mercredi 29 août 2018

La Vacance de M. Hublot



Béa Salami : Y a eu un moment de radio… sans doute pour moi le moment de radio le plus fort que j'ai vécu, même en télévision, je veux dire, c'est-à-dire le moment de la surprise : le truc n'est pas verrouillé, c'est totalement sincère. Vous avez un homme qui dit, sincèrement : je peux pas continuer, je suis trop seul, je n'y arrive pas. 

Nicolo Demeuré : Je me demande d'ailleurs si c'est pas unique à la radio en tout cas, une démission… J'ai pas regardé… Moi en tout cas je n'en ai pas le souvenir, d'une démission de cette nature, faite avec une telle sincérité, et qui montre bien la puissance du direct également, l'agilité de la radio, pour pouvoir…

Béa Salami : C'était un moment de grâce ! C'était un moment unique !

Nicolo Demeuré : J'ai senti, dès le début de l'entretien avec Nicolas Hublot, que ce serait une interview particulière, parce que la première question portait sur l'été catastrophique sur le plan agressions, égorgements, assassinats, provocations, violence, problèmes de cohabitation, des records d'agressions… 

Béa Salami : Tout à fait. Tout le monde pense aux années 90 en Algérie… Tout le monde !

Nicolo Demeuré : La question était : Nicolas Hublot, pouvez-vous m'expliquer, rationnellement, pourquoi ce n'est pas la mobilisation générale ! Et il a répondu, de manière extrêmement sincère, non, je ne peux pas vous répondre, rationnellement, pourquoi ce n'est pas la mobilisation générale. Et dans ces moments-là, on se dit : tiens, à une question simple, une réponse directe… il se passe quelque chose !

Béa Salami : C'est vrai qu'on avait senti quelque chose de particulier, de différent, une colère froide ; il était en colère, mais à aucun moment, à aucun moment on a senti qu'il allait nous annoncer sa démission. Nous on l'avait invité parce qu'il y avait l'histoire des chasseurs la veille. Pour vous dire la vérité, la question : est-ce que vous restez, est-ce que vous êtes toujours utile, on allait la poser, on savait qu'on allait la poser à la fin de l'interview et on pensait qu'il allait nous dire oui mais je reste utile, etc. Pas une seconde on a imaginé ça ! Et on décide de remonter la question parce qu'on sent qu'il y a un tel moment de sincérité, on voit un Nicolas Hublot qui est au bord des larmes, sa voix est sourde…

Nicolo Demeuré : Son visage est fermé…

Béa Salami : Son visage est fermé, c'est pas du tout le Nicolas Hublot qu'on connaît d'habitude, et c'est vrai qu'on monte la question avant même de rentrer dans tous les… les questions chasse, agressions, armements, auto-défense, comités de vigilance, et tout ce qu'on s'était réparti. Et là, quelle ne fut pas notre surprise, – et d'ailleurs ça s'entend, moi je pose la question, je crois que je dis : « Mais vous êtes sérieux ? » – quelle ne fut pas notre surprise quand il dit : « J'ai décidé de démissionner », avec une voix grave ! Il n'avait pas prévenu son épouse, il n'avait pas prévenu le président de la République, il n'avait pas prévenu le Premier ministre, et moi je peux vous dire que juste avant d'entrer en studio, je discute avec son assistant, son bras droit, et je lui dis : mais enfin, il m'a l'air très en colère, il me dit, mais non, ça ira, il sait ce qu'il fait, vous savez, on obtient des choses, on avance petit à petit, donc même son assistant il ne lui avait pas dit cinq minutes avant…

Nicolo Demeuré : J'ai l'impression, je n'en sais rien, mais que là il va disparaître, en tout cas, là il nous l'a dit, et que c'est l'interview testament, en tout cas de cette partie de sa vie politique. 

Béa Salami : Je sais pas… Mais ce qui est sûr, et c'est très important, et même fondamental, est que Nicolas Hublot restera dans l'histoire comme le ministre qui a démissionné parce qu'il n'était pas fait mention du Grand Remplacement et de ses conséquences catastrophiques, pour le pays.

Nicolo Demeuré : Absolument ! Vous comprenez, nous, les journalistes, ça fait des années et des années qu'on essaie d'alerter les politiques à ce sujet, qu'on remue ciel et terre, par exemple, pour donner la parole à Renaud Camus, à Christine Tasin, à Millet, enfin à toutes les grandes consciences qui se dressent comme elles peuvent contre cet état de fait, mais…

Béa Salami : … mais y a rien, quoi, y a rien, et c'est désespérant. Le silence, le black-out total, le Grand Silence ! Alors quand on a compris que Nicolas Hublot en avait gros sur la patate parce qu'il ne pouvait rien faire, on a été, hein, Nicolo, on a été bouleversés, quoi. 

Nicolo Demeuré : En tout cas, je crois qu'il faut véritablement prendre date, si j'ose dire, avec ce qui s'est passé ce matin. Je crois vraiment qu'on a passé un cap, là. On peut parler d'histoire, avec un grand H.

Béa Salami : Tout à fait. On a eu la sensation de faire notre job, et ça, je veux dire, c'est juste énorme.

Nicolo Demeuré : Rationnellement, il n'a pas pu.