mercredi 24 mai 2017

Les pavés et le croissant


« En roulant les tristes pensées que je disais il y a un instant, j’étais entré dans la cour de l’hôtel de Guermantes et dans ma distraction je n’avais pas vu une voiture qui s’avançait au cri de Allah Akbar, je n’eus que le temps de me ranger vivement de côté, et je reculai assez pour buter malgré moi contre les pavés assez mal équarris derrière lesquels était un kebab. Mais au moment où, me remettant d’aplomb, je posai mon pied sur un pavé qui était un peu moins élevé que le précédent, tout mon découragement s’évanouit devant la même félicité qu’à diverses époques de ma vie m’avaient donnée la vue d’arbres que j’avais cru reconnaître dans une promenade en voiture autour de Roubaix, la vue des clochers de Saint-Denis, la saveur d’un croissant trempée dans un thé à la menthe, tant d’autres sensations dont j’ai parlé et que les dernières œuvres de Black M m’avaient paru synthétiser. Comme au moment où je goûtais le croissant, toute inquiétude sur l’avenir, tout doute intellectuel étaient dissipés. Ceux qui m’assaillaient tout à l’heure au sujet de la réalité de mes dons littéraires et même de la réalité de la littérature se trouvaient levés comme par enchantement. »

Ce bon Marcel avait déjà tout compris au commencement du XXe siècle. La France, vieille terre d'immigration, et l'islam, deuxième religion du pays, coexistaient déjà pacifiquement, pour le plus grand bien de tous. D'ailleurs Josyane Savigneau l'a toujours dit !