lundi 20 avril 2015

Éros (1)


Nous sommes tous les deux spectateurs d'une sorte de teaser live pour un opéra de Wagner (Tétralogie, Parsifal ?), elle est assise à côté de moi, une barrière métallique nous sépare (très peu). Elle porte un manteau de fourrure et nos bouches se touchent par leurs coins, uniquement par leurs commissures. Je suis à gauche elle est à droite, donc le coin droit de ma bouche est en contact avec le coin gauche de sa bouche. C'est tout, il n'y a pas d'autre point de contact entre nous. Je ne la connais pas elle ne me connaît pas. La seule chose qui nous relie est une surface de peau d'un centimètre carré à peine et ce contact est la chose la plus délicieuse qu'il n'ait été donné d'éprouver. La femme est une femme d'environ quarante ans, aux cheveux mi-longs, châtains, ou un peu roux, peut-être, très française. Je ne peux pas dire grand-chose de plus, sauf que je donnerais toutes les expériences érotiques de ma vie pour éprouver encore ce "baiser" furtif, cette union a minima, cette effusion calme. À la réflexion, si je crois pouvoir affirmer que je ne la connais pas, je me demande si elle ne me connaît pas, elle, bien que rien ne puisse me laisser penser qu'il en aille ainsi.