jeudi 17 septembre 2020

Deux poèmes de Vincent Castagno


Tu rugissais alors qu'éternuait la vague

matou dépenaillé qui au gin des tonics

as soigné ta jeunesse


À Nice et Saint-Jean-Cap-Ferrat

où derrière une crique je garais ma Peugeot

les palmiers tendaient leurs cous de girafe

et tu allais cul nul te baigner dans la mer


Je me souviens de tout


Les essaims de soleil dans le bleu des trompettes d'août


derrière la barricade des genoux

tes cuisses

deux faons sous le coton blanc de la jupe

(venez, petits !)

et que le vent repeigne


et vous ces tétons malicieux

donnant les directions contraires


Je me souviens

Et je coule en cette eau rouillée



***



Nous n'allons pas vivre et tout est foutu.

C'est pourquoi l'après-midi nous allons cueillir des coquelicots sur les pelouses,

nous achetons des plats surgelés

ou nous montons parfois,

quand le Soleil s'épanouit,

sur le toit des autobus et des maisons

pour nous suicider.


Nous n'allons pas vivre,

mais nous avons de beaux souliers que nous savons lacer.

Ils nous font les pieds jolis

quand nous marchons au milieu des vélos

qu'un camion va renverser.


Nous mangeons de gros gâteaux,

mais nous n'allons pas vivre

— il est trop tard, il est tôt.


Les mamans et les oiseaux vont beaucoup pleurer

car nous n'allons pas vivre.

La police vient nous chercher.

Il est trop tôt, il est trop tard.