samedi 21 septembre 2024

C'est l'automne !

 

— Je ne veux pas.

— Mais pourquoi, enfin ?

— Parce que, c'est comme ça.

— Mais c'est ridicule !

— Peut-être, mais je ne veux pas. 

— Tu vas le regretter…

— Non. 

— Mais si, bien sûr, tu vas le regretter… Je suis sûr que tu ne sais même pas pourquoi tu ne veux pas…

— Peu importe. Je ne veux pas, c'est tout.

— C'que tu peux être pénible, franchement !

— Je ne vois pas du tout pourquoi je devrais vouloir…

— Ni pourquoi tu ne veux pas…

— Ne t'en fais pas pour moi.

— Mais, au fait… Qu'est-ce que tu ne veux pas ?

— Je ne sais pas, mais je ne veux pas.

— Tu ne veux pas savoir ce que tu ne veux pas.

— Et je ne veux pas ce que je ne veux pas savoir. 

— Tout va bien, donc.

— En quelque sorte, oui, tout va bien. Mais je ne veux pas le savoir.

— Savoir que tout va bien impliquerait une dégradation ?

— Et comment ! La science nouvelle ne peut exister que dans l'ignorance et le refus.

— Quelle science ? Et pourquoi nouvelle ?

— La science de l'amour, qui est toujours nouvelle.

— Inconcevable ?

— Solitaire et chic.

— Mais c'est une contradiction. L'amour ne peut se concevoir dans la solitude !

— Quelle erreur ! 

— « Le chic, c'est le pied-de-poule, et de pouvoir dire : “Non, Madame.” »

— Voilà.

— Tu ne veux pas alors que tu pourrais. 

— Parce qu'elle cesse d'exister si je ne la contredis pas.

— Et ainsi tu passes à côté de ta vie…

— Passer à côté de ma vie, c'est vivre. C'est seulement sur les côtés, que ma vie est intéressante.

— Tu remplis les marges et tu laisses la page vide.

— La marge a pris tellement d'importance que la page a été engloutie. 

— Personne ne comprendra.

— C'est le but. 

— Je ne comprends pas.

— Tu ne veux pas.

— Non. 

— Tu vois. Tu es comme moi. 

— …

— Oui, Monsieur. 

— Tu vas décrocher ?

— Non.

— Va chier.