Nue, la vérité est invisible. C'est ce qu'on accroche à la vérité, ce dont on l'habille, qui la rend visible.
Nue, la vérité est invisible. Il faut l'habiller d'un peu d'habitude, la tremper dans la sottise, et la laisser sécher à l'air du temps, si l'on veut qu'elle soit aperçue.
Nue, la vérité est invisible. Elle laisse passer les rayons de l'intelligence, sans les arrêter. L'intelligence a besoin d'obstacles, pour commencer à sentir — sans eux, elle est aveugle.
Nue, la vérité est invisible. Elle ne devient sensible, par contraste, que par les frontières qu'elle impose de fait à ce qui n'est pas elle.
Nue, la vérité est invisible. Même les mots qui ont accompagné sa venue ne sont pas toujours capables de la reconnaître quand elle reparaît devant eux.