur vie sexuelle : « être prises de partout ». Être comblées, au sens premier. Bon, il est possible que je sois un traumatisé du « encore ! ». Mais ce mot me semble, depuis mes dix-sept ans, le mot par excellence de la jouissance sexuelle. (Ici, il faudrait que je raconte ma scène primitive du « encore ! », mais ce sera pour une autre fois.) 

Revenons à l'homme qui encule une femme. De la queue, on sait ce qu'il en sort : soit du sperme, soit de l'urine. Quand on écrit, on ne sait jamais ce qui va en sortir. De l'or ou de la merde, de la poésie ou de la prose, du lourd ou du léger, du sombre ou du clair, des phrases longues et fluides ou des propositions sèches et raides. Le vagin est très riche, dans ce qu'il propose, en terme de fluides, de manifestations de toute sorte, il a à sa disposition une palette d'expressions énorme. La mouille, l'urine, les odeurs, les formes changeantes, et, on le sait depuis peu, l'éjaculat, à quoi il faudrait ajouter, pour être complet, les sécrétions normales et pathologiques. La vulve est un monde, si on la considère dans sa globalité : vagin, grandes lèvres, petites lèvres, méat urinaire, utérus, replis des parois, pubis, poils, clitoris, on n'en finirait pas d'observer et de décrire tous ses coins et recoins fascinants. L'anus, lui, est beaucoup plus simple, voire aride. C'est le nouveau roman, comparé à Chateaubriand. Il est austère, quand la chatte est généreuse et baroque, ou romantique. Mais c'est précisément cette austérité, ce côté presque rebutant, qui le rend si désirable. On a tellement chanté les louanges du sexe féminin, de cette figue, de cette mandorle, de cet instrument divin et lyrique, on en a tellement fait un acteur incontournable du désir et de la jouissance qu'il a fini par prendre l'aspect de ces dames de la Cour, au XVIIIe siècle, de leurs robes trop chatoyantes, trop riches, trop compliquées, absurdement sophistiquées, le passage de la foufoune au trou de balle, c'est le passage de Strauss ou Bruckner à Webern. Il fallait dégraisser ; mais on aime les deux musiques.

L'homme qui encule une femme jouit doublement. Il jouit de la pénétration, et il jouit du cul, il jouit de la femme qui donne son cul, de la femme qui a surmonté sa peur de la sodomie, qui peut faire mal, qui peut engendrer des désordres et des désagréments, qui peut l'humilier. La femme qui donne son cul donne son cul, mais elle fait beaucoup plus que ça. Elle donne aussi une partie d'elle qui peut la blesser, qui peut la gêner, qui peut la ridiculiser, même. Il faut avoir envie d'être à la merci de l'autre, il faut supporter son regard. C'est extrêmement touchant, et même bouleversant. La femme qui se fait enculer n'est plus une femme en majesté. L'homme le sait, et le fait qu'il le sache redouble encore dans l'esprit de la femme la qualité de son don. C'est la qualité de ce don qui donne tout son prix à l'anus. Ce n'est pas un hasard si, en français, on dit qu'on parle « de cul » quand on parle de sexe. Le cul d'une femme, c'est tout à la fois ses hanches, ses fesses, son sexe, son pubis ; et au fond de cette constellation, se cache l'astre noir, l'anus — il en fait partie, mais il est comme un élément étranger au système : un trou noir. « Toi qui entre ici… » Quand on dit « cul », en français, on ne sait jamais de quoi on parle exactement. Et c'est cette ambiguïté qui confère à ce mot une puissance poético-érotique de premier plan. C'est pourquoi je disais en commençant que l'enculage est un plaisir littéraire. 

Étrangement, quand j'avais vingt ans, la sodomie me dégoutait. Ce goût m'est venu sur le tard. Je crois que je devais avoir vingt-cinq ans, quand j'ai enculé une femme pour la première fois. J'ai encore la voix de celle-ci dans l'oreille, me disant : « Tu aimes ça, être dans mon cul, hein ! » Je ne sais plus ce qui m'a décidé à tenter l'aventure, mais je me rappelle encore la fascination qui était la mienne quand je voyais, à la dérobée, son anus brun étoilé dépasser de la culotte de coton blanc. Autant je passais du temps à observer amoureusement sa chatte, autant je ne m'attardais jamais, avant ça, sur son trou du cul. Mais j'avais fini par mettre à cet endroit précis tout mon désir de jeune mâle amoureux. Il y a eu un déport, un déplacement. Et puis il y eut ce : « Tu aimes ça, être dans mon cul, hein ! » qui a tout changé. Oh, oui, j'aimais ça, et je pouvais enfin y être, et lui avouer. Il est indéniable que ma sexualité a changé, à ce moment-là. Je ne me le disais pas ainsi, mais je pouvais enfin faire l'amour à cette femme d'une manière complète, sans avoir peur d'une part d'elle, ou sans l'ignorer. On envisage les femmes très différemment, lorsqu'on s'y enfonce de pile et de face. Et puis, n'oublions pas que l'anus est l'extrémité reliée à la bouche, alors que le vagin, lui, ne communique avec rien d'autre que lui-même. L'anus est donc relié à la parole, et donc au discours, on l'oublie. 

Je ne peux pas passer sous silence la question de l'odeur. L'odeur est très importante, ici aussi. Je me rappelle qu'au début de ce siècle, à Rumilly, R. m'avait dit, après que nous avions passé une merveilleuse après-midi au lit : « Ça sent le cul, mon amour ! » Et moi de comprendre bêtement que ça sentait le sexe, ce qui me semblait normal puisque nous venions de longuement faire l'amour. Non, ce n'est pas ce qu'elle voulait dire, je l'ai compris après : c'est bien le cul, que ça sentait — elle n'employait pas une métonymie, comme je l'avais cru. L'odeur de cul se distingue-t-elle de l'odeur de sexe ? Cette question n'est pas simple, mais je crois qu'on peut tout de même y répondre affirmativement. Les odeurs de sexe et les odeurs de cul sont le plus souvent tellement liées qu'on a du mal à les distinguer. Alors comment ça sent, le cul ? C'est justement parce que c'est difficile à décrire qu'on doit essayer. La première idée qui vient à l'esprit, bien sûr, étant donnée la fonction excrémentielle, est que ça sent la merde. Ce n'est pas le cas, fort heureusement. Si la digestion est normale et si l'intestin est en bonne santé, le rectum est propre. L'odeur d'un cul peut être agréable. Mélange de pâte crue, de sueur, de chair chauffée, de terre sucrée, de café brûlé, parfois de cacao, et d'X. Je ne sais pas quelle est cette odeur que j'appelle X. Je sais seulement qu'elle est là, et qu'elle est l'odeur la plus intime de la femme (ou de l'homme) en question, l'odeur la plus irréductible et singulière, celle qui fait qu'il se reconnaît lui-même, et peut-être même qu'il se supporte. Un être humain normalement constitué aime l'odeur de son propre cul. N'oublions pas pour autant qu'étant donnée la proximité des organes génitaux, et le dogme moderne de la culotte, qui réunit en son sein les deux parties, les y fait macérer toute la journée, les odeurs sexuelles et les odeurs de cul ont un territoire commun, sans doute indiscernable. Et cette impossibilité de discerner aisément les deux familles d'odeur leur confère indéniablement un charme particulier. On n'est pas sûr… On est sur une frontière… L'une est la métaphore de l'autre, peut-être… 

Mais je sais bien que je ne réponds pas vraiment à la question de Coco. Elle, elle voudrait savoir ce que ça fait. Ce qu'on sent, quand on enfonce sa queue, ou son doigt, dans le cul d'une femme. Ce qu'elle n'a pas l'air de comprendre, Coco, ou ce qu'elle fait semblant de ne pas comprendre, c'est qu'on sent ce qu'on désire. Si l'on sentait ce qu'on sent, on n'aurait aucun plaisir. L'enculage, c'est la fulminance du désir. Mais la voici qui est en train de lire par-dessus mon épaule. Je te prête mon cul, Coco, je le te prête bien volontiers, si tu veux y faire des expériences. Tu peux rire, tu peux pouffer, tu peux même fermer les yeux, mais moi je n'ai qu'une envie, ici et maintenant, c'est de t'enculer, de la langue, du doigt et de la queue, de sentir mon membre plongé en tes ténèbres, rougi par le feu de ton cul, porté à incandescence par ton rectum, alors que je mordrai ta nuque et te dirai de l'ordure fulminée. J'aime t'enculer, Coco, à cause du mot enculer, j'aime t'enculer parce que je sais que toi aussi tu entends la sonorité de ce mot, enculer, qui perfore la tripe mentale. L'anus et la bouche sont liés par un pacte biologique qui a fait son nid très profondément en notre esprit. L'enculage, c'est d'abord un verbe, une phrase, une idée, une pensée, que les femmes portent à leur fondement comme les hommes leur bandaison.