lundi 30 avril 2018

Le chien



Je vole. 

Sous moi, à quelques mètres, un chien. Il court et fait des bonds pour m'attraper. Je tiens à la main un verre d'eau, ou ce qui ressemble à un verre d'eau, dont le ballon serait à l'envers. Le chien saute de plus en plus haut, parfois il me frôle, je sens ses crocs tout près de mes jambes. Notre étrange attelage parcourt ainsi des dizaines de kilomètres. Le paysage, très accidenté est fait de roches nues, sans végétation, tranchantes. Quand le chien me menace trop, je survole des pentes vertigineuses. Lorsqu'il retombe de ses bonds, il dégringole le long de ces versants accidentés, et je pense à chaque fois qu'il ne s'en relèvera pas ; mais il est toujours là. Il saute de plus en plus haut. Je dois surveiller mon altitude, faire des efforts intenses pour ne pas descendre trop bas. Rien ne l'arrête, ni la fatigue, ni les chutes brutales au fond des ravins où il aurait dû se rompre le cou. Il n'aboie pas, ou je ne l'entends pas. Je n'entends rien : ni le bruit du vent, ni la course du chien, ni le son de mon cœur qui bat à tout rompre. Nous avons parcouru des centaines de kilomètres et il est toujours là, infatigable. Sa détermination est inébranlable ; je comprends qu'il ne se lassera pas de me poursuivre, qu'il n'abandonnera jamais. Sur le verre (le ballon est en verre plein, la surface est plane) que je tiens à la main ne restent plus que quelques goutes d'eau. Je vais me fatiguer plus vite que le chien…