Elle arrive vers quatre heures de l'après-midi, avec son violoncelle dans sa boîte noire. Il fait très chaud. Dans la petite chambre de bonne, au sixième, elle se déshabille et s'allonge, nue, sur le lit. Elle a transpiré. Il lui écarte un peu les jambes, elle se laisse faire. Émerveillé, il contemple son sexe, charnu, humide. Splendeur ! Elle ne dit rien, elle a les yeux fermés. Puis elle lui demande un verre d'eau. Il va à la cuisine, séparée de la chambre par un étroit couloir, et quand il revient, elle semble dormir, la main gauche posée sur son pubis. Il pose le verre d'eau près du lit, et repart à la cuisine fumer une cigarette et écrire un peu.
On entend les cinq premières notes de la sarabande de la suite en ut mineur, puis un silence qui se prolonge. Il pose son stylo sur le cahier, et se dirige sans bruit vers la chambre. Elle est assise sur le lit, toujours nue et, quand il referme la porte derrière lui, elle reprend la sarabande au commencement : c'est pour lui qu'elle joue. Il s'est mis sur le lit, derrière elle, après avoir ôté son pantalon, et a collé son sexe bandé contre son dos. Ça sent le feu et la sueur. À la reprise, elle joue un peu plus fort. Les notes graves sont plus profondes, il les sent qui résonnent dans son ventre, il voit le sang qui bat lentement dans sa queue, il entend Sarah qui respire de plus en plus fort. Quand elle pose l'archet, il s'aperçoit qu'elle pleure. Il l'entoure de ses bras, les larmes coulent sur ses avant-bras, elle se met à sangloter. Ils restent longtemps, comme ça, sans bouger. Elle s'est arrêtée de pleurer. Il n'y a plus un bruit dans la chambre.