Nous sommes tous pareils. Dès que nous prenons une benzodiazépine, le bénéfice est immédiat, et semble miraculeux. Impossible de ne pas succomber au charme de ce poison. Seulement, ça ne dure pas. Et au bout de quelques semaines, le problème s'est dédoublé. Il s'agissait d'un mirage.
Alors que notre mal avait une cause physiologique, on a réussi à nous faire croire qu'il était d'ordre "psychosomatique" (c'est tellement pratique !). Comme la benzodiazépine fait du bien, spectaculairement, elle semble une réponse adaptée. C'est une double impasse. Premièrement, cette molécule ne sert à rien, concernant le "mal" dont nous sommes atteint, et deuxièmement, elle va créer un autre mal dont il sera difficile de se défaire, et qui s'ajoutera au premier, quand celui-ci aura recouvré ses forces, c'est-à-dire lorsqu'il sera à nouveau audible, masqué qu'il était un temps par l'anxiolytique.
Comment ne pas croire au succès d'une médication qui soulage ? C'est un vrai problème. Toute la médecine occidentale moderne est basée sur la réponse (rapide) au symptôme. Les symptômes nous sont devenus intolérables et la médecine moderne n'a d'autres ambitions que de les faire disparaître. Une fois le symptôme étouffé, rendu muet, nous nous considérons comme guéris, ou, pire, en bonne santé. Mais la peur de la "maladie" a engendré un nouveau bond vicieux. Après avoir rendu muets les signes que notre corps nous adresse pour nous faire comprendre ce qui se passe en nous quand il se défend et quand il se répare, nous avons franchi une nouvelle étape avec ce qu'on nomme la vaccination : il s'agit maintenant de ne plus tomber malade.
Les benzodiazépines auront été l'un des symptômes les plus flagrants de la stratégie fallacieuse de la médecine moderne, mais la vaccination est un leurre bien plus grave et bien plus profond. On pourrait voir entre eux un lien de sang : l'évitement de la douleur ou de la peine (qui se dit aussi "le mal"). Si la douleur n'existait pas, il faudrait l'inventer de toute urgence, et l'on peut donc dire la même chose de la “maladie”. Sans mal, sans douleur, sans maladie (mais ce vocable mériterait d'être redéfini), nous ne savons rien ce ce que la vie fait en nous — car la vie parle. Tout ce que sait faire la médecine occidentale moderne, désormais, c'est de la faire taire à coups de bâtons. La seule espérance qu'elle a, c'est de remplacer la vie par autre chose que la vie. Au lieu de réparer, elle change (comme lorsqu'on vous dit qu'on vous échange un ustensile, plutôt que de le réparer ; c'est le même principe). Il est dommage qu'un Renaud Camus ne voit pas le Remplacisme à l'œuvre ici, quand il le voit parfaitement partout ailleurs. Le transhumanisme qui se profile est la version paresseuse de la vie vivante, contrairement à ce qu'on nous somme de penser. Les néo-humains ne seront pas augmentés, malgré leurs prothèses, ils seront sous le regard et la contrainte des machines, à la fois diminués et aliénés.